Les ateliers de l'éthique
The Ethics Forum
Volume 13, Number 1, Winter 2018
Table of contents (12 articles)
Dossier : Changements climatiques, autonomie de la nature et souffrance animale : repenser les frontières entre l’éthique animale et l’éthique environnementale / Dossier: Climate Change, Autonomy of Nature, and Animal Suffering: Rethinking Borders Between Animal Ethics and Environmental Ethics
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Sous la direction de Ely Mermans
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CHANGEMENTS CLIMATIQUES, AUTONOMIE DE LA NATURE ET SOUFFRANCE ANIMALE : REPENSER LES FRONTIÈRES ENTRE L’ÉTHIQUE ANIMALE ET L’ÉTHIQUE ENVIRONNEMENTALE : introduction
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CONSERVATION STRATEGIES IN A CHANGING CLIMATE—MOVING BEYOND AN “ANIMAL LIBERATION/ENVIRONMENTAL ETHICS” DIVIDE
CLARE PALMER
pp. 17–42
AbstractEN:
This paper argues that there is no simple rift between animal liberation and environmental ethics in terms of strategies for environmental conservation. The situation is much more complicated, with multiple fault lines that can divide both environmental ethicists from one another and animal ethicists from one another—but that can also create unexpected convergences between these two groups. First, the paper gives an account of the alleged rift between animal liberation and environmental ethics. Then it’s argued that this rift was always exaggerated. For instance, animal ethicists who prioritize aggregate animal welfare have always converged with environmental ethicists in supporting certain cases of hunting and culling, and, in doing so, they have diverged from animal rights theorists, who generally oppose these practices. Pervasive threats such as climate change make it likely that environmental ethicists will also diverge from one another in terms of the conservation strategies they support, depending on what values they prioritize. For instance, conservation strategies that protect species may not necessarily protect other environmental values such as ecosystem flourishing or wildness. The paper concludes that conservation under climate change is likely to bring both new divergences and new convergences, and that these are unlikely to take the form of a rift between animal liberation and environmental ethics.
FR:
Cet article soutient qu’il n’existe pas un clivage simple entre le mouvement de la libération animale et l’éthique environnementale quant aux stratégies de conservation environnementale. La situation est bien plus complexe, de nombreuses lignes de faille pouvant d’une part diviser autant les spécialistes d’éthique environnementale que les spécialistes d’éthique animale et, d’autre part, créer des convergences inattendues entre ces deux groupes. L’article fait d’abord état du prétendu clivage entre le mouvement de la libération animale et l’éthique environnementale, pour ensuite démontrer l’exagération de ce clivage. Par exemple, les spécialistes d’éthique animale qui priorisent le bien-être global des animaux se sont toujours accordé avec les spécialistes d’éthique environnementale pour approuver certains cas de chasse et d’abattage, divergeant par là-même des théoriciens des droits des animaux, qui s’opposent généralement à ces pratiques. De plus, des menaces omniprésentes telles que le changement climatique auront vraisemblablement pour effet de diviser les éthiciens environnementaux selon les stratégies de conservation qu’ils préconisent en fonction de leurs valeurs prioritaires. Ainsi, les stratégies de conservation qui protègent certaines espèces ne protègeront pas nécessairement d’autres valeurs environnementales telles que l’épanouissement des écosystèmes ou la préservation de leur état sauvage. L’article tire la conclusion que, dans le contexte des changements climatiques, la question de la conservation est susceptible de soulever à la fois de nouvelles divergences et de nouvelles convergences, lesquelles ne prendront probablement pas toutefois la forme d’un clivage entre le mouvement de la libération animale et l’éthique environnementale.
