Résumés
Résumé
Cet article explore les fondements, posés dans les années 1920, de la conception québécoise du monument historique et, plus largement, du patrimoine. On y découvre comment et pourquoi le patrimoine, théoriquement constitué des trésors - les monuments historiques en question - voués par une société à ses légataires, a été en pratique déterminé par un Étranger survenu dans le paysage de la province au tournant du XXe siècle : le touriste, plus précisément le touriste étatsunien, dit « l’Américain ». Celui-ci, dès lors substitué au Canadien anglais dans le rôle de « l’Autre », imposa, par l’entremise de l’institution québécoise des monuments historiques (née en 1922) et à grand renfort de bienfaits économiques aussi évidents que nécessaires, son propre itinéraire à la territorialisation patrimoniale du Québec, c'est-à-dire à l’identification de ses monuments, à leur localisation et à la démarcation des frontières du « terroir » protégé et mis en valeur. En quelques années, en effet, l’étranger-touriste laissa une empreinte indélébile dans un tableau de la patrimonialisation que sa piste, pour peu qu’on la suive, révèle au Québec sous un nouveau jour.
Abstract
This article explores the foundations, laid down in the 1920s, of the Québécois conception of the historical monument, and more widely, of heritage. Heritage is theoretically made up of treasures dedicated by a society to its people; by examining the historical monument, we discover how and why Québécois heritage was in practice determined by a foreigner who became more and more present in the province in the beginning of the twentieth century — the tourist, or more precisely the American tourist. From then on, to the great reinforcement of economic benefits as obvious as it was necessary, "the American" replaced the Canadian English as the Other and, through the Québécois institution of historical monuments, established in 1922, superimposed his own itinerary on the heritage landscape of Québec. This article examines this production of the heritage landscape, built through the identification of its monuments, their location, and the demarcation of a protected and valued countryside. Indeed, in several years, the Foreigner-Tourist left such an indelible stamp on the picture of heritagization that simply following his trail reveals Québec in a different light. Who knows, for all that, if it hasn't been the same elsewhere?
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