Mémoires du livre
Studies in Book Culture
Volume 11, numéro 2, printemps 2020 Commerce du livre, carnaval du livre Book Commerce Book Carnival Sous la direction de Beth Driscoll et Claire Squires
Sommaire (12 articles)
Articles
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“Die Buchwelt zu Gast in Frankfurt”: Understanding the Impact of the Guest of Honour Presentation at Frankfurt Book Fair on the German Literary Marketplace
Corinna Norrick-Rühl
RésuméEN :
Since 1976, Frankfurt Book Fair (FBF) management has pinpointed a focus theme for the fair, starting out with a focus on Latin America. From 1988 onwards, FBF has annually invited one country/region to present itself and its authors, literature and culture at the fair as “Guest of Honour.” This paper will discuss the effects of the Guest of Honour presentation, using as its basis a dataset that compares number of fiction translations into German from the source languages of the Guests of Honour. Overall, the contribution will consider the way the Guest of Honour status shapes the literary field in Germany in the year of the presentation and in the years following the presentation. It is also meant as an impulse for further research on the Guest of Honour presentations at FBF.
FR :
Depuis 1976, année où l’Amérique latine fut mise en évidence, la direction de la Foire du livre de Francfort articule chacune de ses éditions autour d’un thème central. À partir de 1988, ce sera un pays, ou une région, qui y sera reçu à titre « d’invité d’honneur », ses auteurs, sa littérature et sa culture y faisant l’objet de présentations. La présente contribution cherche à évaluer les retombées de se voir conférer ce statut, par la comparaison du nombre d’oeuvres de fiction traduites en allemand à partir de la langue source des invités d’honneur. De façon plus générale, l’article analyse la manière dont ce statut façonne le champ littéraire allemand l’année de la présence d’un pays ou d’une région à la Foire et dans les années qui la suivent. Il se veut enfin une incitation à poursuivre les travaux sur les présentations de l’invité d’honneur à la Foire du livre de Francfort.
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State-funded Support of International Trade in Rights and Licenses: Translation Funding Programs of Guests of Honour Argentina and France at the 2010 and 2017 Frankfurt Book Fair
Luise Hertwig
RésuméEN :
This comparative and transnational study offers critical reflections on translation funding programs in connection with the international rights trade at book fairs. Focusing on the Argentinian and French translation support programs within the scope of their appearance as Guest of Honor at the Frankfurt Book Fair and against the background of the global system of translations, it explores which works, authors, genres and languages predominate in the choice of funding institutions. In addition to its function in cultural diplomacy, translation funding is seen as an effective tool in strengthening cultural diversity. Therefore, this contribution pays special attention to its impact on bibliodiversity, for example by looking at which actors among Argentinian, French and German publishers benefit from these programs.
FR :
Cette étude comparative et transnationale propose des réflexions critiques sur les programmes d’aide financière à la traduction en lien avec l’achat et la vente de droits internationaux qui ont cours dans le cadre de foires du livre. Plus précisément, s’y trouvent analysés les programmes d’aide de l’Argentine et de la France, tour à tour invités d’honneur à la Foire du livre de Francfort, dans le contexte d’une activité de traduction mondialisée. Quels sont les oeuvres, les auteurs, les genres et les langues qui prédominent dans la sélection des institutions de financement? Outre le rôle qu’il joue en diplomatie culturelle, le financement de la traduction serait un outil apte à renforcer la diversité culturelle. Par conséquent, une attention particulière est accordée à son incidence sur la bibliodiversité et donc, aux acteurs qui bénéficient de ce financement chez les éditeurs argentins, français et allemands.
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Branding like a City: Barcelona and its Literature at the Buenos Aires Book Fair
Fernando García Naharro
RésuméEN :
This essay seeks a detailed and intimate understanding of the presence of Barcelona as Guest of Honour at the 45th Buenos Aires Book Fair. In so doing, I focus on the stand of Barcelona at the Buenos Aires Book Fair for arguing that exhibition units create the conditions for telling particular stories about national/local literatures to a broad and foreign audience. Moreover, building bridges between existing lines of research and informed by ongoing debates in the field, this paper aims to highlight the entanglements between politics and tourism, “pure” literature and marketplace imperatives. Everything analysed, however, through cultural products and exhibition spaces.
