Volume 8, numéro 1, juin 2009 Usages « néo-traditionnels » des drogues : perspectives socio-anthropologiques Sous la direction de Marc Perreault
Sommaire (7 articles)
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Mot de présentation
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Rites, marges et usages des drogues : représentations sociales et normativité contextuelle
Marc Perreault
p. 11–55
RésuméFR :
L’article se penche sur les représentations et les statuts des usages néo-traditionnels des psychotropes. Il aborde dans un premier temps les contextes et les fonctions des usages dits traditionnels en insistant sur les facteurs qui contribuent à leur normalisation et à leur transformation. Parmi ces facteurs sont examinées de plus près les dimensions marginales et identitaires des usages dans leurs rapports dynamiques avec le groupe d’appartenance et la société englobante. L’exemple du chamanisme et du néo-chamanisme est ensuite étudié afin d’illustrer la mouvance des traditions et la difficulté à distinguer l’ancien du nouveau, l’indigène de l’exogène, lorsqu’il s’agit de les légitimer tant sur le plan social et culturel qu’auprès de leurs adeptes. Il s’en dégage une multiplicité de façons de concevoir les pratiques néo-traditionnelles selon leur intégration, leur tolérance et leurs statuts normatifs dans la société. L’article se termine en soulignant l’importance des rôles joués par les intellectuels et les « auteurs-guides » dans la construction des représentations, le processus de normalisation et la promotion des usages néo-traditionnels des psychotropes.
EN :
This article focuses on the models and statuses of neo-traditional uses of psychotropic agents. It begins by examining the contexts and functions of so-called traditional uses, emphasizing the factors which contribute to their normalization and transformation. Among these factors, the marginal and identificatory dimensions of uses are examined in their dynamic relations with the membership group and surrounding society. The example of shamanism and neo-shamanism is then studied to illustrate the shift in traditions and the difficulty in distinguishing the old from the new, the indigenous from the exogenous, when it involves legitimizing these uses on the social and cultural level as well as among their proponents. The examination reveals a wide range of ways of conceiving neo-traditional practices depending on their integration, tolerance and normative status in society. The article closes by emphasizing the importance of the roles played by intellectuals and “author-guides” in constructing models, the normalization process and the promotion of neo-traditional uses of psychotropic agents.
ES :
El artículo se refiere a las representaciones y el estatuto de los usos neotradicionales de los psicofármacos. Aborda en primer lugar los contextos y las funciones de los usos llamados tradicionales, insistiendo en los factores que contribuyen a su normalización y a su transformación. Entre estos factores se examinan con más detenimiento las dimensiones marginales e identitarias de los usos en sus relaciones dinámicas con el grupo de pertenencia y la sociedad que los engloba. Se analiza luego el ejemplo del chamanismo y del neochamanismo con el fin de ilustrar el cambio en las tradiciones y la dificultad de distinguir lo antiguo de lo nuevo, lo indígena de lo exógeno, cuando se trata de legitimarlos tanto en el plano social y cultural como entre sus adeptos. Se desprenden del análisis una multiplicidad de maneras de concebir las prácticas neotradicionales según su integración, su tolerancia y su estatuto normativo en la sociedad. El artículo concluye destacando la importancia del papel que juegan los intelectuales y los “autores-guía” en el desarrollo de las representaciones, el proceso de normalización y la promoción de los usos neotradicionales de los psicofármacos.
