Comptes rendus

HARDY, René et Normand SÉGUIN, dir., Histoire de la Mauricie (Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval et Éditions de l’IQRC, coll. « Les régions du Québec », no 17, 2004), 1139 p.[Record]

  • Serge Côté

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  • Serge Côté
    Centre de recherche sur le développement territorial, Université du Québec à Rimouski

Cet imposant ouvrage est le fruit du travail d’une équipe dont la majorité des membres sont liés à l’Université du Québec à Trois-Rivières. La première partie de l’ouvrage, qui comprend trois chapitres, va de la préhistoire jusqu’au xviiie siècle. Les auteurs nous parlent d’abord de l’occupation amérindienne de la vallée de la Saint-Maurice. Cette présence amérindienne remonte à environ 6000 ans. Plusieurs groupes humains se sont succédé à l’intérieur de cette période. Les auteurs font un bilan des contacts entre les Français et les Amérindiens. Ces derniers jouent un rôle indispensable dans le commerce des fourrures. Le lecteur trouve aussi dans cette partie une description minutieuse des cadres institutionnels mis en place par les colonisateurs français : paroisses, seigneuries et, bien sûr, « gouvernement » de Trois-Rivières qui fait de cette ville et du territoire environnant une entité administrative distincte à la tête de laquelle on retrouve un gouverneur propre. La région se signale à cette époque par une activité économique particulière, la sidérurgie (naissance des Forges de Saint-Maurice et d’un village à vocation industrielle). Cette première partie se termine par un examen des premières années du Régime britannique (1760-1800). La population de la région fait plus que doubler pendant ces quelques décennies, principalement par accroissement naturel. Les nouveaux arrivants liés à la couronne britannique sont peu nombreux, mais ils occupent presque tous les postes d’influence dans le monde politique et dans la sphère économique. La deuxième partie de l’ouvrage (cinq chapitres) est consacrée au xixe siècle. Les activités de production sont décrites avec beaucoup de soin. Le lecteur saisit les grandes forces qui ont modelé la vie économique du territoire dans les sphères agricole (établissement de la spécialisation laitière, entre autres), forestière et sidérurgique (jusqu’au déclin final dans ce cas). Les liens étroits que les activités forestières et sidérurgiques ont entretenus avec le monde rural sont mis en évidence. L’impact de la crise de 1873-1879 est bien illustré. Quelques faits marquants sur le plan politique sont soulignés : par exemple, l’écho du mouvement patriote et des rébellions dans la région mauricienne et l’accueil peu enthousiaste réservé au projet confédératif. Tout au long de ce siècle, l’Église, qui se distingue par ses positions conservatrices, voit son influence s’accroître : recrutement abondant du clergé, acquisition de positions fortes dans l’éducation et les services de santé, autorité morale grandissante. La troisième partie de l’ouvrage (neuf chapitres) couvre les années 1900-1950. La région connaît pendant cette période un essor industriel remarquable, impulsé par l’hydroélectricité. Les trois secteurs phares qui prennent leur envol dans la première moitié du XXe siècle, chimie, aluminium et pâtes et papiers, y trouvent leur source d’énergie principale. D’autres activités industrielles, tels le textile et le vêtement, connaissent une croissance importante. La région s’urbanise rapidement : au noyau trifluvien, qui se modifie considérablement, s’ajoute un axe qui longe la Saint-Maurice avec Shawinigan, Grand-Mère et La Tuque. La forêt mauricienne est exploitée beaucoup plus intensément pour les besoins de l’industrie papetière. Dans le monde rural, la complémentarité entre l’exploitation forestière et l’agriculture se poursuit sur une grande partie du territoire. Chez les agriculteurs, on assiste à l’essor du coopératisme et du syndicalisme agricole. Le syndicalisme ouvrier s’implante difficilement dans la région avec ses deux variantes, internationale et catholique. L’emprise de l’Église demeure forte, tout en se modifiant : son influence se fait désormais sentir sur certains journaux et sur nombre de structures associatives, mais s’atténue dans le domaine de l’assistance sociale. Les auteurs s’intéressent de près aux effets matériels et idéologiques de la crise de 1929 qui frappe brutalement la région jusqu’à la fin des années 1930. La …