FR :
Le présent article explore en détail et de l’intérieur la présence de Barcelone en tant qu’invité d’honneur de la 45e Foire du livre de Buenos Aires. Partant du stand de Barcelone à la Foire, je souhaite faire valoir que les éléments constituants d’une exposition créent les conditions nécessaires pour raconter certaines histoires à propos de littératures nationales ou locales à un public élargi et étranger. De plus, jetant des ponts entre des questions de recherche actuelles et ancré dans les débats qui animent notre champ d’étude, l’article vise à mettre en évidence les enchevêtrements qui unissent politique et tourisme, littérature « pure » et impératifs du marché, par l’entremise des produits culturels et des espaces d’exposition.
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Negotiating Value: A Case Study of the Gothenburg Book Fair
Christian Lenemark
RésuméEN :
The Gothenburg Book Fair is one of the most important cultural events in Scandinavia today. Since 1985, it has grown into a meeting place for book lovers, librarians, and people in the book industry. However, it has also been surrounded by scandals and controversies. Inspired by Brian Moeran’s notion of the book fair as “a tournament of values,” and Barbara Herrnstein Smith’s constructivist approach to value, this article analyzes the Gothenburg Book Fair as an arena for negotiating value. The article first discusses how the value of the Gothenburg Book Fair has been under constant negotiation since its inception, and then examines how different actors participated in consolidating the fair’s value and function at the beginning of the 2010s. Finally, it considers the intensive debate about the Gothenburg Book Fair in 2016–2017, due to the decision to allow the extreme-right newspaper Nya Tider to have a stand in the exhibition halls, which above all resulted in a renegotiation of the book fair’s social and economic value. Through this diachronic and historical perspective, the article shows how a more pronounced theoretical value perspective in relation to book fairs and literary festivals provides new knowledge about these types of literary events and their role in literary culture as a whole.
FR :
La Foire du livre de Göteborg est l’une des manifestations culturelles les plus importantes de la Scandinavie. Depuis 1985, elle est devenue un lieu de rencontre pour les amoureux du livre, les bibliothécaires et les personnes travaillant dans l’industrie du livre. Cependant, les scandales et la controverse ne l’ont pas épargnée. S’inspirant de la notion avancée par Brian Moeran, à savoir qu’une foire du livre serait « un tournoi de valeurs », et de l’approche constructiviste de Barbara Herrnstein Smith, le présent article analyse la Foire du livre de Göteborg comme une arène où se négocie la valeur. Il y est d’abord montré que la valeur de la foire n’a jamais cessé d’être négociée depuis sa création. L’article s’attarde ensuite à la participation de différents acteurs à la consolidation de la valeur et de la fonction de la foire au début des années 2010. Enfin, est examiné l’intense débat ayant entouré la tenue de la Foire du livre de Göteborg en 2016-2017, en raison de la décision autorisant le journal d’extrême droite Nya Tider à tenir un stand dans les halls d’exposition, ce qui a surtout entraîné une renégociation de la valeur sociale et économique de la foire. De manière diachronique et historique, l’article montre qu’une perspective plus axée sur la valeur théorique en matière de foires du livre et de festivals littéraires génère de nouvelles connaissances sur ces types de manifestations littéraires et sur leur rôle au sein de la culture littéraire dans son ensemble.
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Jaipur Literature Festival, the Gendered Literary Field, and the MeToo Movement in India
Arpita Das
RésuméEN :
As the literary field in India begins to become more complex, layered and diverse in terms of its gender representation despite the stubborn persistence of many aspects of its “tradition” male bastion character, the most celebrated and successful literary festival in the country emerges as a microcosmic manifestation of this tussle for power. Based on an autoethnographic account of the literary festival over eight editions and a close narrative of the sessions in its 2018 and 2019 editions along with a look at how these editions were reported in the media, and placing them within the frame of scholarship researching literary festivals as representations or fragments of “public culture”, this article looks at gender representation at the Jaipur Literature Festival in the immediate aftermath of the two waves of the MeToo Movement in India.
FR :
Le champ littéraire, en Inde, se complexifie, et gagne en strates et en diversité quant à la représentation du genre, malgré la durabilité à maints égards du personnage masculin archétypal et traditionnel. Dans ce contexte, le festival littéraire le plus réputé et le plus couru du pays apparaît comme une manifestation microcosmique de cette lutte pour le pouvoir. Le présent article s’appuie sur un récit autoethnographique s’échelonnant sur huit éditions du festival, sur le récit détaillé des séances des éditions 2018 et 2019, ainsi que sur ce qui s’est écrit à propos de ces éditions dans les médias. Dans le cadre de la recherche sur les festivals littéraires en tant que représentations ou fragments de la « culture publique », l’article examine la représentation du genre au Festival de littérature de Jaipur, au lendemain des deux vagues du mouvement MeToo qu’a connues l’Inde.
