Notes critiques

Psychanalyse et christianismeÀ propos du dernier livre de Jean-Daniel Causse (1962-2018)[Notice]

  • Valérie Chevassus-Marchionni,
  • Raymond Lemieux et
  • François Nault

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  • Valérie Chevassus-Marchionni
    UFR Arts, Lettres et langues Université de Lorraine, Metz

  • Raymond Lemieux
    Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, Québec

  • François Nault
    Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, Québec

Le projet d’un article collectif consacré à l’ouvrage Lacan et le christianisme a germé autour du 20 mai 2018, alors que Jean-Daniel Causse était à Québec, à l’Université Laval, pour participer à un colloque. Il avait été convenu à cette occasion que quelques collègues, intéressés par la thématique « psychanalyse et christianisme », porteraient un regard sur l’une ou l’autre questions abordées dans ce livre, et que l’auteur réagirait ensuite à ces lectures. La mort subite et brutale de Jean-Daniel Causse, le 9 juin 2018 (il aurait eu 56 ans le 18 juin), a bouleversé ce projet… Il a néanmoins paru justifié, voire absolument nécessaire, d’honorer une promesse et de faire paraître ces courts textes qui cherchent à donner un écho à un livre important. Jean-Daniel Causse a été professeur d’éthique et de théologie systématique à la Faculté de théologie protestante de Montpellier de 1997 à 2007, avant de passer à l’Université Paul-Valéry pour y occuper un poste de professeur d’études psychanalytiques. Ce double enracinement disciplinaire — théologie et psychanalyse — se reflète dans son oeuvre écrite, une oeuvre remarquable à bien des égards, se distinguant autant par son érudition que par son originalité. Les personnes ayant eu la chance de côtoyer Jean-Daniel Causse ont reconnu en lui un homme et un intellectuel d’une grande envergure. Ils ont aussi apprécié la simplicité, le côté bon enfant de sa personnalité, ainsi que son sens de l’humour et de la dérision. Il avait un lien particulier avec le Québec et avec l’Université Laval, où il a été professeur invité. Il aimait raconter sa première expérience d’enseignement en terre québécoise. À la fin du cours, un étudiant au fort accent lui avait posé une question dont il n’avait pas compris un mot. En bon lacanien, racontait-il, il avait répondu quand même, pour constater ensuite, avec plaisir, que l’étudiant semblait très satisfait de sa réponse ! Jean-Daniel Causse était également membre fondateur du groupe de recherche Christianisme : régulations et subversions (CRES), réunissant quelques professeurs de Montpellier (lui-même et Guilhen Antier), Paris (Marc Boss) et Québec (Guy Jobin, François Nault et Patrice Bergeron). Dans le cadre des travaux de ce groupe, il est intervenu dans plusieurs colloques à l’Université Laval et a écrit des articles qui ont ensuite été publiés dans le Laval théologique et philosophique. Incidemment trois de ces articles ont été repris et retravaillés pour être intégrés dans l’ouvrage dont la présente note critique souligne la parution. Dans une conférence prononcée en 2006, Jean-Daniel Causse proposait une riche réflexion sur la mort, disponible sur le Web, et dont l’écoute est profondément troublante au regard du destin tragique qui l’a frappé. On peut entendre cette voix et cet accent — identifiables entre mille — nous rappeler que « nous sommes bien autre chose que des êtres-pour-la-mort » et que l’horizon de la mort est aussi ce qui nous rend capables de « demeurer vivant jusqu’à notre dernier souffle… » « Ce qui est déjà pas mal », ajoutait-il. Non seulement il y a tout lieu de croire que Jean-Daniel Causse est demeuré vivant jusqu’à son dernier souffle, mais il continue d’être vivant dans le coeur de ceux et celles — nous, ses amis — qui ont eu la chance (une véritable grâce) de le connaître. Écrire un texte en hommage à, en souvenir de, à propos de Jean-Daniel Causse et de son dernier ouvrage, qu’est-ce que cela peut signifier ? Il ne peut s’agir d’une simple recension de cet opus, comme il en existe déjà un certain nombre, ni d’une analyse critique comme son livre en suscitera certainement, tant sont …

Parties annexes