Comptes rendus

Jean Royer, Introduction à la poésie québécoise. Les poètes et les oeuvres des origines à nos jours, Montréal, BQ, 2009, 188 p. (Coll. Littérature.)[Notice]

  • Jean Nicolas De Surmont

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S’il est un fier représentant de la littérature québécoise sinon de la poésie québécoise, c’est bien le critique littéraire et académicien Jean Royer, lui-même poète avisé, auteur de quelques dizaines de recueils. Critique littéraire au Devoir de 1977 à 1991, ses poèmes sont traduits en plusieurs langues dont l’anglais, l’espagnol, l’italien et le chinois. Outre son Introduction à la poésie québécoise qui constitue une réédition (première édition publiée en 1989), Royer est aussi l’auteur d’une anthologie : La poésie québécoise contemporaine (anthologie), Montréal / Paris, l’Hexagone / La Découverte, 1987, rééditée en 1991, et Le Québec en poésie – anthologie, Paris Gallimard, 1987, anthologie rééditée en 1996. Royer est aussi l’auteur de nombreux volumes d’entretiens avec des poètes québécois et il a dirigé de nombreux ouvrages collectifs. C’est là résumer bien succinctement une carrière d’écrivain qui a maintenant près de cinquante ans. La première édition de son anthologie en 1989 était une suite logique aux cinq tomes d’entretiens avec des écrivains contemporains, dont plusieurs poètes québécois, aux Éditions de l’Hexagone. La nouvelle édition que nous offre Royer est augmentée d’un important chapitre sur la poésie des années 1990 et 2000 avec un avant-propos. Elle synthétise l’évolution de l’histoire de la poésie au Québec depuis les découvreurs de la Nouvelle-France jusqu’aux poètes de la diversité et de la maturité littéraire du Québec actuel. L’auteur écrit dans la page liminaire : Dans l’avant-propos de cette édition remaniée et amplifiée, Royer écrit que c’est à connaître leur place dans l’histoire littéraire qu’on apprécie le mieux les poètes et leur poésie. L’ouvrage est subdivisé en six parties : première partie : les origines (1534-1895) ; deuxième partie : les fondations (1895-1937) ; troisième partie : l’âge de la parole (1937-1968) ; quatrième partie : l’âge des langages (1968-1983) ; cinquième partie : les années 1980 et le retour au lyrisme ; sixième partie : les années 1990 et 2000 : maturité et diversité. Le corps du texte est complété par des suggestions de lecture, une bibliographie choisie, un index et la bibliographie de l’auteur. Le chapitre consacré à la production poétique en Nouvelle-France n’est guère plus étoffé que les nombreuses introductions à la poésie vocale, omettant de traiter de l’oralité amérindienne ainsi que des chansons de tradition orale. L’auteur se cantonne à la poésie non chantée : les vers polémiques, la caricature autant que les cantiques religieux. C’est surtout en évoquant Marie Guyart (Marie de l’Incarnation) que Royer fait état d’une réelle et abondante production poétique, une poésie mystique comme elle était assez courante en ces temps (voir sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix, etc.) dans différents ordres monastiques. Cette première partie est quelque peu lacunaire et Royer aurait pu l’étoffer sur la base de l’activité chansonnière de l’époque, une activité en soi pleine de poésie, une poésie du quotidien. Ce n’est qu’au chapitre suivant qu’il commence à faire état d’une activité chansonnière par les chansons des patriotes. Bien qu’il mentionne la célèbre « Chanson des voyageurs », il omet de signaler l’existence des chansons de tradition orale et des nombreux recueils de chansons, qui sont souvent des recueils de poèmes puisqu’ils sont publiés sans partitions, à partir de 1821. De cette chanson devenue « À la claire fontaine », Royer affirme, en citant Conrad Laforte, que les vers « Jamais je ne t’oublierai » seraient de même inspiration que la devise « Je me souviens ». Avec justesse, Royer précise que les premières poésies canadiennes voient le jour dans le journal La Gazette de Québec. Il attribue à Bibeau le premier recueil de poèmes (1830) (Épîtres, satires, …