Volume 4, numéro 1, 2022 Alimentation
Sommaire (7 articles)
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Préface
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Oeuvre vivante, périssable, immuable ? La nourriture en arts visuels et son entrée dans le musée
Anne-Sophie Blanchet
p. 10–19
RésuméFR :
Matière vivante et périssable, la nourriture a permis à des artistes comme Massimo Guerrera et Zoe Leonard de donner – littéralement et symboliquement – vie à leurs oeuvres. Ici, la nourriture se fait objet d’échanges relationnels et métaphore de l’entropie de notre existence charnelle.
L’autrice aborde le thème de l’alimentation en analysant des oeuvres où la nourriture constitue non seulement un matériau donnant corps à l’oeuvre d’art, mais aussi un outil de réflexion métaphorique sur la vie, la mort, le temps qui passe et la création d’affects. Elle interroge également les modalités d’exposition et de conservation de ce type d’oeuvre dans les musées, ainsi que les enjeux formels et conceptuels que cela peut soulever.
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Un art documentaire critique pour mettre en relief nos enjeux agroalimentaires
Mériol Lehmann
p. 20–31
RésuméFR :
À partir des années 1950, le régime agricole productiviste s’installe de façon hégémonique et va transformer en profondeur la ruralité québécoise avec des phénomènes de concentration, d’intensification et de spécialisation. Cette modernisation des pratiques agricoles s’inscrit dorénavant au coeur de l’agrobusiness mondialisée. À cause de la sensibilité croissante de la population face aux questions environnementales et aux exigences d’une alimentation saine, l’agriculture industrielle est généralement perçue négativement par les consommateurs. L’industrie agroalimentaire maintient alors une représentation bucolique de la campagne en recourant à l’idylle rurale, ancrée dans le pittoresque et mettant en avant une image surannée et idéalisée de la ruralité. Parce qu’elle évite ces stéréotypes, une pratique artistique relevant du documentaire critique proposerait une meilleure compréhension du territoire et des enjeux liés à la ruralité québécoise contemporaine et à nos réalités agroalimentaires.
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Le cri et la faim
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Art, alimentation et agriculture : le beau, le bon et l’avenir en partage
Gérard Ghersi
p. 38–51
RésuméFR :
Ce texte aborde les relations étroites qui lient, depuis la nuit des temps, le monde de l’agriculture et de l’alimentation à celui de l’art.
L’histoire du mouvement des écrivains paysans en France et en francophonie du XXe siècle à nos jours qui constitue la toile de fond de cet article met en évidence l’important travail de mémoire et de témoignages qu’ont constitués les productions écrites, artistiques et environnementales du monde de la terre et leurs apports à nos sociétés en transformation.
Cet espace indissociable que constituent l’agriculture, l’alimentation et l’environnement est sans doute devenu banal pour nos sociétés du nord en situation de satiété. Mais au moment où l’on prend conscience de sa grande fragilité (équilibre alimentaire, disponibilité en eau et qualité de notre environnement), il est important de rappeler que l’art, sous toutes ses formes, qui plante ses racines et qui puise son inspiration dans le monde du vivant peut devenir, en retour, force de changement dans les sociétés qui l’ont enfanté. Qu’on pense bien entendu aux textes publiés, mais aussi aux oeuvres d’art produites, aux paysages conçus et entretenus par les paysans, aux ambiances de vie prolongées et renouvelées en milieu rural, aux plaisirs de la table, aux traditions perpétuées sous diverses formes, et à bien d’autres contributions.
Le monde de l’agriculture et de l’alimentation n’a pas à rougir de sa participation aux arts et à la transformation de nos sociétés, en défendant une agriculture et une ruralité à taille humaine, respectueuse des hommes et leurs milieux et en contribuant à préserver, sans renier l’intérêt d’une modernité, certaines valeurs fondamentales qui nous ont été transmises et qu’il nous semble important de perpétuer.
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Il y a une infinité d’univers et je veux tous les goûter
Boris Crack
p. 52–85
RésuméFR :
Le texte Il y a une infinité d’univers et je veux tous les goûter s’inspire d’une série de conférences intitulées Retour vers le Futur de la Cuisine, produites par Zinc/Seconde Nature, que j’ai données en 2019 dans le cadre de Lecture par Nature, un événement de la Métropole Aix-Marseille Provence. Le texte revient sur cette expérience qui m’a permis d’utiliser une imprimante 3D alimentaire (la Foodini), capable d’imprimer une pizza, mais surtout plein d’autres choses ! La preuve,nous avons imprimé une tête de cerf en 3D à partir de houmous. J’aborde la question des synthétiseurs et de ce qu’on peut produire avec ces instruments ainsi que la nécessité de développer un nouveau langage propre à ces nouveaux outils; une élaboration qui prend un temps certain (je me réfère ici à l’histoire des synthétiseurs musicaux). La question de la nourriture comme moyen d’apprentissage du monde (le dévorer comme on dit dévorer un livre) et comme moyen de communication est centrale. Je communiquais d’ailleurs moi-même durant ces conférences avec une mousse végétale, une grosse mousse végétale, une grosse mousse ramenée du Jura, de la forêt jurassienne, une mousse à laquelle une expérience en direct me permettait de donner la parole. Ce texte dévoile comment les auteurs de la littérature de science-fiction ont envisagé la nourriture du futur et comment ils ont ouvert le champ des possibles dans le registre de l’alimentation extraterrestre. Je me penche sur la cuisine en apesanteur et j’envisage plusieurs hypothèses quant à la nourriture du futur à partir des recherches en cours, mais surtout de mon amour pour la... pour la... m... ou... s... s... e... oui, pour la mousse ! Car selon moi, c’est l’avenir : la mousse, l’humus, le houmous. Bon appétit !
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Remerciements