Volume 91, Number 3, September 2015
Table of contents (5 articles)
Articles
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Êtes-vous dans une meilleure situation économique qu’il y a quatre ans? Examen de la perception du revenu des médecins de famille en Ontario
David Gray, William Hogg, Michael E. Green and Yan Zhang
pp. 255–280
AbstractFR:
La perception subjective du revenu joue un rôle important dans les relations de travail et la satisfaction au travail. Lorsque les travailleurs estiment qu’ils ont déjà fait des sacrifices antérieurs en matière de salaires et d’avantages sociaux, ils risquent d’avoir des aspirations plus élevées aux prochaines rondes de négociations collectives que ce n’aurait été le cas autrement. Malgré le rôle important des perceptions subjectives du revenu actuel, il est difficile d’en tenir compte dans la recherche appliquée car on ne les observe pas très souvent dans la pratique. À notre connaissance, il y a peu ou pas d’études scientifiques qui portent sur l’exactitude des perceptions rétrospectives ou actuelles du revenu par opposition aux attentes prospectives.
Cette étude porte sur les médecins de soins primaires indépendants et non salariés dans la province canadienne de l’Ontario. Nous nous intéressons à leurs perceptions rétrospectives du revenu touché au cours d’une période récente, et ce pour deux raisons. Premièrement, ce facteur pourrait influencer leurs attentes futures de revenu. Deuxièmement, l’augmentation ou la baisse perçue du revenu réel aura probablement une incidence importante sur la négociation des salaires et des honoraires sans compter sur la satisfaction au travail et le moral.
Notre analyse empirique évalue l’exactitude de l’évaluation rétrospective du revenu réel par les médecins de famille en comparant l’évolution réelle et l’évolution perçue du revenu au cours d’une période de référence. Nous avons bénéficié d’une source de données unique pour déterminer l’écart entre l’évolution réelle et l’évolution perçue du revenu, soit les données des déclarations de revenus. Notre méthodologie comprend des statistiques descriptives ainsi qu’une analyse de régression multivariée.
Notre étude révèle que les médecins de famille ont une tendance un peu surprenante à sous-estimer l’évolution véritable de leur revenu. En effet, plusieurs des sujets de l’échantillon ont réalisé une croissance de revenu plus importante qu’ils le croyaient au cours de la période de référence. Cette perception fausse de l’évolution du revenu était plus marquée chez les médecins dont le revenu réel avait baissé ou peu augmenté. Néanmoins, plus l’augmentation réelle du revenu était importante, plus le sujet était susceptible de signaler une augmentation de revenu.
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Un Québec égalitaire? Évolution du 1 % le plus riche, 1973-2008
Nicolas Zorn
pp. 281–312
AbstractFR:
Les inégalités de revenus sont en hausse dans la plupart des pays développés, un phénomène en partie causé par la croissance plus rapide des revenus des mieux nantis, plus particulièrement le 1 % le plus riche. Le Québec a la réputation d’être plus égalitaire que le reste du Canada. A-t-il connu une augmentation des écarts de revenus en faveur des mieux nantis? À partir des statistiques fiscales des particuliers, nous avons compilé l’évolution de la part des revenus captée par le 1 % le plus riche au Québec, de 1973 à 2008. Après avoir connu une baisse de 1973 à 1984, la tendance s’est inversée à la hausse de 1985 à 2008, favorisée par la croissance de la part des revenus non salariaux. Les revenus moyens de marché du 99 % restant ont connu une stagnation de 1980 à 1999, puis une légère hausse de 2000 à 2008. La situation a été beaucoup plus favorable pour le premier centile québécois, ayant connu une croissance quatre fois plus importante que le 99 % restant de 1985 à 2008. Les mécanismes en cause sont multiples et les institutions, en particulier la baisse du taux marginal d’imposition, pourraient avoir joué un rôle important.
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Dualisme financier et politique monétaire : un réexamen théorique des implications
Alain L. Babatoundé
pp. 313–338
AbstractFR:
Cet article réexamine les implications monétaires du dualisme financier. Enrichissant le cadre d’analyse de Sidrauski (1967), Montiel (1991) puis Agénor et Alper (2009) des dépôts décentralisés pour lesquels les agents ont une préférence (Ary Tanimoune, 2007), nous dérivons l’offre de dépôts des agents non financiers sur le marché des fonds prêtables. Nous montrons que le taux d’intérêt créditeur des institutions de microfinance (IMF) et celui des banques ont un même effet direct ou indirect sur l’offre de dépôts décentralisés; cet effet dépend d’un niveau critique de différentiel de taux. L’effet substitution attendu d’une hausse de taux d’intérêt créditeur des banques s’opère si et seulement si le différentiel de taux qui prévaut est inférieur à ce seuil critique. Nous concluons ainsi, que la politique de taux créditeur reste inefficace lorsque les différentiels de taux d’intérêt entre les deux sous-secteurs sont relativement faibles. Avec cet ancrage théorique, non seulement le résultat relativise la proposition de Eboué (1990) suivant laquelle les dépôts décentralisés renforcent l’activité bancaire avec une meilleure mobilisation de l’épargne à des fins d’investissement productif, mais aussi, il apporte une explication à l’échec des politiques de libéralisation financière dans les économies en développement. Le modèle permet d’établir par ailleurs, une relation inverse entre l’offre de dépôts décentralisés et le taux d’intérêt sur le marché monétaire.