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WHY ANIMAL WELFARE IS NOT BIODIVERSITY, ECOSYSTEM SERVICES, OR HUMAN WELFARE: TOWARD A MORE COMPLETE ASSESSMENT OF CLIMATE IMPACTS
KATIE McSHANE
pp. 43–64
AbstractEN:
Taking the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) as representative, I argue that animal ethics has been neglected in the assessment of climate policy. While effects on ecosystem services, biodiversity, and human welfare are all catalogued quite carefully, there is no consideration at all of the effects of climate change on the welfare of animals. This omission, I argue, should bother us, for animal welfare is not adequately captured by assessments of ecosystem services, biodiversity, or human welfare. After describing the paper’s assumptions and discussing the role of the IPCC’s Assessment Reports in climate policy, I consider the presentation of climate impacts in the IPCC’s Fifth Assessment Report, noting the aspects of animal welfare that are (and are not) considered there, and comparing the report’s treatment of animal welfare to its treatment of human welfare. Next, I argue that the concepts of ecosystem services, biodiversity, and human welfare do not adequately capture the welfare of animals. Finally, I discuss concerns about human responsibility for animal welfare and the practicality of including considerations of animal welfare among the climate impacts studied by the IPCC.
FR:
En prenant le Cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à titre de cas représentatif, je soutiens que l’éthique animale a été négligée dans l’évaluation de la politique climatique. Alors que les effets sur les services écosystémiques, la biodiversité et le bien-être humain y sont tous soigneusement recensés, les effets du changement climatique sur le bien-être des animaux n’y sont aucunement pris en considération. Je soutiens que cette omission devrait nous préoccuper, étant donné que l’évaluation des services écosystémiques, de la biodiversité et du bien-être humain ne rend pas compte adéquatement du bien-être des animaux. Après avoir décrit les présupposés de l’article et réfléchi au rôle des Rapports d’évaluation du GIEC quant à la politique climatique, j’examine la présentation des effets climatiques dans le Cinquième Rapport du GIEC, en indiquant les aspects du bien-être animal qui y sont (ou n’y sont pas) pris en considération, tout en comparant le traitement que fait le rapport du bien-être animal à celui qui est fait du bien-être humain. Ensuite, je soutiens que les concepts de services écosystémiques, de biodiversité et de bien-être humain ne reflètent pas adéquatement le bien-être des animaux. Enfin, je traite des problèmes potentiels liés à la responsabilité humaine relativement au bien-être des animaux ainsi que de la faisabilité d’inclure des considérations liées au bien-être animal parmi les effets climatiques étudiés par le GIEC.
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NATURALNESS, WILD-ANIMAL SUFFERING, AND PALMER ON LAISSEZ-FAIRE
NED HETTINGER
pp. 65–84
AbstractEN:
This essay explores the tension between concern for the suffering of wild animals and concern about massive human influence on nature. It examines Clare Palmer’s animal ethics and its attempt to balance a commitment to the laissez-faire policy of nonintervention in nature with our obligations to animals. The paper contrasts her approach with an alternative defence of this laissez-faire intuition based on a significant and increasingly important environmental value: Respect for an Independent Nature (RIN). The paper articulates and defends naturalness value and explores its implications for the laissez-faire intuition and for concern about wild-animal suffering.
FR:
Le présent essai examine la tension entre la préoccupation pour la souffrance des animaux sauvages et celle concernant l’influence massive des humains sur la nature. Il examine l’éthique animale de Clare Palmer, notamment sa tentative d’atteindre un équilibre entre la politique de non-intervention dans la nature dite du « laissez-faire » et nos engagements envers les animaux. L’article propose une approche alternative à celle de Palmer qui, tout en défendant cette intuition du « laissez-faire », se fonde cette fois sur une valeur environnementale significative de plus en plus importante : le Respect pour une Nature Indépendante (RNI). Le texte articule et défend la valeur de naturalité (naturalness) et examine les implications de celle-ci pour l’intuition du « laissez-faire » ainsi que pour le souci envers la souffrance des animaux sauvages.
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CONCERN FOR WILD ANIMAL SUFFERING AND ENVIRONMENTAL ETHICS: WHAT ARE THE LIMITS OF THE DISAGREEMENT?
