Comptes rendus

Avignon, Mathieu d’, dir., Samuel de Champlain. Premiers récits de voyages en Nouvelle-France 1603-1619 (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2009), 385 p.Avignon, Mathieu d’, dir., Samuel de Champlain. Derniers récits de voyages en Nouvelle-France et autres écrits 1620-1632 (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2010), 281 p.Thierry, Éric, Samuel de Champlain. À la rencontre des Algonquins et des Hurons 1612-1619 (Québec, Septentrion, coll. « V », 2009), 235 p.[Notice]

  • Raymonde Litalien

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  • Raymonde Litalien
    Conservateur honoraire des Archives du Canada

Dans la continuité du 400e anniversaire de la fondation de Québec, de nouvelles éditions des Voyages de Champlain ont été publiées par deux historiens spécialistes de cette tranche de l’histoire, celle de la rencontre entre Français et Amérindiens, sur le territoire de la Nouvelle-France. Mathieu d’Avignon, auteur d’une thèse Champlain et les fondateurs oubliés. Les figures du père et le mythe de la fondation (Québec, PUL, 2008), a partagé les récits de voyages de Champlain en deux parties, chacune correspondant à deux titres publiés par Champlain. Éric Thierry, dont la thèse portait sur Marc Lescarbot (Paris, Honoré Champion, 2001), a aussi publié La France de Henri IV en Amérique du Nord (Paris, Honoré Champion, 2008). Thierry reprend les récits de voyage de Champlain en trois tomes, le premier a déjà été publié, Les Fondations de l’Acadie et de Québec, 1604-1611 (Québec, Septentrion, coll. « V », 2008, 290 p.). Le troisième et dernier tome devrait paraître sous peu. Ces deux entreprises éditoriales s’inscrivent, globalement, dans une même démarche : faire connaître à un large public des documents fondamentaux sur la fondation de la Nouvelle-France et, plus précisément, sur la nature et l’évolution des relations entre Français et Autochtones. Ces objectifs sont clairement indiqués dans les textes introductifs de chaque livre. Pour faciliter la compréhension des écrits de Champlain, chacun des auteurs a procédé à une modernisation des textes du xviie siècle, de la ponctuation et y a ajouté des notes explicatives. Les ouvrages sont complétés par une bibliographie et un index. Les préfaces de Camil Girard pour chacun des deux livres de Mathieu d’Avignon invitent à repenser « l’historiographie des fondations dans une perspective de reconnaissance effective de la contribution des peuples autochtones à la cofondation du Québec actuel » et à réfléchir au concept de « héros » souvent appliqué à Champlain. Girard tente de réduire cette perception en émettant des doutes sur les qualités habituellement reconnues au fondateur, notamment, « on ne sait trop si Champlain, qui s’attribue exagérément un rôle de médiateur dans cette affaire [pourparlers de paix entre Montagnais et Iroquois] à travers ses écrits, souhaitait vraiment que cette paix devienne une réalité… (Derniers récits, p. xv) ». Pour le lecteur non familier avec la thèse de M. d’Avignon, cette interprétation, peu habituelle, aurait mérité quelques précisions, sinon quelques preuves à l’appui. L’introduction d’Éric Thierry s’attarde longuement (57 pages) sur les antécédents des explorations de Champlain, sur les expéditions et les cartes de ses prédécesseurs, sur la préparation du voyage, sur le réseau des négociants investisseurs, sur le rôle des conseillers du roi de France dans la décision de fonder une Nouvelle-France septentrionale, sur la position de la France, par rapport aux autres puissances européennes, concernant l’expansion coloniale. Du récit de Champlain, il fait une véritable analyse de texte, résumant et expliquant les principaux thèmes des Voyages de 1613 et de 1619 : la connaissance du territoire canadien exploré et surtout les diverses facettes des relations avec les Autochtones qu’il analyse à la lumière d’autres textes contemporains de Champlain ainsi que des auteurs qui ont traité du sujet. Thierry observe l’adoption, par les Français, de certains comportements amérindiens et met aussi en évidence les tensions qui apparaissent fréquemment entre Champlain et ses alliés amérindiens. Il s’attarde encore sur le programme de christianisation des Autochtones formellement défini dans l’épitre dédicatoire au roi Louis xiii (p. 99). La Contre-réforme catholique en cours en France a pu dicter la conclusion de cette épitre « Qu’un jour Dieu leur [les nations sauvages] fasse la grâce, comme nous, de le prier incessamment, qu’il accroisse son …