Résumés
Résumé
À partir du mythe de l’enfant-poète légué par Emile Nelligan à la littérature québécoise, qui trouve son expression tant dans le poème « Le berceau de la muse » que dans la célèbre préface de Louis Dantin à ses Poésies, mythe qui enfin se voit repris dans la première trilogie romanesque de Réjean Ducharme et, plus récemment, dans La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy, cet essai vise à comprendre comment une telle figure, relevant d’une prosopopée où l’enfant - l’infans, ce qui ne parle pas - dit ou écrit son hypermnésie, donne voix à un certain rapport historique, éminemment paradoxal, de la littérature québécoise à sa mémoire. Au fil de mélancoliques figurations d’une enfance impossible et d’une mémoire toujours dépossédée de l’expérience des premières fois, il s’agira d’esquisser comment s’est formé un véritable lieu de mémoire à même la reprise, d’auteur en auteur, de cette singulière prosopopée. La figuration de l’enfance dans la littérature québécoise se révèle ainsi une représentation marginale, sans postulat d’homogénéité, des cadres identitaires collectifs et le signe d’une interrogation à propos des possibles inscriptions de soi dans la durée.
Abstract
Starting with the myth of the child-poet that Emile Nelligan bequeathed to Quebec literature, which is manifested as much in the poem "Le berceau de la muse" as it is in Louis Dantin's famous preface to the Poésies, a myth which is finally taken up again in Réjean Ducharme s first novel trilogy and, more recently, in La petite fille qui aimait trop les allumettes, by Gaétan Soucy, this essay aims to understand how such a figure, arising from a prosopopeia in which the child — the infans, who does not speak — says or writes down his hypermnesia, gives a voice to a certain historical and eminently paradoxical relationship between Quebec literature and memory. Passing by melancholic figurations of an impossible childhood and a memory constantly deprived of the experience of first times, we reach a point at which we must trace how a true place of memory was formed straight from the renewal, from author to author, of this unique prosopopeia. The figuration of childhood in Quebec literature is therefore revealed as a marginal representation of collective selves, and as a constant interrogation of self-inscription in time.
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