OSCAR HORTA
pp. 85–100
AbstractEN:
This paper examines the extent of the opposition between environmentalists and those concerned with wild-animal suffering and considers whether there are any points they may agree on. The paper starts by presenting the reasons to conclude that suffering and premature death prevail over positive well-being in nature. It then explains several ways to intervene in order to aid animals and prevent the harms they suffer, and claims that we should support them. In particular, the paper argues in favour of carrying out more research to learn the best ways to intervene without causing more harm to other animals and to intervene first in areas significantly transformed by human action. It then examines what positions environmentalist views can have towards intervention in nature for the sake of animals. It claims that, while ecocentric and naturocentric views will strongly oppose intervention in certain circumstances, they should not do so in other cases in which the values they promote are not at stake or might be outweighed. The paper then argues that, contrary to what it might seem at first, biocentric views should strongly support intervention. It then discusses whether there may be certain practical issues about which those concerned with wild animal suffering and environmentalists may support the same approach, such as opposition to the greening of desert ecosystems. Finally, it claims that raising awareness about wild animal suffering seems to be the most urgent task now for those concerned about it.
FR:
Le présent article examine l’étendue de l’opposition entre les environnementalistes et ceux qui se préoccupent de la souffrance des animaux sauvages, afin de déterminer s’il existe des points sur lesquels ils peuvent être en accord. L’article débute en présentant les raisons permettant de conclure que la souffrance et la mort prématurée l’emportent sur le bien-être positif dans la nature. Ensuite, il explique plusieurs façons d’intervenir afin d’aider les animaux et de prévenir les maux dont ils souffrent et plaide pour la mise en oeuvre de celles-ci. Plus précisément, l’article préconise un plus grand nombre de recherches afin de déterminer les meilleures façons d’intervenir sans causer davantage de maux à d’autres animaux ainsi que pour prioriser des interventions en des endroits que l’action humaine a significativement transformés. L’article examine par la suite les positions que les conceptions environnementalistes peuvent adopter quant aux interventions dans la nature pour le bien des animaux. L’article propose que, bien que des visions écocentriques et naturocentriques s’opposent vivement à l’intervention dans certaines circonstances, elles ne devraient cependant pas s’y opposer dans les cas où les valeurs qu’elles promeuvent n’entrent pas en jeu ou peuvent avoir moins de poids que d’autres facteurs. L’article soutient ensuite que, contrairement à ce que l’on pourrait penser à première vue, les théories biocentristes devraient fortement appuyer l’intervention. Il pose la question à savoir si certains problèmes pratiques peuvent faire l’objet d’une approche commune parmi les environnementalistes et ceux qui se soucient de la souffrance des animaux sauvages, par exemple s’opposer à l’écologisation des déserts. Enfin, l’article propose que la tâche la plus pressante pour ceux qui se préoccupent de la souffrance des animaux sauvages consiste à accroître la sensibilisation à ce problème.
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CONVERGENCE AND DIVERGENCE BETWEEN ECOCENTRISM AND SENTIENTISM CONCERNING NET VALUE
GREGORY Matthew MIKKELSON
pp. 101–114
AbstractEN:
Animal and environmental ethics should converge on the following three value judgments: natural ecosystems generally involve more good than harm; predation in nature tends to yield positive net benefits; and, at least on a global scale, livestock farming is destroying more value than it is creating. But the ecocentric criteria of environmental ethics and the sentientist criteria of animal ethics may have divergent implications for capitalism’s main effect on the world: the collapse of wild nature due to explosive growth in the human economy. Sentientism risks counting this effect as a net gain, whereas ecocentrism surely rates it a massive net loss. While supporting the above claims, I show how they fit into a larger argument in favour of the broader, ecocentric value theory of environmental ethics and against the narrower, sentientist axiology of animal ethics.
