Résumés
Résumé
L’ordre politique de la mondialisation est un champ conflictuel de relations économiques, culturelles et sociales au sein duquel les mouvements sociaux transnationaux construisent une nouvelle politique située au-delà des institutions traditionnelles. Cet article vise à proposer un cadre d´analyse théorique illustré à partir de la contribution d´un mouvement reconnu sur la scène internationale qui a réussi à mener une action politique transnationale dans le champ de l´environnementalisme. Dans ce cadre, les auteurs soulignent la convergence de six catégories d’analyse de l´action collective mise en oeuvre par les mouvements de protection de l´environnement. Les six catégories suggérées (statut de compétence, articulation des échelles, temporalité, multiplicité des identités et des représentations, structure organisationnelle, visibilité) mettent en relief le besoin de reconsidérer le sens hégémonique de la politique mondiale fondée exclusivement sur le marché et les négociations interétatiques.
Abstract
Globalization is a political order creating new fields of economic, cultural and social conflicts, wherein transnational social movements reaffirm a new politics beyond the conventional institutions. This article proposes an analytical framework, illustrated by the history of a well studied environmental movement. The authors present a set of six converging analytical categories stemming from the study of environmental movements. These categories (political competence, scale, temporality, multiple identities/representations, organisational structure, visibility) emphasise the need to question the current hegemonic understanding of world politics that has been almost always exclusively rooted in global markets and inter-state negotiations.
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Parties annexes
Notes
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Dans cet article, nous n´analysons pas ces deux mouvements à partir de leur dynamique intérieure, leur processus de prise de décisions, leurs conflits et convergences. Nous les concevons dans la perspective des champs de conflictualité au sein desquels ces mouvements se positionnent par rapport à d´autres acteurs de la scène mondiale (États, gouvernements et agences internationales) et à l´égard des systèmes politiques institués (régulations, droit international, institutions).
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[2]
Au début des années 1970, le débat international était fondé sur les éléments conceptuels de l’environnement. De nos jours, la question essentielle qui se pose est d’ordre politique : il s’agit de concilier l’éparpillement des intérêts particuliers des États, des opérateurs économiques et des acteurs sociaux d’une part, et la mise en oeuvre des solutions préconisées pour l’environnement à l’échelle mondiale, d’autre part. Cela signifie que le débat porte notamment sur les modes de compatibilité, sur le plan politique, à la fois de la notion de global commons et des stratégies d’acteurs individualistes dont les intérêts sont axés plutôt sur le court terme. Dans la pratique internationale, le problème est au niveau de la définition des biens à protéger, des outils à mettre en oeuvre pour leur préservation, ainsi qu’à celui des modes de financement des mesures de protection de l’environnement.
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[3]
La notion de « transcodage » développée par Pierre Lascoumes est proche de celle de « traduction », et qui avait été introduite par Michel Callon (1984, p. 169).
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D’aucuns préfèrent utiliser les termes « groupes de pression », « acteurs transnationaux » ou « groupes d’intérêt ». Il n’est pas dans nos objectifs de discuter longuement la définition des ONG en tant qu’objet scientifique. Nous nous restreignons ici à rappeler que la notion de « groupes d’intérêt » recouvre des réalités trop diverses, englobant les groupes sectoriels (compagnies multinationales ou syndicats) et les groupes promotionnels (organisations religieuses et les mouvements écologiques). L’expression « groupes de pression », par rapport à « groupes d’intérêt » n’aurait qu’un seul avantage : elle permet de refléter la manière dont les mouvements exercent leur influence, étant donné que c’est l’acte d’exercer une pression qui transporte les mouvements de protection de l’environnement sur la scène politique mondiale. Or, elle met en lumière une situation subordonnée dans laquelle se trouveraient les mouvements environnementalistes par rapport à ceux considérés comme les décideurs du système politique international : les États. Voilà pourquoi, à très gros traits, nous avons préféré le terme ONG dans la perspective de notre recherche : c’est en définitive en employant le mot « organisation » que nous pouvons mieux cerner les fonctions que les ONG remplissent dans le système mondial en faveur d’une régulation concertée ou par le marché de l’environnement. Voir Peter Willets, 1982 et Johan Galtung, 1986.
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