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Pierre-Luc Brisson, Le libérateur de la Grèce. Titus Flamininus et l’héritage hellénistique, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, 162 p.[Record]

  • Magalie Laguë Maltais

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  • Magalie Laguë Maltais
    Candidate à la maîtrise en histoire, UQAM

Pierre-Luc Brisson nous offre dans cet ouvrage le résultat de la recherche effectuée dans le cadre de ses études de maîtrise. Celle-ci concerne une partie de la carrière de Titus Quinctius Flamininus, un homme politique romain vainqueur sur Philippe V de la Seconde Guerre de Macédoine (200-187 av. J.-C.) et un habile diplomate ayant ouvert la voie à la domination de l’Urbs dans le monde grec. Brisson souhaite comprendre les motivations et influences qui animent cet homme hors du commun, de ses débuts dans l’arène politique romaine en 208 au départ de ses troupes de Grèce en 194. Aussi, à travers lui, il espère souligner les caractéristiques de la vie politique romaine au IIe siècle avant notre ère ainsi que celles de la politique extérieure mise en place en Méditerranée hellénistique. L’étude se divise en trois chapitres : le premier présente une courte recension de la littérature entourant Flamininus, le second évoque le début de sa carrière jusqu’à son élection au consulat en 198 tout en présentant le contexte social et culturel dans lequel il évoluait, enfin le troisième se penche sur ces quatre années (198-194) passées en Grèce où il a élaboré ladite politique hégémonique, en tant que général puis proconsul. Dans un court bilan historiographique qui compose une partie du chapitre un, Brisson montre, dans un premier temps, que Flamininus a longtemps été une figure ignorée ou assez peu étudiée par les chercheurs avant le milieu du XIXe siècle. Dans un deuxième temps, il remonte aux racines de l’image de philhellène romantique qui a été accolée à ce dernier à partir du XIXe siècle. Des historiens ont ainsi cru que l’amour de Flamininus pour la langue et la culture grecques était le réel moteur de ses actions plutôt qu’un quelconque souci des intérêts politiques romains. Cette idée a par contre été critiquée dès le départ et est aujourd’hui rejetée par plusieurs historiens, dont Brisson, qui le considèrent au contraire comme un homme pragmatique. Le second volet du chapitre porte sur les sources utilisées dans la recherche et sur les failles qu’elles peuvent contenir. Ces failles ont souvent à voir avec les buts et méthodes différentes des auteurs anciens : à l’analyse de Polybe qui cherche à exposer l’ascension de Rome à ses concitoyens héllènes, Tite-Live propose plutôt un ouvrage qui souhaite mettre en valeur de grands personnages qui pourront servir de modèles moraux à ses contemporains. Le portrait de Flamininus ne saurait donc reposer que sur un croisement de diverses sources. Le second chapitre, à travers les débuts de la carrière de Flamininus, mais aussi des facettes sociales et culturelles qui teintent la vie de la noblesse romaine, présente des « clés » par lesquelles les actions futures du général en Grèce pourront être mieux comprises. Brisson souhaite montrer que, tout en ayant des habiletés politiques indéniables, Flamininus n’était pas totalement une exception : il était le produit de son milieu. Ce dernier était celui de l’élite de la société romaine, déjà bien pétrie, au IIe siècle av. J.-C., d’influences grecques, grâce, entre autres, à la conquête des cités helléniques du sud de la péninsule italienne et de Sicile. Ainsi, comme la plupart de ses camarades patriciens, Flamininus maîtrisait la langue grecque et en connaissait la culture. D’autre part, son ambition et son désir manifestes de faire sa marque dans l’histoire étaient directement en ligne avec ce qui était attendu d’un aristocrate romain : la nobilitas chérissait en effet des idéaux de gloire, de courage et de service au sein des magistratures qui impliquaient une certaine compétition entre les fils des différentes familles …