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“Keep Portland Weird”? Carnivalesque Elements in the Rebranding of the Portland Book Festival
Rachel Noorda et Kathi Inman Berens
RésuméEN :
The Portland Book Festival, originally known as “Wordstock,” is the main annual literary event in Portland, Oregon. It is also an increasingly prominent literary festival in the United States. The branding shift from “Wordstock” to “Portland Book Festival” in 2018 unearths key tensions, hierarchies, subversions, and cultural changes in the communicative and social functions of the Festival. The essay identifies transactional and transformative aspects of the Festival. Bank of America’s festival-naming “title” sponsorship, the partnership of cultural heritage organizations, and Portland place branding offer transactional stability for the Festival, where parties give and get in kind. The Festival’s temporary affective bonds and their social media documentation facilitate transformational experiences that reinscribe hierarchies of centre/periphery. The name change fosters a more democratic and accessible festival experience. This article takes a multimethod approach, triangulating sentiment analysis of tweets from the 2017 and 2018 Festivals, a survey of 2018 Portland Book Festival attendees, and interviews with prominent stakeholders in the Festival rebranding.
FR :
Le Festival du livre de Portland (Portland Book Festival), appelé Wordstock à sa création, est la principale manifestation littéraire annuelle de Portland (Oregon) et est en voie de devenir l’un des festivals littéraires les plus en vue des États-Unis. Le passage de « Wordstock » au « Portland Book Festival », en 2018, est révélateur des tensions, des hiérarchies, des subversions et des changements culturels à l’oeuvre dans les fonctions communicative et sociale du Festival. Le présent article identifie les aspects transactionnels et transformatifs de ce dernier. D’une part, la présence d’un commanditaire en titre, Bank of America, le partenariat avec des organismes voués au patrimoine culturel et l’image de marque de Portland confèrent une stabilité transactionnelle au Festival, en vertu de laquelle les parties à la fois donnent et reçoivent. D’autre part, les liens affectifs temporaires se créant lors du Festival et la façon dont ils sont documentés sur les réseaux sociaux soutiennent des expériences transformationnelles qui réinscrivent les hiérarchies centre/périphérie. Le changement de nom du Festival favorise une expérience plus démocratique, plus accessible. L’article s’appuie sur une approche multiméthode, par la triangulation d’une analyse de sentiments des tweets publiés en 2017 et de 2018, d’un sondage réalisé auprès des visiteurs de l’édition 2018 et d’entretiens avec diverses parties prenantes au changement d’image du Festival.
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Translation Jousts and Translation Genres: Translating Culture and Style at the Quais du Polar
Maria Snyder
RésuméEN :
The Quais du polar book festival in Lyon is more than a site of commerce. Instead, the category of the polar, which brings together the mystery and roman noir, reveals the potential to destabilize literary hierarchies, foreground translation, and transform the role of place in a globalized genre. Using the insights of Lawrence Venuti, Benoît Tadié and Luc Boltanski, this essay examines how, within the polar category and in the context of the festival, foreignizing translations may upend linguistic and cultural hierarchies and transform genre categories. The communal and local experience of festivals events, its rewriting of southern American authors, and its reframing of the role of readers and translators all reveal the transformative potential of the polar and its cultural reception.
FR :
Le festival littéraire Quais du polar à Lyon n’est pas seulement un lieu de commerce. Plutôt, la catégorie du polar, qui unit le récit policier et le roman noir, a la capacité de déstabiliser les hiérarchies, de mettre en avant l’acte de traduction et de transformer le rôle de l’espace local dans le contexte d’un genre globalisé. Prenant comme point de départ certaines idées de Lawrence Venuti, Benoît Tadié et Luc Boltanski, le présent article explore, dans la catégorie du polar et dans le contexte du festival, le dépaysement par la traduction, et sa capacité de renverser des hiérarchies linguistiques et culturelles, et de transformer des catégories littéraires. L’aspect collectif et local des activités du festival, sa réinscription d’écrivains du sud des États-Unis dans le cadre du polar, et sa valorisation du rôle du lecteur et du traducteur font partie du pouvoir transformateur du polar et de sa réception culturelle.