FR:
Les éthiques animale et environnementale devraient converger vers les trois jugements de valeur suivants: les écosystèmes naturels impliquent généralement plus de bien que de mal, la prédation dans la nature a tendance à produire des avantages nets positifs et, au moins à l’échelle mondiale, l’élevage animal détruit plus de valeur qu’il n’en crée. Mais les critères écocentriques de l’éthique environnementale et les critères de l’éthique animale fondés sur la sentience pourraient avoir des implications divergentes sur l’effet principal du capitalisme sur le monde: l’effondrement de la nature sauvage dû à la croissance explosive de l’économie humaine. Le sentientisme risque de considérer cet effet comme un gain net, alors que l’écocentrisme le considère sûrement comme une perte nette massive. Tout en soutenant les affirmations ci-dessus, je montre comment elles s’intègrent dans un argument plus large en faveur d’une théorie de la valeur écocentrique plus englobante propre à l’éthique environnementale et contre l’axiologie sentientiste plus étroite de l’éthique animale.
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INTERVENTIONNISME ET FAUNE SAUVAGE
VIRGINIE MARIS and ÉLISE HUCHARD
pp. 115–142
AbstractFR:
Considérant l’ubiquité de la souffrance dans le monde sauvage, la question se pose de notre obligation d’intervenir. Du simple devoir d’assistance dans des situations ponctuelles à des projets de transformation des conditions de vie animale à grande échelle, la défense de l’interventionnisme entre en conflit avec la pensée conservationniste qui valorise la naturalité ou l’autonomie des systèmes écologiques. Dans cet article, nous tentons de mettre en dialogue les intuitions interventionnistes et la pensée conservationniste. Nous exposons tout d’abord l’argument interventionniste et ses limites épistémiques. Nous mitigeons ensuite le constat selon lequel les conditions de vie des animaux sauvages justifient notre intervention en replaçant le problème de la souffrance dans un cadre évolutif et écologique plus large puis en insistant sur d’autres obligations vis-à-vis des animaux sauvages comme le respect de leur autonomie ou de leur souveraineté. Enfin, nous défendons une conception pluraliste de nos relations au monde naturel dans laquelle le souci pour les animaux s’équilibre avec d’autres valeurs écocentrées. Nous concluons en présentant les ressources encore peu explorées d’une conservation compassionnelle qui intègre le souci pour les individus et le souci pour les collectifs écologiques dans les normes de ses actions.
EN:
The ubiquity of suffering in the wild raises the question of our obligation to intervene. From a simple duty of assistance in particular situations to large-scale projects aimed at transforming animal living conditions, the defense of interventionism often conflicts with conservationist values, which emphasize the naturalness or autonomy of ecological systems. In this article, we attempt to open a dialogue between interventionist intuitions and the conservationist school of thought. We first expose the interventionist argument and its epistemic limitations. We subsequently mitigate the statement according to which the living conditions of wild animals justify human intervention by replacing the problem of suffering in a broader ecological and evolutionary framework, as well as by insisting on other obligations that we may have towards wild animals, such as the respect of their autonomy and sovereignty. Finally, we defend a pluralistic conception of our relationships to the natural world, in which care for animals has to be balanced with other, eco-centered, values. We conclude by presenting the resources of a compassionate conservation approach, which remains largely unexplored and integrates care for individual animals as well as for ecological entities in its norm for action.
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MIDGLEY AT THE INTERSECTION OF ANIMAL AND ENVIRONMENTAL ETHICS
GREGORY S. McELWAIN
pp. 143–158
AbstractEN:
This paper explores the intersection of animal and environmental ethics through the thought of Mary Midgley. Midgley’s work offers a shift away from liberal individualist animal ethics toward a relational value system involving interdependence, care, sympathy, and other components of morality that were often overlooked or marginalized in hyperrationalist ethics, though which are now more widely recognized. This is most exemplified in her concept of “the mixed community,” which gained special attention in J. Baird Callicott’s effort to create a “unified environmental ethics.” In this, Callicott saw the potential in Midgley’s thought for bringing animal and environmental ethics “back together again.” However, this paper argues that he oversimplified and misapplied her complex concept. This is primarily due to his attempt to harmonize her approach with a rigid dichotomy between domestic and wild animals—as well as one between individuals and collectives—in his conception of the land ethic in the tradition of Aldo Leopold. Throughout, this paper also highlights Midgley’s value as an early contributor to the convergence of animal and environmental ethics.
