Revue Organisations & territoires
Volume 28, numéro 3, 2019
Sommaire (14 articles)
Éditorial
Présentation « Dossier spécial »
Dossier spécial
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Le concept d’écosystème entrepreneurial : un outil pertinent de mise en oeuvre d’une politique de développement économique régional
Stéphane Pronovost, Pier-Olivier Poulin et Christine Lemieux
p. 1–10
RésuméFR :
Cet article traite d’une étude de cas de l’implantation d’un cadre d’analyse d’écosystèmes entrepreneuriaux régionaux (EER) au sein d’une organisation gouvernementale. Le contexte dans lequel ce cadre d’analyse a été élaboré est expliqué, tout comme le processus qui nous a permis de coconstruire un cadre pertinent et utile sur plusieurs plans pour l’organisation. Le cadre d’analyse a pris forme dans un tableau de bord, qui est détaillé. Cette étude de cas démontre l’importance de la participation des acteurs concernés dans l’élaboration d’un cadre d’analyse et appelle à une plus grande collaboration entre praticiens et chercheurs.
EN :
This article is a case study on the implementation of an analytical framework for regional entrepreneurial ecosystems within a government organization. The context in which this framework was developed is explained, as is the process that allowed us to co-construct a relevant and useful framework for the organization. The analytical framework took shape in a dashboard that is detailed. This case study illustrates the importance of involved stakeholder participation in the development of an analytical framework and calls for greater collaboration between practitioners and researchers.
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Écosystème de l’industrie de l’humour francophone au Québec
François Brouard et Christelle Paré
p. 11–22
RésuméFR :
L’industrie de l’humour francophone occupe une place importante dans la culture québécoise. L’étude d’une industrie en utilisant le concept d’écosystème est de plus en plus populaire en gestion. Ce concept comme cadre d’analyse permet de mieux percevoir les liens entre les acteurs interdépendants d’un milieu donné. Dans le milieu de l’humour, l’écosystème gravite autour d’un acteur clé, l’humoriste. L’objectif de cet article est de présenter l’écosystème de l’industrie de l’humour francophone au Québec et de rendre apparents les liens entre les acteurs. Les intervenants de l’industrie de l’humour, centré autour de l’humoriste, sont soulignés autant sur les plans du soutien, de la création/production que de la diffusion/promotion. L’écosystème proposé offre un cadre de référence utile dans l’étude d’autres industries culturelles et simplifie la visualisation des différents groupes d’intervenants et leurs interactions contribuant à une meilleure action des pouvoirs publics et des intervenants.
EN :
The Francophone comedy industry is very significant in the Quebec culture. Studying an industry with the ecosystem concept is increasingly popular in management. This ecosystem concept, as an analysis framework, allows better perception between interdependent players of a given circle. The comedy industry ecosystem focuses on the comedian. The objective of this article is to introduce the Francophone comedy industry ecosystem in Quebec and underline the relevant links between players. The players in the comedy industry, who are centered on the humorist, are mentioned for both creation/production and distribution/promotion. The proposed ecosystem provides a framework that is useful for studying other cultural industries and it simplifies visualizing various groups of players and their interactions. This thereby contributes to better action by the public authorities and the players.
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L’entrepreneuriat technologique : ses parties prenantes et leurs implications
Yan Castonguay, Samuel Saint-Yves Durand, Rhizlane Hamouti et Alex Cayrol
p. 23–30
RésuméFR :
Étant moins bien connu et documenté que l’entrepreneuriat conventionnel, l’entrepreneuriat technologique se distingue par son processus d’innovation gravitant principalement autour de la création d’une technologie. Ce projet de recherche vise à mieux comprendre le rôle des parties prenantes au sein de l’écosystème entrepreneurial lors de projets d’innovation technologique. Basées sur une approche exploratoire, 11 entrevues semi-structurées ont été réalisées en 2017 auprès d’entrepreneurs qui créent des technologies diverses dans la province de Québec au Canada. L’analyse de ces entrevues a permis d’identifier les implications des parties prenantes dans les trois phases du processus d’innovation technologique : la conception, la mise en oeuvre et le marketing. Par conséquent, cette recherche fournit non seulement des recommandations pour les entrepreneurs technologiques, mais aussi des pistes de recherche.
EN :
Being less known and documented than conventional entrepreneurship, technological entrepreneurship can be distinguished by its innovation process that revolves around the creation of a technology. This research project is intended to help to better understand the role of the stakeholders within the entrepreneurial ecosystem in technological innovation projects. Based on an exploratory approach, 11 semi-structured interviews were conducted in 2017 with entrepreneurs who create various technologies in the province of Quebec, Canada. The analysis of these interviews allowed to identify the participation of the stakeholders in the three phases of the technological innovation process: conception, implementation and marketing. Consequently, this research provides not only recommendations for technological entrepreneurs, but also clues for research.