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Cultural Capital as Performance: Tote Bags and Contemporary Literary Festivals
Alexandra Dane
RésuméEN :
The canvas tote bag, often branded with the name and logo of a popular cultural institution or bookstore, has become a shorthand for an individual’s accumulated cultural capital; this seemingly innocuous accessory has the power to signal to one’s peers the level of their engagement with the cultural and creative industries in a seemingly casual but deeply coded manner. The literary festival presents the perfect opportunity for individuals to signal to those around them that they, for example, subscribe to the New Yorker or donate money to the V&A museum. This article presents the findings of an observational study conducted at four literary festivals in Australia, the United Kingdom and the United States. Four distinct categories emerged from this analysis of tote bags carried at literary festivals: the festival tote that is sold at the festival; totes associated with cultural institutions; totes with political, satirical or ironic slogans; totes that are not associated with any particular arts or cultural brand or institution. I argue that, especially where the first three categories are concerned, the tote bags carried at literary festivals are consciously chosen for the purpose of signalling one’s cultural capital.
FR :
Le sac fourre-tout en toile, souvent marqué du nom et du logo d’une institution culturelle ou librairie populaires, est devenu un raccourci pour signifier le capital culturel accumulé par une personne. Par cet accessoire en apparence inoffensif, elle peut attirer l’attention de ses pairs sur le degré auquel elle souscrit aux industries culturelles et créatives, d’une manière qui se veut décontractée mais est en réalité profondément codée. Le festival littéraire constitue l’occasion idéale pour signaler aux autres qu’elle est une abonnée du New Yorker ou une donatrice du musée Victoria and Albert, par exemple. L’article présente les résultats d’une étude observationnelle menée dans quatre festivals littéraires en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Quatre catégories distinctes se dégagent de cette analyse des sacs fourre-tout utilisés lors de ces festivals : le sac à l’effigie du festival vendu sur place; le sac associé à une institution culturelle; le sac portant un slogan politique, satirique ou ironique; et enfin, le sac qui n’est associé à aucune marque ou institution artistique ou culturelle particulières. Je soutiens que, particulièrement en ce qui concerne les trois premières catégories, le sac arboré lors de festivals littéraires est choisi de façon consciente, dans le but de rendre manifeste le capital culturel de celui ou celle qui le porte.
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Experiments with Book Festival People (Real and Imaginary)
Beth Driscoll et Claire Squires
RésuméEN :
While there are multiple approaches to researching cultural events, predominant academic frames tend to be either sociological or situated within a creative industries discourse. Neither of these approaches have supported sustained engagement with individual, interior experience at book festivals. Creative writers have imaginatively depicted these sites of author-reader interaction, and developing scholarship focuses on autoethnography and the phenomenological. In this article, we extend and materialise these approaches through a series of creative, arts-informed interventions: @AuthorsYurt, a personification on Twitter of the Edinburgh International Book Festival’s green room; Paper Dolls, a series of cut-out-and-dress dolls depicting audience members at a variety of book festivals across Europe, North America and Australia; and ClueButeDo, a satirical reworking of the audience feedback form at a small island crime festival in the UK. Each of the three experiments reveals aspects of personhood at book festivals, engaging with ideas of interiority, individuality, and experientiality, as well as of inclusion and exclusion. In pursuing this aim, we are guided by the autoethnographic slogan, “No Insight Without Inside, No Inside Without Outside” (Nunu Otot).