EN:
This paper seeks to reexamine monetary implications of financial dualism. Improving the framework of Sidrauski (1967), Montiel (1991), Agénor and Alper (2009) with decentralized deposits for which, agents have preference (Ary Tanimoune, 2007), we derive the deposit supply of non-financial agents on the fundable market. We show that both deposit interest rates of microfinance institutions (MFI) and bank have the same direct or indirect effect on the decentralized deposit supply; this effect depends on a critical value of interest rates differential. The expected substitution effect of the rise of bank deposit interest rate holds if and only if rates differential is less than this critical level. Then, we conclude that deposit interest rate policy of banking sector remains ineffective when interest rates differential between the two subsectors is relatively low. With this theoretical anchoring, not only the finding qualifies the proposition of Eboué (1990) that decentralized deposits reinforce bank financing activities by best savings mobilization for productive investment issue, but also, it gives some explanation of the financial liberalization policies failures in less developed countries. Moreover, the model enables us to establish inverse relation between decentralized deposits supply and interest rate in the money market.
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Analyse des déterminants de l’intensité de la recherche d’emploi en Côte d’Ivoire
Coffie Francis-José N’Guessan
pp. 339–366
AbstractFR:
L’objectif de cette étude est d’analyser, pour la Côte d’Ivoire, les déterminants de l’intensité de la recherche d’emploi et du choix des modes de recherche d’emploi. Nous avons eu recours à une analyse économétrique appliquée à un échantillon de jeunes chômeurs issus de la base de données de « l’enquête-emploi Abidjan 2008 », réalisée par l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (AGEPE). Les principaux résultats indiquent que les chômeurs ivoiriens sont moins actifs en terme de recherche d’emploi que les chômeurs non ivoiriens et ont davantage recours aux concours. Par ailleurs, les chômeurs faiblement qualifiés sont moins actifs en matière de recherche d’emploi que les chômeurs qualifiés et ont tendance à avoir recours aux réseaux de relations. Les chômeurs qualifiés, privilégient, quant à eux, les méthodes formelles de recherche d’emploi. Les résultats de l’étude, révèlent également que le taux de chômage et la densité de la commune de résidence du chômeur ont une influence sur l’intensité de la recherche d’emploi et le choix des méthodes de recherche d’emploi. L’étude montre aussi que la proximité à une zone d’emploi accroît l’intensité de recherche d’emploi tandis que la présence d’un service public de l’emploi (SPE) dans la commune n’incite pas à être actif en matière de recherche d’emploi. Ainsi, même si la proximité avec les agences locales d’emploi réduit les coûts de recherche d’emploi, la faiblesse des rendements attendus pourrait être un motif de découragement à la recherche active d’emploi.
L’économique en perspective
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Euro PP : comment situer le placement privé parmi les modes de financement des PME-ETI?
Sébastien Galanti and Iarina Lazar
pp. 367–382
AbstractFR:
Ouvert fin 2012 en France, le marché de l’Euro PP promeut le placement privé comme une solution complémentaire au financement bancaire pour les petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de tailles intermédiaires (ETI). Il consiste en un partenariat entre une banque organisatrice et d’autres partenaires –principalement des assureurs. Cet article montre que, si sa mise en oeuvre constitue effectivement un chaînon manquant entre le crédit bancaire et le financement de marché, son succès futur n’est pas garanti et dépend des financements alternatifs : cote boursière dédiée aux PME, « business angels » et titrisation de crédit PME. De plus, les différentes politiques de soutien au crédit aux PME initiées par le gouvernement français ou l’Union européenne, ainsi que la relative faiblesse actuelle de la demande de financement de la part des PME-ETI nous amènent à relativiser les perspectives d’essor rapide de ce marché.
EN:
Launched by the end of 2012 in France, the Euro PP market aims at promoting the private placement as a complementary solution to the banking financing of small and medium enterprises (SME). It is a partnership between an undertaking bank and different partners – mostly insurance companies. This article shows that this financing lies midway between banking and market financing. However its future success is not certain. It will depend on the success of the other alternative financings : stock exchanges dedicated to the SMEs, business angels, and SMEs’ loans securitization. Moreover, the policies of enhancing bank loans to SMEs (initiated by the French government or the European Union), and also the relative weakness of SMEs’ demand for financing, lead us to mitigate the prospects of a sudden growth of the private placement market.