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L’existence d’un écosystème d’innovation en milieu rural : cas de la région de Clare en Nouvelle-Écosse
Kadia Georges Aka et Michel Trépanier
p. 31–42
RésuméFR :
Lorsqu’il s’agit d’innover, les entreprises évoluant dans les milieux ruraux minoritaires font face à plus d’obstacles que leurs homologues d’autres milieux. L’existence d’un écosystème d’innovation (EI) a le potentiel d’aider à surmonter certaines de ces difficultés. Cet article explore le fonctionnement de l’EI dans un milieu rural minoritaire de langue officielle française, soit la région de Clare en Nouvelle-Écosse, en se concentrant sur deux questions : Comment les entreprises de cette région interagissent-elles avec les organisations de soutien? Ces interactions sont-elles intégrées à un EI? Les résultats montrent que les principaux acteurs d’un EI sont en place, mais que leur seule présence n’est pas suffisante pour assurer du soutien adéquat. Il manque à ce jour une plateforme commune de rencontre et d’échange ainsi qu’un leader de l’EI. De plus, l’existence d’une culture du secret affecte négativement la confiance nécessaire aux relations fructueuses et limite les échanges entre les acteurs.
EN :
When it comes to innovation, businesses in rural minority communities face more barriers than their counterparts in other areas. An innovation ecosystem (IE) may help to overcome some of these difficulties. This article explores the functioning of an IE in a Francophone minority rural environment, the Clare region of Nova Scotia, by focusing on two questions: How do companies in this region interact with support organizations? Are these interactions integrated into an IE? The results show that the main actors of an IE are in place but that their presence alone is not sufficient to ensure adequate support. A common platform for meeting and exchange, and an IE leader are still missing. Moreover, the existence of a secrecy culture negatively affects the trust required for fruitful relations and limits exchanges between actors.
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Pour créer des collaborations fructueuses au sein des écosystèmes d’innovation, se rencontrer ne suffit pas
Michel Trépanier, Isabeau Four et Olivier Corbin-Charland
p. 43–52
RésuméFR :
Les initiatives visant à développer un écosystème favorable à la création et à la croissance des entreprises et/ou de l’innovation reposent sur l’idée de réunir une diversité d’acteurs. Les interactions sociales, ouvertes et diversifiées, deviennent alors du soutien et des moteurs de l’innovation. Déterminantes du succès des écosystèmes, elles sont pensées comme « faciles » tant à faire exister qu’à multiplier. Dans le présent article, nous revenons sur quelques constats de base de la sociologie des réseaux, puis utilisons le concept d’homophilie pour examiner la faisabilité sociologique de cette multiplication et de cette diversification des relations. L’analyse s’appuie sur l’étude de deux cas exemplaires. D’une part, l’écosystème montréalais de startups dans le secteur numérique, où l’absence d’homophilie explique la relative rareté des collaborations et, d’autre part, l’Esplanade, un accélérateur et espace collaboratif montréalais dédié à l’entrepreneuriat et à l’innovation sociale, où la ressemblance des acteurs explique les nombreuses collaborations observées.
EN :
Initiatives to develop an ecosystem conducive to the creation and growth of businesses and/or innovation are based on the idea of bringing together a diversity of actors. Open and diversified social interactions then support and drive innovation. These determining factors of ecosystem success are perceived as “easy” both to achieve and to multiply. In this article, we return to some basic findings of network sociology and use the homophily concept to examine the sociological feasibility of this multiplication and diversification of relationships. The analysis is based on the study of two exemplary cases: the case of the Montreal startup ecosystem in the digital field, where the absence of homophily explains the relative scarcity of collaboration, and the case of l’Esplanade, a Montreal business accelerator and collaborative network dedicated to entrepreneurship and social innovation, where the commonality of the actors explains the significant collaboration observed.
