Recensions

Benoît Lacroix, Pierrot Lambert, Simone Saumur-Lambert, La mer récompense le fleuve. Parcours de Benoît Lacroix. Conversations avec Simone Saumur-Lambert et Pierrot Lambert. Montréal, Éditions Fides, 2009, 309 p.[Notice]

  • Nestor Turcotte

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  • Nestor Turcotte
    Matane

Ce livre est un dialogue entre les auteurs et le père Benoît Lacroix. L’ouvrage est né à partir d’enregistrements effectués entre février 2006 et le printemps 2008. L’ouvrage, à l’évidence, n’a qu’un seul but : montrer comment ce prêtre religieux dominicain, maintenant nonagénaire, a le don, dans un langage différent (p. 7), d’exprimer les choses de la religion. Benoît Lacroix est né à Saint-Michel-de-Bellechasse. Dès son plus jeune âge, il semble marqué par la présence du fleuve. Le fleuve résume toute sa vie. Il est son premier maître, un symbole qui ne cesse de l’accompagner encore aujourd’hui. Le fleuve lui dit le temps qui vient et qui va, le voyage de la vie entre les rives qui le limitent. Un jour, le fleuve se fondra dans l’océan infini. L’océan sera la récompense du fleuve transformé en un tout intemporel. Jeune, il fréquente la petite école du 3e Rang Ouest puis passe directement au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, où il fait des études classiques. Il décide alors de rejoindre les Dominicains. Ce choix est marqué par son goût inné « d’aller ailleurs ». À Ottawa, il rencontre le père Régis, son père intellectuel. Il se met à l’école d’Aristote et de Thomas d’Aquin. Au cours de ses études théologiques, il reçoit un véritable choc suite à la lecture d’un livre du père Petitot, Sainte Thérèse de Lisieux. Le mariage est consommé : le père Régis pour l’esprit ; Thérèse pour le coeur. Il fait sienne aussi la devise de sa communauté : « Contemplata aliis tradere ». Il ne veut pas apprendre pour apprendre. Il veut apprendre pour donner. Longtemps théiste plutôt que croyant, Lacroix fait le long apprentissage de la foi. Progressivement, il découvre que culturellement le christianisme est l’une des plus grandes religions de l’humanité. Une religion faite pour apprendre à aimer, comme le judaïsme est fait pour apprendre à espérer et l’islam pour apprendre à croire. Sa formation de théologien, par la suite d’historien, le conduit à étudier le phénomène religieux, les religions populaires, et après, forcément, à tisser progressivement des liens d’amitié avec une foule de gens : philosophes, théologiens, poètes, artistes, malades, etc. Il découvre, sur le terrain, qu’il faut croire à la Rédemption par la souffrance (p. 134). Et que prier, c’est aimer. Il se confronte sans cesse au mystère. Il ne craint pas de reprendre la formule d’Einstein qui affirme que celui qui refuse le mystère est comme un oeil qui refuserait la lumière. Le christianisme au Québec, si fragile soit-il, durera. Non à cause d’une majorité de pratiquants, mais à la suite de petits regroupements de tous âges. Benoît Lacroix a vécu la Révolution tranquille, les déboires de la revue Maintenant, et il s’exprime longuement sur le rôle de l’Église catholique dans l’histoire du Canada français. Il s’interroge sur le procès intenté par certains à propos de la publication de cette revue et du rôle qu’elle a joué dans l’évolution moderne. Sans la nommer explicitement, le dominicain cible une formation politique fort connue qui, selon lui, encourage un laïcisme négatif, voire un neutralisme dangereux qui, en pratique, favorise l’athéisme, refuse tout rituel traditionnel, renie la religion. Notre population reste sensible à la dimension religieuse. On ne déracine pas un arbre à coups de mots. On ne laïcise jamais le sacré. Ni l’Église chrétienne ni le mystère. Ni la vie ni la mort. Quant à la sexualité et au mariage, Lacroix affirme que la raison d’être de la famille, c’est l’enfant lui-même. Il est et restera toujours la première raison d’être du mariage. À propos du sacerdoce des femmes, le frère prêcheur …

Parties annexes