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Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes parmi les Shipibo-Conibo de l’Amazonie occidentale
Anne-Marie Colpron
p. 57–91
RésuméFR :
L’idée de soigner par l’intermédiaire d’un psychotrope semble, pour un observateur occidental, inconcevable. Cette pratique s’observe néanmoins auprès de la population indigène shipibo-conibo en Amazonie occidentale et s’explique par leur cosmologie particulière. Ainsi, la plupart des entités du milieu (arbres, cours d’eau, astres) sont considérées comme des microcosmes, abritant des populations singulières aux connaissances spécifiques, comme la faculté de guérir. Dans un passé mythique, les Shipibo-Conibo pouvaient interagir avec ces êtres et bénéficier de leurs expertises, mais de nos jours, ils n’arrivent qu’à les entrevoir, notamment lors de rêves. Seuls les chamanes savent comment provoquer ces rencontres par l’ingestion d’une liane hallucinogène (ayahuasca) lors de contextes rituels : ce psychotrope étant jugé dangereux, son usage fait l’objet d’une initiation et de prescriptions strictes. Véhicule privilégié dans les médiations chamaniques, l’ayahuasca permet d’actualiser les alliances avec les êtres de la forêt, et par leur entremise, les chamanes peuvent alors répondre aux besoins des membres de leur communauté. En détaillant les discours de chamanes shipibo-conibo, leur apprentissage et leurs pratiques chamaniques, cet article expose une utilisation pratique et régulée de psychotrope en contexte indigène et démontre comment les Shipibo-Conibo ne considèrent pas le chamanisme comme une pratique ésotérique marginale – idée courante en Occident – mais plutôt comme une institution en continuité avec un ensemble de pratiques sociales.
EN :
For a Western observer, the idea of using a psychotropic drug to treat someone is inconceivable. This practice is nevertheless observed among the Shipibo-Conibo indigenous population in Western Amazonia and is explained by their particular cosmology. Most of the entities in the environment (trees, waterways, heavenly bodies) are considered as microcosms, populated by unique beings with specific knowledge such as the faculty of healing. In a mythical past, the Shipibo-Conibo could interact with these beings and benefit from their expertise, but today, they only catch sight of them in dreams. Only the shamans know how to create these meetings by ingesting a hallucinogenic vine (ayahuasca) during rituals: since this psychotropic agent is considered to be dangerous, its use is subject to an initiation and strict limitations. A privileged vehicle in shamanic mediations, the ayahuasca allows alliances to be formed with the beings in their forest and, through them, the shamans can then respond to the needs of the members of their community. By detailing the discourse of the Shipibo-Conibo shamans, their shamanic learning and practices, this article describes a practical and regulated use of psychotropic drugs in an indigenous context and demonstrates how the Shipibo-Conibo do not consider shamanism as a marginal esoteric practice – common concept in the West – but rather as an institution in continuity with all social practices.
ES :
La idea de curar por intermedio de un psicofármaco parece inconcebible para un observador occidental. Sin embargo, esta práctica se observa en la población indígena shipibo-conibo de Amazonia occidental y se explica a través de su cosmología particular, que considera a la mayor parte de las entidades del medio (árboles, cursos de agua, astros) como microcosmos, que albergan poblaciones singulares con conocimientos específicos, como la facultad de curar. En un pasado mítico, los shipibo-conibo podían interactuar con estos seres y beneficiarse con sus conocimientos, pero en la actualidad solamente pueden vislumbrarlos, principalmente en los sueños. Sólo los chamanes saben cómo provocar estos encuentros mediante la ingestión de una liana alucinógena (ayahuasca) en contextos rituales: el uso de este psicofármaco, considerado peligroso, está sujeto a una iniciación y a prescripciones estrictas. Vehículo privilegiado de las mediaciones chamánicas, la ayahuasca permite actualizar las alianzas con los seres del bosque y, por su intermedio, los chamanes pueden atender entonces las necesidades de los miembros de su comunidad. Al describir en detalle los discursos de los chamanes shipibo-conibo, su aprendizaje y sus prácticas chamánicas, este artículo expone un uso práctico y reglamentado del psicofármaco en el contexto indígena y demuestra de qué manera los shipibo-conibo no consideran el chamanismo como una práctica esotérica marginal, idea corriente en Occidente, sino más bien como una institución en continuidad con un conjunto de prácticas sociales.
