Compte rendu d’un séminaire

Créativité et muséologie autochtoneDialogue entre conservateurs-artistes autochtones d’Australie et du Québec[Notice]

  • Jean Tanguay et
  • Élisabeth Kaine

…plus d’informations

  • Jean Tanguay
    Musée de la civilisation, Québec

  • Élisabeth Kaine
    Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi
    elisabeth_kaine@uqac.ca

À l’occasion de l’ouverture de l’exposition Lignes de vie. Art contemporain des autochtones d’Australie (21 octobre 2015 au 5 septembre 2016), le Musée de la civilisation de Québec, sous l’initiative de Jean Tanguay et de Françoise Dussart, a organisé les 19 et 22 octobre 2015 un séminaire ayant pour titre Créativité et muséologie autochtone. Dialogue entre conservateurs-artistesautochtones d’Australie et du Québec. Cette activité visait à susciter un échange entre autochtones québécois et australiens sur le rôle des conservateurs autochtones et le contexte dans lequel ils évoluent. Il existe très peu d’écrits sur la réalité de ces conservateurs et il nous semblait opportun d’organiser cette rencontre dans le but de permettre les échanges, les partages d’expériences et d’éventuels réseautages autour de projets communs. Ce séminaire offrait également une occasion de développement professionnel en plus de favoriser l’ouverture aux autres dans un contexte de mondialisation. Les participants ont pu partager et comparer leurs expériences pratiques en muséologie, soit en contexte de musées nationaux ou encore de centres culturels autochtones. Plus largement, cette rencontre a été l’occasion de poser un regard sur le rapport actuel entre la muséologie et les peuples autochtones. Il est intéressant de souligner que ce séminaire s’est déroulé plus de vingt-cinq ans après la rencontre « Préserver notre héritage : une conférence de travail entre les Musées et les Premières Nations » (1988) qui, de nos jours, est considérée comme un événement phare associé au développement de la muséologie autochtone canadienne car elle allait permettre à des participants autochtones et à des muséologues de définir ensemble ce qui favoriserait un véritable partenariat entre les Musées et les Premières Nations. C’est au terme de cette rencontre que fut créé le groupe de travail sur les Musées et les Premières Nations, composé de vingt-cinq individus, incluant plusieurs aînés autochtones. L’exercice comportait des consultations régionales, de même que la réception de nombreuses recommandations d’organismes et individus et des échanges menés lors de quatre réunions nationales du groupe de travail. Le rapport Tourner la page : Forger de nouveaux partenariats entre les Musées et les Premières Nations qui en résulta expose les enjeux et recommandations issus de cet exercice. Aux fins de ce compte rendu, retenons les éléments suivants : 1) une participation accrue des Premières Nations au travail des Musées est essentielle pour améliorer la représentation et l’interprétation de leur histoire et de leur culture ; 2) l’incorporation des Premières Nations aux équipes des musées aiderait à éduquer et à sensibiliser le personnel aux perspectives et aux philosophies autochtones aussi bien qu’aux intérêts des communautés autochtones. Aux cours des années qui suivirent le dépôt du rapport, les recommandations incitèrent effectivement beaucoup d’institutions muséales à tourner la page et à laisser place à une participation plus grande des autochtones à leurs projets. Un certain nombre d’entre eux furent engagés comme employés au sein de ces institutions. Une nouvelle approche participative allait ainsi mener à quelques initiatives notables au Canada et en d’autres lieux à travers la planète. Pensons aux processus collaboratifs qui ont mené à la réalisation d’expositions à thématiques autochtones telles que Niitsitapiisini: Our Way of Life au Glenbow Museum de Calgary (2001), Native voice au National Museum of the American Indian à Washington (2004), First Peoples au Bunjilaka Gallery, Melbourne Museum (2013), Porter son identité – La collection Premiers Peuples au Musée McCord de Montréal (2012) ou, récemment, C’est notre histoire : Premières Nations et Inuit au xxie siècle au Musée de la civilisation de Québec (2013). Au regard de ces initiatives, qu’en est-il aujourd’hui de la muséologie autochtone ? Avons-nous réussi à créer une véritable …

Parties annexes