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Sous le thème « La planète et ses habitants : comment se développer ensemble ? », s'est tenue la 8e édition du Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement (World Environmental Education Congress - WEEC). Du 29 juin au 2 juillet 2015, les participants étaient conviés à Göteburg, en Suède. Organisé par l'Université Chalmers de Technologie, l'Université de Göteburg, le Centre pour l'Environnement et la Durabilité et sous la présidence d'Arjen Wals et d'Ingrid Prammling Samuelsson, ce Congrès s'annonçait comme l'évènement rassembleur du monde de la recherche en éducation relative à l'environnement et au développement durable pour l’année 2015. Nous étions près de 800 personnes originaires de 73 pays à assister ou participer à ces 418 conférences et communications offertes en anglais, en français ou en espagnol et divisées en onze thématiques :
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Prendre au sérieux les enfants face aux défis mondiaux
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Retrouver le sens du lieu à l'ère numérique
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L'éducation à l’environnement et la réduction de la pauvreté
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Trouver ensemble des solutions pour des villes plus vertes
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Émergence de nouveaux concepts en matière de gestion de l'environnement et de la durabilité
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Passer de la sensibilisation à l'action
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Évaluation en éducation à environnementale et au développement durable
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Au-delà de l'économie verte : l'éducation et l'apprentissage pour des emplois verts dans une société verte
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Nouvelles perspectives sur la recherche en matière d'éducation à l’environnement et à la durabilité
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Élaboration de politique pour l’éducation à l’environnement et au développement soutenable
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L'éducation et l'apprentissage face au changement climatique et les facteurs de résilience
Les communications rassemblées au sein de la première thématique, Prendre au sérieux les enfants face aux défis mondiaux, tentaient principalement de répondre à la question : Comment pouvons-nous créer des espaces pour que les enfants deviennent membres à part entière du développement de leur société ? Des initiatives scolaires et communautaires ont été présentées.
De la deuxième thématique, Retrouver le sens du lieu à l'ère numérique, nous retenons plus particulièrement la conférence « Pédagogie du plein air : place, questions et rencontres sur un colloque flottant (Wild Pedagogies : Place, Questions, and Encounters on a Floating Colloquium) qui rassemblait douze pédagoques, dont Arjen Wals et Bob Jickling, ayant participé à un colloque "flottant" sur la rivière Yukon. Sous une forme non conventionnelle, les conférenciers ont décrit comment ils avaient vécu leur colloque en nature et ce qu'ils avaient retenu de leurs expériences professionnelles et personnelles. Les autres présentations de cette deuxième thématique ont principalement abordé les enjeux qui lient l'éducation relative à l'environnement et la technologie. Malheureusement, selon Rolf Jucker, président de cette thématique, il ne ressort pas, de manière générale, ce dont nous pourrions avoir besoin pour poursuivre le changement vers une société durable. Très polarisées, les communications allaient, selon monsieur Jucker, d'une promotion peu critique des technologies à une aversion complète envers celles-ci.
En résumé de la cinquième thématique, Émergence de nouveaux concepts en matière de gestion de l'environnement et de la durabilité, Bob Jickling, président de cette thématique, souligne que le travail qui est fait en éducation relative à l'environnement et au développement durable est affaibli par l'absence d'une critique robuste de la culture socio-économique et de la culture de l'éducation dominante. Selon lui, ce qui ressort des exposés dans le cadre de cette thématique c’est que nous ne résoudrons pas les problèmes actuels en utilisant la même logique de pensée qui les a créés. Les individus doivent également changer. Plus important encore, avec une longue histoire de préoccupation à l’égard de cette aliénation, nous devons nous demander pourquoi n'avons-nous pas accompli davantage en tant qu’éducateurs à l’environnement ?
La sixième thématique, Passer de la sensibilisation à l'action, donnait l'occasion de réfléchir aux facteurs d'engagement écocitoyen et aux moyens de mesurer les impacts d'approches pédagogiques renouvelées et diverses, qui dépassent le lien qui était fait à l'époque entre l'augmentation des connaissances à propos de l'environnement et les actions qui visent la protection de celui-ci. Il ressort principalement de ces communications que la mesure des impacts de ces approches pédagogiques reste encore une difficulté méthodologique importante à surmonter.
Dans le rapport sommaire de l'événement, les coprésidents du WEEC 2015 nous rappellent que le message le plus important à retenir du congrès c'est que l'éducation à l'environnement et au développement durable doit aussi s'engager plus fortement dans une réflexion autour de la question ontologique de ce que cela signifie d'être dans le monde et d'être éduqués dans le monde. Les questions environnementales demeurent complexes et ne peuvent être abordées qu'intellectuellement, elles doivent l'être également sur le plan affectif.
Malheureusement, une des difficultés vécues par plusieurs des participants, comme c'est le cas des congrès précédents, demeure de sélectionner les activités, communications ou conférences qui sont en mesure de répondre adéquatement aux attentes ou qui stimuleront les réflexions de chacun. Cette barrière dépassée, il reste encore également à solutionner le problème de la participation des pays en développement. Un congrès à si grands coûts ne peut bien évidemment et malheureusement pas être aussi rassembleur qu'il le devrait et nous aurions tout à gagner à favoriser une participation plus équitable.
La 9e édition du Congrès mondial en éducation à l’environnement est prévue pour septembre 2017 à Vancouver au Canada sous le thème « Culture et environnement : Tisser des nouveaux liens ».