FR:
Cet article explore l’intersection entre l’éthique animale et l’éthique environnementale par le biais de la pensée de Mary Midgley. Le travail de Midgley prend ses distances d’une éthique animale libérale individualiste pour se rapprocher d’un système de valeurs relationnel qui implique l’interdépendance, le soin (care), la sympathie, et d’autres éléments de la morale qui ont souvent été négligés ou marginalisés dans le contexte de l’éthique hyperrationnaliste, bien qu’actuellement plus largement reconnus. Le meilleur exemple de cela se retrouve dans son concept de « la communauté mixte » (the mixed community), lequel a bénéficié d’une attention particulière chez J. Baird Callicot et son effort pour créer une « éthique environnementale unifiée » (unified environmental ethics). En cela, Callicot a vu le potentiel de la pensée de Midgley’s pour une « réunification » de l’éthique animale et l’éthique environnementale. Or, cet article soutient qu’il a simplifié et appliqué à tort le concept complexe de Midgley, en raison de sa tentative de concilier l’approche de cette dernière avec une stricte dichotomie entre animaux sauvages et domestiques – en plus d’une autre entre individus et collectivités – suivant sa conception de l’éthique de la terre dans la tradition d’Aldo Leopold. Tout au long du texte, cet article met en relief l’importance de Midgley comme l’une des premiers théoriciens à avoir contribué à la convergence de l’éthique animale et de l’éthique environnementale.
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THE ETHICS AND POLITICS OF PLANT-BASED AND CULTURED MEAT
JEFF SEBO
pp. 159–183
AbstractEN:
In this paper I examine several of the moral and political questions raised by new kinds of meat. I begin by discussing the risks and harms associated with industrial animal agriculture, and I argue that plant-based meat and cultured meat are promising alternatives to conventional meat. I then explore the moral, conceptual, social, political, economic, and technical challenges that stand in the way of widespread adoption of these alternatives. For example, whether or not we achieve widespread adoption will depend on whether or not we can persuade business and political leaders to see plant-based and cultured meat as an opportunity rather than as a threat. Finally, I consider several ways of meeting these challenges, and I argue that we must be very careful if we want to avoid the kinds of problems that other, similar technological innovations such as GMOs have faced.
FR:
Dans cet article, j’examine plusieurs des questions morales et politiques que soulève la production de nouvelles formes de viandes. J’aborde d’abord les risques et les dangers liés à l’agriculture animale industrielle, et je soutiens que la viande à base de plantes et la viande cultivée représentent des alternatives prometteuses à la viande conventionnelle. J’examine ensuite les défis d’ordre moral, conceptuel, social, politique, économique, et technique, qui font obstacle à l’adoption généralisée de ces alternatives. Par exemple, cette dernière dépendra de si on arrive ou non à convaincre les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise de voir la viande à base de plantes et la viande cultivée comme une opportunité plutôt que comme une menace. Enfin, je prends en considération plusieurs façons de relever ces défis, et j’appelle à la vigilance quant aux types de problèmes à éviter, auxquels d’autres innovations technologiques ont déjà été confrontés.
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WELFARE, HEALTH, AND THE MORAL CONSIDERABILITY OF NONSENTIENT BIOLOGICAL ENTITIES
ANTOINE C. DUSSAULT
pp. 184–209
AbstractEN:
This paper discusses a challenge to the claims made by biocentrists and some ecocentrists that some nonsentient biological entities (e.g., organisms, species, ecosystems) qualify as candidates for moral considerability. This challenge derives from Wayne Sumner’s (1996) critique of “objective theories of welfare” and, in particular, from his critique of biocentrists’ and ecocentrists’ biofunction-based accounts of the “good of their own” of nonsentient biological entities. Sumner’s critique lends support to animal ethicists’ typical skepticism regarding those accounts, by contending that they are more plausibly interpreted as accounts of the perfectionist value than of the welfare of nonsentient biological entities. In response to this critique and its implication that those function-based accounts would fail to qualify nonsentient biological entities as candidates for moral considerability, it is argued that those accounts should be interpreted as ones of the health of biological entities rather than ones of their perfectionist value. It is suggested that their being bearers of health may be sufficient for nonsentient biological entities to qualify as candidates for moral considerability, such that biocentrists and ecocentrists could grant Sumner and animal ethicists’ contention that the function-based accounts of the good of their own of nonsentient biological entities are not accounts of their welfare, while not giving up on the project of defending those entities’ moral considerability.