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Plantes médicinales, savoirs et société : vue des rastafaris sud-africains
Julie Laplante
p. 93–121
RésuméFR :
L’article se penche sur le rôle de guérison que jouent les plantes à l’intérieur du mouvement rastafari sud-africain dans les townships de Cape Town, notamment sous l’angle de l’anthropologie de la santé, des sciences et des technologies. Par une recherche plus globale, l’auteure procédera au suivi ethnographique de la trajectoire de la plante médicinale indigène sud-africaine Artemisia afra (A. afra) alors que celle-ci traverse diverses étapes préparatoires conduisant aux essais cliniques. Le double objectif de vérification scientifique et de promotion des savoirs traditionnels que poursuit le projet d’essais précliniques relatif à l’A. afra soulève divers enjeux épistémologiques alors que les scientifiques et les amagqirhas (guérisseurs) et inyangas (herboristes) Xhosa profilent diverses notions d’efficacité. Aux côtés de ces derniers se retrouvent les herboristes rastafaris qui défendent également leurs savoirs traditionnels au sujet des plantes médicinales, dont ceux portant sur l’A. afra. Le parcours des herboristes rastafaris et leur herbe sacrée, la dagga (cannabis sativa, ganja), occupent un rôle particulier en lien avec l’A. afra, lequel sera ici esquissé. L’étude met en lumière les relations unificatrices qu’exerce la dagga au sein des pratiques phytothérapeutiques rastafaris, relations paradoxalement intensifiées par des rapports antagonistes avec le système bio-médico-légal sud-africain, et ce, dans un contexte de mondialisation. Il ne s’agit donc pas de rendre exotique le mouvement rastafari, mais bien d’en comprendre les articulations et les propositions qui puissent informer et défier les épistémologies scientifiques et biopolitiques dominantes actuelles. En conclusion, la façon de promouvoir les savoirs traditionnels sur les plantes en utilisant le parcours des essais cliniques scientifiques demeure très limitative. L’exploration de nouvelles voies de compréhension de l’efficacité des remèdes est plutôt suggérée.
EN :
This article concentrates on the healing role played by plants within the South African Rastafarian movement in the Cape Town townships, particularly from the point of view of the anthropology of health, science and technology. In a more generalized study, the author traces the ethnographical path of the South African medicinal plant, Artemisia afra (A. afra) as it goes through various preparatory stages leading to clinical testing. The twofold objective of scientific verification and promotion of traditional knowledge pursued by the preclinical testing of A. afra raises various epistemological issues while the scientists, and the Xhosa amaggirhas (healers) and inyangas (herbalists) profile various concepts of efficacy. Alongside the latter are found the Rastafarian herbalists who also defend their traditional knowledge concerning medicinal plants, including those dealing with the A. afra. The path of the Rastafarian herbalists and their sacred herb, the dagga (cannabis sativa, ganja), occupy a special role in relation to A. afra, which is covered here. The study highlights the unifying relations that the dagga exercises within Rastafarian phytotherapeutic practices, relations that are paradoxically intensified by antagonistic relations with the South African bio-medical-legal system in a context of globalization. Therefore, the article does not seek to render the Rastafarian movement exotic, but to understand the articulations and propositions which could inform and defy current scientific and bio-political epistemologies. In conclusion, the way of promoting traditional knowledge of plants by using scientific clinical testing remains extremely limiting. The exploration of new ways of understanding the efficacy of remedies is suggested.