FR :
Bien qu’il existe de multiples approches en matière de recherche sur les activités culturelles, les cadres universitaires prédominants ont tendance à être sociologiques, ou encore inspirés de la manière dont on aborde les industries créatives. Ceux-ci ne permettent pas de prendre véritablement en compte l’expérience individuelle et intérieure vécue lors de festivals du livre. Des écrivains ont dépeint ces lieux d’interaction entre l’auteur et le lecteur; de son côté, la recherche actuelle tend à s’axer sur l’autoethnographie et la phénoménologie. Dans l’article, nous prolongeons et rendons plus tangibles ces approches en nous appuyant sur diverses interventions créatives, inspirées des arts : @AuthorsYurt, une personnification, sur Twitter, de la salle verte du Festival international du livre d’Édimbourg; Paper Dolls, des poupées de papier à habiller représentant des membres du public présent à divers festivals du livre en Europe, en Amérique du Nord et en Australie; et ClueButeDo, une reformulation satirique des commentaires de participants à un festival du roman noir tenu sur la petite île de Bute au Royaume-Uni. Chacun de ces exemples révèle des aspects de la personne telle qu’elle se situe dans un festival du livre, à partir des notions d’intériorité, d’individualité et d’expérientialité, ainsi que d’inclusion et d’exclusion. Nous sommes ici guidées par le slogan autoethnographique « No Insight Without Inside, No Inside Without Outside » (« Pas d’intériorité sans intérieur, pas d’intérieur sans extérieur ») (Nunu Otot).
Varia
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The Class of 1838: A Social History of the First Victorian Novelists
Allen Riddell et Troy J. Bassett
RésuméEN :
Following the work of Raymond Williams, this article examines the 81 fiction authors published in 1838. First, we examined the social origins of the authors as judged by their fathers’ occupations. Whereas the majority of adults living in the British Isles during this period were working class, the majority of the Class of 1838 originated in the upper classes. Second, we traced their careers by finding their ages at first published novel, their total novels, and the span of their careers. Though no significant differences were found between the careers of men and women authors, there was a general lack of persistence to write a second novel. And last, we inspected the title pages of the 87 published works of fiction in 1838 to investigate the ways in which authors presented themselves to readers. Contrary to expectations, men authors were more likely than women authors to conceal their identities.
FR :
S’inspirant des travaux de Raymond Williams, le présent article porte sur les 81 écrivains publiés en 1838. Nous examinons d’abord l’origine sociale de ceux-ci, établie en fonction de l’activité du père. Alors que la majorité des adultes des îles Britanniques appartenaient à l’époque à la classe ouvrière, la plupart des écrivains de la cohorte de 1838 émanaient des classes supérieures. Nous dressons ensuite un portrait de leur carrière à partir des données suivantes : âge auquel ils ont publié leur premier roman, nombre de romans publiés et nombre d’années sur lequel leur carrière s’est échelonnée. Aucune différence significative ne se dégage entre la carrière des hommes et celle des femmes. Cependant, on remarque l’absence d’un second roman chez nombre des membres de la cohorte. Enfin, nous nous attardons à la manière dont les écrivains se présentent au lectorat sur la page titre des 87 oeuvres de fiction publiées en 1838. Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, les hommes dissimulent leur identité dans une plus large proportion que les femmes.
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Les éditeurs émergents en Belgique francophone : enjeux de fonctionnement et de développement
Louis Wiart
RésuméFR :
Cet article rend compte d’une recherche socioéconomique qui porte sur les maisons d’édition belges francophones créées entre 2005 et 2015. Trente entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès d’éditeurs et de représentants d’organismes professionnels et d’institutions publiques. L’objectif est d’analyser la situation des éditeurs émergents et de comprendre les démarches éditoriales, les types de fonctionnement, les modes d’organisation de la production et de la commercialisation, au regard d’un contexte de polarisation accentuée de la filière du livre en Belgique. Si l’étude souligne la prégnance de traits propres à la petite édition (positionnements spécialisés, modèles structurels simples appuyés par des moyens limités, fragilité économique, etc.), elle permet également de caractériser les conditions dans lesquelles des formes plus industrielles d’édition voient le jour. Dans cette perspective, nous montrons comment, dans un contexte d’interpénétration globale des marchés du livre de langue française, les éditeurs émergents de Belgique se partagent entre stratégies d’assise locale et développement international.
EN :
This article presents the results of a socio-economic research project that focuses on French‑speaking Belgian publishing houses founded between 2005 and 2015. Thirty loosely‑structured interviews were conducted with publishers and representatives of professional organizations and public institutions. The objective is to analyze the situation of emerging publishers, and to understand their editorial procedures, their operating styles, and their modes of production and marketing organization within the context of a pronounced polarization of the Belgian book sector. While the study emphasizes the importance of features specific to small publishing houses (specialized positioning, simple structural models supported by limited means, economic fragility, etc.), it also makes it possible to characterize the conditions under which more industrial forms of publishing appear. From this perspective, we show how, in a context of global interpenetration of French‑language book markets, emerging publishers in Belgium are torn between local based strategies and international development.