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Les leviers organisationnels et les choix des indicateurs de suivi pour concilier les dimensions sociales et entrepreneuriales dans un fablab : le cas du Digilab de Shawinigan au Québec
Cécile Fonrouge
p. 53–61
RésuméFR :
Le terme fablab décrit un lieu physique qui permet la fabrication et l’expérimentation numérique. Que nous apprend le lancement du fablab hébergé dans le Centre d’entrepreneuriat de Shawinigan, en Mauricie (Québec)? Nous avons choisi d’examiner les leviers organisationnels et les indicateurs de suivi. Les principaux enseignements de ce cas portent sur la nécessité de situer ce que sera le fablab : son positionnement, les acteurs concernés, le type de gouvernance choisi et, enfin, le modèle de revenus une fois les subventions épuisées. De plus, des choix opérationnels délicats doivent être faits quant au degré d’ouverture, aux coûts d’accès, aux activités proposées et aux modalités de gestion des lieux. Enfin, des indicateurs de performance permettent un guidage fin et une adaptation du lieu. Ils ne se limitent pas aux traditionnels impacts économiques, mais doivent intégrer des dimensions de développement local, de satisfaction des participants, de qualité des processus et d’apprentissage.
EN :
Fablab is a term that describes a physical place for digital fabrication and experimentation. What does the launching of the fablab located in the "Centre d’entrepreneuriat de Shawinigan", in the Saint-Maurice region of Quebec, teach us? We chose to study the organizational levers and the monitoring indicators. The main lessons of this case are the need to situate what the fablab will be: its positioning, the actors involved, the type of governance chosen and, finally, the income model once the subsidies are exhausted. In addition, sensitive operational choices must be made regarding the degree of openness, access costs, proposed activities and forms of site management. Lastly, performance indicators allow to achieve fine guidance and site adaptation. They are not limited to traditional economic impacts, but must integrate local development, participant satisfaction, process quality and apprenticeship.
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Accompagner la transformation numérique des PME : une perspective écosystémique de la création de valeur
Claudia Pelletier et Vanessa Martel
p. 63–75
RésuméFR :
Dans le monde actuel des affaires, la transformation numérique des PME dépasse désormais le simple choix d’un « outil » technologique. Cela suppose aussi des mutations profondes dans l’organisation, incluant le capital social. Une perspective écosystémique de ce phénomène permet de mieux comprendre comment les acteurs en présence intègrent de nouvelles ressources, tangibles et intangibles, par l’échange de services avec des intervenants socioéconomiques et des spécialistes en technologies de l’information (TI). En organisant la transformation numérique dans un système soutenant la cocréation de valeur, on observe ainsi l’émergence d’une panoplie de programmes visant l’accompagnement de cette transformation. Or, qu’en est-il vraiment de ces échanges entre acteurs indépendants? De quoi sont-ils constitués plus précisément? L’exploration des pratiques d’accompagnement au numérique existantes met de l’avant une logique de services qui se combine aux principes reconnus de l’innovation en contexte de PME. Des contributions théoriques et pratiques complètent le portrait présenté.
EN :
In the actual business context, the digital transformation of SMEs goes beyond the simple choice of a technological “tool”. This situation also supposes profound changes in the organization, including the social capital. An ecosystemic perspective of this phenomenon provides a better understanding of how the actors integrate new tangible and intangible resources, through the exchange of services between socioeconomic professionals and information technology (IT) specialists. Organizing digital transformation in a system that supports cocreation of value allows to observe the emergence of an array of programs intended to accompany this transformation. But what is the actual situation with these exchanges between independent actors? How are they constituted more specifically? Exploring the digital transformation support practices reveals a logic of services that combines with recognized principles of innovation in the SMEs context. Theoretical and practical contributions complete the observed situation.
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Quelles actions pour relever le défi de l’ancrage des jeunes entreprises technologiques dans l’écosystème entrepreneurial ?
L. Martin Cloutier, Sandrine Cueille, Miloud Gamra et Gilles Recasens
p. 77–91
RésuméFR :
Les entrepreneurs dirigeants et accompagnateurs entrepreneuriaux souhaitent mieux comprendre le rôle des dispositifs d’accompagnement dans l’ancrage de la jeune entreprise technologique (JET) au sein de son écosystème. Cet article examine la faisabilité des actions à mettre en oeuvre à partir de leur perspective. L’objectif de recherche consiste à identifier les représentations communes ainsi que les convergences et les divergences de perception entre entrepreneurs dirigeants et accompagnateurs en ce qui concerne la faisabilité des actions soutenant l’ancrage de la JET dans l’écosystème. Les différences de conception et de perception entre ces parties prenantes sont mises en évidence grâce à l’apport de la démarche de cartographie des concepts en groupe (CCG). Les résultats permettent d’identifier et de comprendre les actions à promouvoir et à mettre en oeuvre par les accompagnateurs et acteurs institutionnels au sein des dispositifs d’accompagnement pour aider la JET à mieux s’ancrer dans son écosystème, pour créer de la valeur et pour poursuivre un développement pérenne.