ES :
El artículo trata el tema del papel curativo que tienen las plantas dentro del movimiento rastafari sudafricano en las townships de Cape Town, principalmente desde el punto de vista de la antropología de la salud, de las ciencias y de la tecnología. A través de una investigación más global, la autora hará el seguimiento etnográfico de la trayectoria de la planta medicinal indígena sudafricana Artemisia afra (A. afra) mientras atraviesa diversas etapas preparatorias que conducen a análisis clínicos. El doble objetivo de verificación científica y de promoción de los conocimientos tradicionales del proyecto de ensayos preclínicos relativos a la A. afra hace surgir diversas cuestiones epistemológicas, al perfilar los científicos y los amagqirhas (curanderos) e inyangas (herboristas) xhosa diversas nociones de eficacia. Paralelamente, están los herboristas rastafaris, que defienden asimismo sus conocimientos tradicionales sobre las plantas medicinales, entre ellos los que se refieren a la A. afra. El recorrido de los herboristas rastafaris y de su hierba sagrada, la dagga (cannabis sativa, ganja), tiene un papel particular en relación con la A. afra, papel que se esbozará en este artículo. El estudio revela las relaciones unificadoras de la dagga en las prácticas fitoterapéuticas rastafaris, particularmente intensificadas por la relación antagonista con el sistema bio-médico-legal sudafricano, todo ello en un contexto de mundialización. No se trata entonces de hacer parecer exótico al movimiento rastafari, sino más bien de comprender los enunciados y las propuestas que puedan servir para informar y desafiar a las epistemologías científicas y biopolíticas dominantes actuales. En conclusión, la manera de promover los conocimientos tradicionales sobre las plantas utilizando la trayectoria de los análisis científicos clínicos sigue siendo muy limitada. Se sugiere más bien la exploración de nuevas vías de comprensión de la eficacia de los remedios.
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De la bière, du fort ou du vin : peut-on boire sans ivresse chez les Amérindiens ?
Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette
p. 123–163
RésuméFR :
A priori, il n’y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d’autres peuples du monde, ne puissent pas boire de l’alcool simplement pour le plaisir, avec modération. Mais la littérature n’aborde pratiquement jamais la question, dans un contexte où il est notoire que l’abus d’alcool est un fléau social et médical chez les autochtones. Or, des faits et des récits recueillis par les auteures auprès de membres de communautés algonquiennes du Québec démontrent que la réalité est plus nuancée. Tout d’abord, la culture algonquienne de l’alcool est plus complexe qu’il n’y paraît, tant au niveau des connaissances au sujet des diverses boissons que dans les manières de boire. Ensuite, sont particulièrement étudiés les modèles de consommation attachés aux trois grandes catégories d’alcool : la bière (brassée ou artisanale), le « fort » (boisson à haut pourcentage d’alcool) et le vin (vin de table ou vin fortifié). On y relève que les Amérindiens peuvent avoir une hiérarchie de goûts et que leurs choix sont liés à des impératifs économiques et à une accessibilité de produits. Enfin, alors que le discours public de l’élite amérindienne est fortement empreint de l’idéologie dominante des Alcooliques Anonymes, l’analyse des données est replacée dans le cadre d’une culture politique, face à laquelle les individus, buveurs ou non buveurs, peuvent décider de se positionner pour se définir socialement. L’adoption ou le rejet de la culture du vin et de son décorum font ici l’objet d’une attention spécifique. La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l’évolution des codes régissant les rapports sociaux chez les Amérindiens, entre eux et face aux autres.
EN :
In principle, there is no reason why Native Canadians, like other peoples of the world, cannot drink alcohol in moderation, simply for pleasure. In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and health problem among native people, the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol. However, the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show, that the reality is much more intricate. The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems, both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking. We studied consumption patterns attached to the three main categories of alcohol: beer (commercial or home brewed), “hard liquor” (drinks with high percentages of alcohol) and wine (table wine or fortified wine). We found that native people can have a range of tastes, and that their choices are related to economic issues and accessibility of products. Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous. An analysis of the data must therefore be framed by this political culture, in face of which individuals – drinkers or non-drinkers – position and define themselves socially. We give special attention to the emerging wine culture, its decorum, adoption or rejection. Our research opens avenues for understanding the evolution of codes governing social relations among native people, between themselves and others.
