FR :
Apparu au Québec une quinzaine d’années après son invention à Vienne, en 1829, par le facteur d’orgue Cyrill Demian, l’accordéon s’est propagé dans la province de Québec par l’intermédiaire surtout des catalogues de vente par correspondance, qui ont favorisé l’implantation du modèle diatonique allemand, dit mélodéon, vers la fin du XIXe siècle. Ce modèle d’accordéon allait de fait inspirer Odilon Gagné, menuisier et également musicien de la ville de Québec, qui est le premier à fabriquer un accordéon diatonique en 1895. Ses descendants assureront le monopole de la fabrication d’accordéons québécois de marque « Gagné » jusqu’aux années 1950, époque qui voit l’apparition de l’entreprise familiale Messervier dont les accordéons demeurent encore aujourd’hui des instruments de référence. Les années 1970 étant l’époque du renouveau mondial de la musique traditionnelle, des musiciens accordéonistes québécois, tels que Gilles Paré, Robert Boutet, Clément Breton, suivent les traces du maître Messervier et se mettent à leur tour à fabriquer, de manière artisanale, des accordéons. Les facteurs d’accordéons n’ont pas à leur disposition d’institutions de formation comme des écoles de métier. Issue de cette constatation, notre problématique est alors de savoir quels sont les référents identitaires favorisant la vocation de fabricant d’accordéons et quels sont les facteurs composant le processus d’acquisition du savoir-faire. Par référents identitaires, nous entendons un ensemble de conditions préalables puisés dans l’univers culturel, social, professionnel ou autre du fabricant et permettant à celui-ci d’envisager une carrière de facteur d’accordéon. Armé de ces atouts, le fabricant devrait alors être en mesure de procéder à l’acquisition de son savoir-faire par un mécanisme de communication multiple qui peut être visuelle, gestuelle, musicale, écrite, etc.
EN :
The accordion first appeared in Quebec some 15 years after its invention in Vienna in 1829. The German diatonic model, or melodeon, became popular through catalogue sales at the end of the 19th century. This model inspired Odilion Gagné, a carpenter and Quebec City musician, to make his first diatonic accordion in 1895. His descendants continued to produce the Quebec “Gagné” brand until the 1950s, when the Messervier family’s instruments became the industry standard. During the folk music revival of the 1970s, Gilles Paré, Robert Boutet and Clement Breton, following in Messervier’s footsteps, began handcrafting accordions. Since folk artisans have no formal training to guide them, I was interested in discovering how the accordion maker learns his trade, and what factors allow him to develop the necessary expertise. His frame of reference includes the cultural, social, professional or other prerequisites which allow the accordion maker to follow his calling. Once he has acquired these skills, he can proceed to develop his abilities by multiple forms of communication: visual, gestural, musical, or written.