La fusion des cellules musculaires survient durant le développement des muscles squelettiques et, chez l’adulte, lors de l’adaptation du muscle adulte à un traumatisme musculaire ou à un exercice physique intense. Au cours de ces différents processus, les cellules myogéniques mononucléées (myoblastes ou cellules satellites) sont activées, prolifèrent, se différencient et fusionnent, entraînant la formation et l’hypertrophie des cellules musculaires plurinucléées (myofibres) (Figure 1). Les myofibres sont des composantes essentielles des muscles squelettiques qui permettent la contraction musculaire. Par conséquent, la régulation de leur taille est nécessaire au bon fonctionnement du muscle squelettique. À ce jour, plusieurs facteurs de croissance, dont l’IGF-1 (insulin-like growth factor-1), et l’HGF (hepatocyte growth factor), ont été impliqués dans le processus d’activation des cellules myogéniques. Toutefois, la fusion des cellules myogéniques est un processus plus complexe qui requiert l’orchestration d’une série d’événements cellulaires comme la migration des cellules, leur alignement, leur reconnaissance, leur adhérence, et enfin, la fusion membranaire. À l’heure actuelle, les mécanismes moléculaires qui contrôlent ces processus de fusion myogénique sont peu connus. Cependant, une partie de ce puzzle vient d’être découverte. En effet, une récente publication implique la voie de signalisation de NFATc2 (nuclear factor of activated T cells) dans l’activation du gène de l’interleukine-4 (IL-4) et la fusion des cellules musculaires. Cette voie de signalisation fait intervenir la calcineurine, une phosphatase de type sérine/thréonine, qui est un médiateur essentiel de la signalisation calcique. Ainsi, l’activation de la calcineurine permet la déphosphorylation des facteurs de transcription NFAT ; cela démasque le signal NLS (signal de localisation nucléaire) et permet l’association de ces facteurs NFAT avec l’importine et leur transport dans le noyau où ils activent alors la transcription de leurs gènes cibles. La famille des facteurs de transcription NFAT comprend plusieurs isoformes (NFATc1-c4) ayant chacune un rôle cellulaire propre. Ainsi, des études in vitro ont montré la translocation spécifique de certaines isoformes vers le noyau au cours des différents stades de la différenciation myogénique en réponse au signal calcique [1]. NFATc1 et NFATc2, exclusivement cytoplasmiques au stade de myoblastes, sont transportées dans les noyaux des myotubes nouvellement formés lors de la différenciation myogénique. À l’inverse, NFATc3 est nucléaire dans les myoblastes et cytoplasmique après fusion. Ces résultats suggèrent fortement que ces facteurs de transcription ont des rôles distincts durant la différenciation des cellules myogéniques. D’autres études in vivo et in vitro ont montré l’importance des facteurs NFAT dans la régulation de l’hypertrophie musculaire et la spécification des fibres musculaires en type lent ou rapide (voir Encadré). Par exemple, l’inhibition de la calcineurine par injection de ciclosporine A (CsA) provoque une inhibition de l’hypertrophie musculaire et une transformation des fibres musculaires de type lent en un type rapide (pour revue, voir [2]). Cependant, le rôle de l’activation des NFAT dans cette adaptation physiologique in vivo reste à démontrer. Plus importante est l’observation qu’une stimulation électrique des fibres musculaires en culture, qui mime un signal de type lent, induit la translocation rapide de NFATc1 vers le noyau. Dans ce modèle, la translocation de NFATc1 est sensible à la CsA, confirmant le rôle de la calcineurine dans l’activation de NFATc1 [3]. Ces résultats suggèrent donc un rôle pour NFATc1 dans la spécification des fibres lentes. En revanche, les souris mutantes qui n’expriment pas les gènes NFATc2 ou NFATc3 ont une répartition normale des fibres musculaires de type lent et rapide, mais présentent une réduction de la masse musculaire secondaire à une diminution de la taille des fibres musculaires (mutant NFATc2) et du nombre total de fibres musculaires (mutant NFATc3) [4, 5]. Ces études …
Parties annexes
Références
- 1. Abbott KL, Friday BB, Thaloor D, Murphy TJ, Pavlath GK. Activation and cellular localization of the cyclosporine A-sensitive transcription factor NF-AT in skeletal muscle cells. Mol Biol Cell 1998 ; 9 : 2905-16.
- 2. Schiaffino S, Serrano A. Calcineurin signaling and neural control of skeletal muscle fiber type and size. Trends Pharmacol Sci 2002; 23 : 569-75.
- 3. Liu Y, Cseresnyes Z, Randall WR, Schneider MF. Activity-dependent nuclear translocation and intranuclear distribution of NFATc in adult skeletal muscle fibers. J Cell Biol 2001 ; 155 : 27-39.
- 4. Horsley V, Friday BB, Matteson S, Kegley KM, Gephart J, Pavlath GK. Regulation of the growth of multinucleated muscle cells by an NFATC2-dependent pathway. J Cell Biol 2001 ; 153 : 329-38.
- 5. Kegley KM, Gephart J, Warren GL, Pavlath GK. Altered primary myogenesis in NFATC3(-/-) mice leads to decreased muscle size in the adult. Dev Biol 2001 ; 232 : 115-26.
- 6. Horsley V, Jansen KM, Mills ST, Pavlath GK. IL-4 acts as a myoblast recruitment factor during mammalian muscle growth. Cell 2003 ; 113 : 483-94.
- 7. LaBarge MA, Blau HM. Biological progression from adult bone marrow to mononucleate muscle stem cell to multinucleate muscle fiber in response to injury. Cell 2002 ; 111 : 589-601.
- 8. Alvarez-Dolado M, Pardal R, Garcia-Verdugo JM, et al. Fusion of bone-marrow-derived cells with Purkinje neurons, cardiomyocytes and hepatocytes. Nature 2003; 425: 968-73.
- 9. Rau A, Buttgereit D, Holz A, et al. Rolling pebbles (rols) is required in Drosophila muscle precursors for recruitment of myoblasts for fusion. Development 2001 ; 128 : 5061-73.
- 10. Hawke TJ, Garry DJ. Myogenic satellite cells: physiology to molecular biology. J Appl Physiol 2001 ; 91 : 534-51.
- 11. Nelms K, Keegan AD, Zamorano J, Ryan JJ, Paul WE. The IL-4 receptor: signaling mechanisms and biologic functions. Annu Rev Immunol 1999; 17 : 701-38.
- 12. McNally AK, Anderson JM. Beta1 and beta2 integrins mediate adhesion during macrophage fusion and multinucleated foreign body giant cell formation. Am J Pathol 2002 ; 160 : 621-30.
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