ES :
A priori, no hay ninguna razón por la cual los indígenas de Canadá, como otros pueblos del mundo, no puedan beber alcohol simplemente por placer, con moderación. Pero la bibliografía sobre el tema prácticamente no trata nunca la cuestión, en un contexto donde es notable que el abuso del alcohol es una calamidad social y médica entre los indígenas. Ahora bien, los hechos y relatos recogidos por los autores entre los miembros de la comunidad algonquina de Quebec demuestran que la realidad es más matizada. En primer lugar, la cultura algonquina del alcohol es más compleja que lo que parece, tanto en lo que respecta a los conocimientos de diversas bebidas como a la manera de beber. Se estudian luego en particular los modelos de consumo referidos a tres grandes categorías de alcohol: la cerveza (industrial o artesanal), la bebida fuerte (bebida con alto porcentaje de alcohol) y el vino (vino de mesa o vino fortificado). Se constata que los indígenas pueden tener una jerarquía de gustos y que su elección está ligada a imperativos económicos y a la accesibilidad de los productos. Finalmente, mientras que el discurso público de la élite indígena está fuertemente impregnado de la ideología dominante de Alcohólicos Anónimos, el análisis de los datos está recolocado en el marco de una cultura política, ante la cual los individuos, tanto los bebedores como los que no lo son, pueden decidir ubicarse para definirse socialmente. La adopción o el rechazo de la cultura del vino y de su protocolo son objeto en este artículo de una atención específica. La investigación abre caminos para la comprensión de la evolución de los códigos que rigen las relaciones sociales de los indígenas, entre ellos y ante los demás.
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De la découverte des substances psychoactives en milieu festif techno à l’usage maîtrisé
Anne Petiau, Lionel Pourtau et Charles Galand
p. 165–199
RésuméFR :
Le milieu festif techno forme un contexte propice à l’usage de substances psychoactives, et en particulier de drogues de synthèse. De la découverte de ces fêtes à un investissement plus large dans l’univers culturel, les parcours de consommation sont multiples et dépendent d’un ensemble complexe de déterminants. Cette étude a porté sur l’évolution des parcours de consommation auprès d’une population professionnalisée, parfois dans le milieu festif techno, ayant commencé sa consommation depuis 6 à 15 ans. Les données ont été analysées par le biais d’une analyse de contenu. Les résultats de cette enquête ont visé à : décrire les spécificités des consommations liées au milieu (usage banalisé, polyconsommation, sociabilité de l’usage), esquisser des parcours de consommation possibles à partir de trois typologies d’usage (festif, récréatif et dopant), analyser la façon dont les modalités de contrôle des consommations s’intègrent dans ces parcours pour parvenir à un usage relativement maîtrisé. Dans une démarche de santé publique, ces résultats permettent d’envisager quelques pistes possibles de sensibilisation à la maîtrise des consommations dans un milieu fortement concerné par l’usage de drogues de synthèse.
EN :
The techno scene sets up an environment conducive to the use of psychoactive substances, especially synthetic drugs. From the discovery of these parties to a broader investment in the cultural universe, there is a range of consumption careers that depend on a complex set of factors. This study focused on the changing path of consumption in a professionalized population, sometimes in the techno scene, who have been consuming for 6 to 15 years. The data was analyzed through a content analysis. The results of this survey seek to describe specific consumption related to the environment (trite use, poly-consumption, sociability of use), as well as outlining possible careers of consumption based on three types of use (festive, recreational and doping), and analyzing how the mechanisms of control integrate these pathways to achieve a relatively controlled use. In a public health approach, these results allow consideration of possible avenues to raise awareness about the control of consumption in an environment strongly concerned by the use of synthetic drugs.
ES :
El medio festivo tecno constituye un contexto propicio para el uso de sustancias psicoactivas, en particular para las drogas sintéticas. Desde el descubrimiento de estas fiestas hasta una participación más amplia en el universo cultural, los recorridos de consumo son múltiples y dependen de un conjunto complejo de determinantes. Este estudio se refiere a la evolución de los recorridos de consumo de una población profesionalizada, a veces en el medio festivo tecno, que comenzó su consumo entre 6 a 15 años atrás. Los datos se analizaron por medio de un análisis de contenido. Los resultados de esta investigación apuntaron a lo siguiente: describir las especificidades del consumo relacionado con el medio (uso banalizado, policonsumo, sociabilidad del uso); esbozar los recorridos posibles de consumo a partir de tres tipologías de uso (festivo, recreativo y adictivo) y analizar de qué manera las modalidades de control del consumo se integran en estos recorridos para poder lograr un uso relativamente controlado. En una perspectiva de salud pública, estos resultados permiten considerar algunos caminos posibles para la sensibilización sobre el control del consumo en un medio fuertemente afectado por el uso de drogas sintéticas.