FR:
Cet article discute d’une objection à la thèse défendue par plusieurs biocentristes et écocentristes selon laquelle les entités biologiques non sentientes (ex. : organismes, espèces, écosystèmes) se qualifieraient comme candidates à la considérabilité morale. Cette objection découle de la critique des « théories objectives du bien-être » formulée par Wayne Sumner (1996) et, plus particulièrement, de sa critique des théories du « bien propre » défendues par les biocentristes et les écocentristes, lesquelles définissent ce bien en relation avec les concepts biologiques de fonction et de téléologie. La critique de Sumner offre un certain appui au scepticisme généralement suscité par ces théories chez les auteur-e-s oeuvrant dans le domaine de l’éthique animale, en ce qu’elle fait valoir que celles-ci sont plus plausiblement interprétées comme concernant une forme de valeur perfectionniste s’appliquant aux entités biologiques non sentientes que comme concernant leur bien-être. Cet article soutient que la manière la plus prometteuse de répondre à cette critique pour les biocentristes et les écocentristes consiste à faire valoir d’une part, que les théories du bien propre qu’elles et ils défendent doivent être interprétées comme des théories de la santé des entités biologiques plutôt que comme des théories (de leur bien-être ou) de leur valeur perfectionniste, et d’autre part, que la possibilité pour les entités biologiques non sentientes d’être en plus ou moins bonne santé suffit à les rendre candidates à la considérabilité morale.
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DELIMITING JUSTICE: ANIMAL, VEGETABLE, ECOSYSTEM?
ANGIE PEPPER
pp. 210–230
AbstractEN:
This paper attempts to bring some clarity to the debate among sentientists, biocentrists, and ecocentrists on the issue of who or what can count as a candidate recipient of justice. I begin by examining the concept of justice and argue that the character of duties and entitlements of justice sets constraints on the types of entities that can be recipients of justice. Specifically, I contend that in order to be a recipient of justice, one must be the bearer of enforceable moral claim rights. I then suggest that this has important implications for the dispute among sentientists, biocentrists, and ecocentrists. In brief, I show that sentientists cannot exclude nonsentient entities from the domain of justice merely by denying that they have “the right kind of interests,” and biocentrists and ecocentrists cannot move seamlessly from some feature of living things or ecosystems to entitlements of justice. I further argue that ultimately this disagreement on the bounds of justice bottoms out in a normative disagreement about which entities possess moral claim rights, and that the case for biotic or ecosystem rights has yet to be convincingly established.
FR:
Le présent article vise à clarifier le débat parmi sentientistes, biocentristes et écocentristes autour de la question de qui ou de ce qui peut valoir comme un récipiendaire légitime de justice. Pour débuter, j’examine le concept de justice et soutiens que la nature des obligations et droits de la justice impose des contraintes sur les types d’entités pouvant être récipiendaires de justice. Plus particulièrement, je prétends que tout récipiendaire de justice doit être titulaire de droits de revendication morale applicables. Je propose ensuite que cette thèse a des conséquences importantes pour la querelle parmi les sentientistes, les biocentristes et les écocentristes. En bref, je démontre que les sentientistes ne peuvent exclure les êtres nonsentients du domaine de la justice simplement en niant qu’ils ont des « intérêts de la bonne sorte », alors que les biocentristes et écocentristes ne peuvent passer sans difficultés d’un aspect quelconque des êtres vivants ou des écosystèmes à des droits de justice. Enfin, je soutiens que ce désaccord sur les limites de la justice repose, en fin de compte, sur un désaccord d’ordre normatif à propos des entités possédant des droits de revendication morale, et que l’argument pour des droits propres aux êtres vivants ou aux écosystèmes n’a toujours pas été prouvé de manière convaincante.