EN :
Entrepreneur managers and entrepreneurial support professionals seek to better understand the role of entrepreneurial support structures in anchoring technology startups within their ecosystem. This article examines the feasibility of actions to be implemented from their perspective. The research objective is to identify common action representations, as well as distinct perceptions regarding action convergences and divergences, between entrepreneur managers and entrepreneurial support professionals, regarding their feasibility in support of technology startups anchoring in the ecosystem. Differences in conceptualization and perception between these ecosystem stake-holders were determined using the group concept mapping (GCM) approach. Results help identify and understand actions to be promoted and implemented by entrepreneurial support professionals and institutional actors in support of technology startups anchoring, value creation and sustainable development in the ecosystem.
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Proximité et innovation : le territoire est-il un déterminant absolu pour les PME ?
Josée St-Pierre, Jacques Bertrand et Tinasoa Razafindrazaka
p. 93–103
RésuméFR :
La vive concurrence difficilement prévisible qui prévaut dans les différents espaces économiques oblige les PME à être beaucoup plus attentives aux besoins de leurs clients et aux réactions de leurs compétiteurs, pour pouvoir défendre ou protéger leur marché, ce qui leur demande d’être innovantes. Or, l’innovation est une activité qui fait appel à des ressources spécifiques qui ne sont pas toujours disponibles chez les PME. Ces dernières peuvent cependant compter sur des ressources externes pour combler leurs besoins. Celles-ci peuvent se trouver à proximité sur leur territoire, ou à l’extérieur de celui-ci selon son niveau de richesse. Est-ce à dire que les PME localisées sur des territoires moins nantis auraient moins de capacité d’innovation que les autres? L’étude des données d’un échantillon de PME québécoises localisées sur deux territoires distincts montre que les taux d’innovation ne sont pas différents, contrairement aux façons d’innover. Ces résultats nous invitent à prendre en compte la diversité des formes et intensités d’innovation pour comprendre ce dont ont besoin les PME pour accroître leurs capacités de créer de la nouveauté.
EN :
The fierce and unpredictable competition that prevails in various economic spaces forces SMEs to be much more attentive to the needs of their customers and the reactions of their competitors, in order to defend or protect their market. They thus need to be innovative. Innovation is an activity that requires specific resources that are not always available to SMEs. However, they can rely on external resources to meet their needs. These may be within or outside their territory, depending on their level of wealth. Does this mean that SMEs located in less wealthy areas would have less potential for innovation than others? The study of data from a sample of Quebec SMEs, located in two distinct territories, shows that the innovation rates are similar, as opposed to ways to innovate. These results lead us to take into account the diversity of innovation types and intensities to understand what SMEs need to increase their potential to innovate.
Espace libre
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Modèle de gestion moderne de projet : entre tradition et renouvellement théorique
Victor Mignenan et Brahim Meddeb
p. 105–117
RésuméFR :
Sur les plans épistémologiques, théoriques et méthodologiques, la gestion moderne de projet est portée par des approches universelles et leurs perspectives critiques, mais aussi par des courants de pensée de l’hypermodernité. L’article met en évidence les modèles paradigmatiques et identifie les cadres théoriques au sein desquels les chercheurs pourraient inscrire leurs travaux. D’abord, la traditionnelle approche universelle positiviste considère le projet comme une entité d’origine pratique. Le gestionnaire y est apprécié selon ses compétences instrumentales, qui optimisent le succès de gestion du projet. En revanche, la perspective contingente met de l’avant la synergie et la collaboration synchronisées des équipes, et elle développe des structures souples pour satisfaire les parties prenantes. En conséquence, l’hypothèse selon laquelle la perspective universelle constitue un meilleur prédicteur du succès des projets que la perspective contingente est un mythe. L’analyse montre que les deux perspectives sont complémentaires, et qu’elles ont à la fois des moteurs et des obstacles pour le succès global du projet.
EN :
On the epistemological, theoretical and methodological levels, modern project management is carried by universal approaches and their critical perspectives, but also by currents of thought of hypermodernity. This article highlights paradigmatic models and identifies the theoretical frameworks within which researchers could write their work. The traditional positivist universal approach considers the project as an entity of practical origin. The manager is valued for his instrumental skills that optimize management success of the project. On the other hand, the contingent perspective puts forward the synchronized synergy and collaboration of the teams; it develops flexible structures to satisfy stakeholders. As a result, the assumption that the universal approach is a better predictor of project success than the contingent approach is a myth. The analysis shows that the two perspectives are complementary, and that they have drivers and obstacles for the overall success of the project.