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Du bon usage des drogues en religion. Consommations néo-chamaniques à Burning Man
François Gauthier
p. 201–237
RésuméFR :
Avec la massification de la « culture de l’authenticité et de l’expressivité » (Charles Taylor) à la suite de l’avènement de la société de consommation dans la deuxième moitié du XXe siècle est apparu le phénomène de la prise de psychotropes à des fins « rituelles » et « spirituelles ». Prenant prétexte du festival Burning Man qui a lieu annuellement dans le désert au Nevada où bon nombre d’usages ritualisés, dits néo-chamaniques, de psychotropes ont lieu, cet article aborde les questions suivantes : De quelle manière peut-on assigner une dimension religieuse à ces pratiques ? Comment peut-on rendre compte de cette dimension dans l’analyse socio-anthropologique ? Après avoir rappelé le contexte global d’émergence de ces pratiques et, conjointement, de cette problématique, cet article s’emploie à une critique épistémologique de deux familles herméneutiques dont les points de vue sont opposés, à savoir les analytiques essentialiste et différentialiste qui, partant respectivement de points de vue individualiste et holiste, aboutissent chacun en une forme de réification. Ayant cerné ces limites respectives et souligné la manière dont ces herméneutiques font système, l’article balise une « troisième voie » qui permet de rendre compte de la religiosité des pratiques et de leur unité fonctionnelle au-delà de leur division entre pratiques festives (hyper) ou à visée explicitement « spirituelle » (hypo).
EN :
“Ritual” and “spiritual” consumption of psychoactive substances appeared amidst the massification of what Charles Taylor named the “culture of authenticity and expressivity” following the advent of the consumer society in the last half of the XXth Century. The Burning Man Festival, held annually in Nevada, attracts a large variety of such “neo-shamanistic” uses. This will serve as an empirical base from which the following question may be examined: How is a socio-anthropological analytic to seize the potentially religious dimensions of such phenomena? After outlining the general context in which these praxes and problematic have emerged, this article develops an epistemological critique of the two leading hermeneutic families which hold opposing views on this issue, namely the essentialist and differentialist approaches. These, starting from individualist and holist bases respectively, are both unsatisfactory and reifying. After having argued these limitations and shown how these opposed viewpoints form a system, this article suggests a third analytic allowing for a comprehensive understanding of such praxes’ religious dimensions and underlying functional unity beyond their distinctly festive (hyper) or “spiritual seeking” (hypo) logics.
ES :
Con la masificación de la “cultura de la autenticidad y la expresividad” (Charles Taylor) como consecuencia del arribo de la sociedad de consumo en la segunda mitad del siglo XX apareció el fenómeno del consumo de psicofármacos con fines “rituales” y “espirituales”. Con el pretexto del festival Burning Man, que se celebra anualmente en el desierto de Nevada y en el que se realizan una cantidad de usos ritualizados de psicofármacos, llamados neochamánicos, este artículo aborda las siguientes cuestiones: ¿De qué manera se puede asignar una dimensión religiosa a estas prácticas? ¿Cómo se puede explicar esta dimensión en el análisis socio-antropológico? Luego de recordar el contexto global del surgimiento de estas prácticas y, al mismo tiempo, de esta problemática, este artículo se dedica a hacer una crítica epistemológica de dos familias hermenéuticas cuyos puntos de vista se oponen, es decir, los análisis esencialista y diferencialista que, partiendo respectivamente de los puntos de vista individualista y holístico, terminan cada uno de ellos en una forma de cosificación. Una vez establecidos estos límites respectivos y luego de destacar de qué manera estas hermenéuticas forman sistema, el artículo baliza una “tercera vía” que permite explicar la religiosidad de las prácticas y de su unidad funcional más allá de su división entre prácticas festivas (híper) o con fines explícitamente “espirituales” (hipo).