Volume 41, Number 1, 2000
Table of contents (12 articles)
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Le recours en détermination du quantum d'une indemnité présenté par le commissaire général du travail en vertu de l'article 19 du Code du travail est-il soumis à un tribunal indépendant et impartial ?
Jean-Luc Dufour
pp. 3–31
AbstractFR:
Depuis plusieurs décennies, l'activité syndicale est protégée dans les principales lois ayant pour objet d'établir des rapports collectifs de travail entre un employeur et ses salariés. Cette affirmation est particulièrement vraie en vertu du régime établi par le Code du travail du Québec. Ainsi, dans le but de protéger de façon appropriée cette activité, le législateur a prévu divers mécanismes en vue de sanctionner tout comportement illégal de la part de l'employeur qui compromettrait ce droit à l'activité syndicale. Dans de telles circonstances, le salarié peut obtenir d'un commissaire du travail les ordonnances de redressement voulues lui permettant notamment d'obtenir l'annulation de la sanction et le remboursement du salaire et autres avantages perdus. Or, afin d'assurer le respect du caractère d'ordre public de ces ordonnances, non seulement le législateur a permis que le salarié s'adresse lui-même au commissaire du travail pour faire déterminer le montant d'indemnité qui doit lui être versé, mais il a en plus prévu que le commissaire général du travail peut le faire au lieu et place de ce dernier. Le problème soulevé par ce recours réside dans le fait que le commissaire général du travail qui agit alors pour le compte du salarié est en même temps le supérieur hiérarchique du commissaire devant qui le recours est entendu. Se pose alors la question de préciser si, dans les circonstances, le recours procède devant un tribunal impartial et indépendant au sens de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
EN:
Over the past decades, union activities have been protected by various laws that have mainly sought to favour group relationships in the workplace between employers and wage earners. This observation applies specifically to the system set up by the Québec Labour Code. To adequately protect this activity, the legislator has provided various means aimed at penalizing an employer's behaviour that might jeopardize the right to exercise union activities. To give effect to this intent, wage earners may address a Labor Commissioner for remedial orders enabling workers to nullify a penalty and recover lost wages and benefits. As such, to guarantee the respect of public order and spirit of the Commissioners' orders, not only were wage earners empowered by the legislator to personally petition Labor Commissioners for determining the amount of compensation due to them, but the legislator also went so far as providing the Labor Commissioner General with authority to take action in the place of wage-earners. This recourse raises an administrative problem rooted in hierarchy : The Labour Commissioner General acting on behalf of the wage-earner is also the immediate superior of the Labour Commissioner appointed to hear the wage-earner. This in turn raises another issue as to whether the aforementioned proceedings are taking place before an impartial and independent court within the meaning of the Québec Charter of human rights and freedoms.
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La version française des lois constitutionnelles du Canada
Guy Tremblay
pp. 33–60
AbstractFR:
L'article 55 de la Loi constitutionnelle de 1982 charge le ministre fédéral de la Justice de rédiger une version française des textes constitutionnels canadiens et d'en proposer l'adoption par voie de modification constitutionnelle. Depuis plus de dix ans, la version française préparée par le comité de rédaction mandaté par le ministre est prête. Mais son adoption officielle nécessite l'accord des dix provinces, rendu improbable tant que le Québec n'a pas adhéré à la Constitution. Selon l'auteur, il aurait été préférable d'adopter une version française existante, quitte à y faire des corrections, plutôt que de produire une traduction modernisée qui risque de causer des surprises. D'une manière générale, le travail de rédaction française s'avère tout de même de haute qualité et d'une cohérence exemplaire. En particulier, les fameux articles 91 et 92 de la Loi constitutionnelle de 1867 sont bien traduits, mais on y perd une terminologie traditionnelle. L'auteur critique la disparition du pouvoir de « réserve » du gouverneur général et des lieutenants-gouverneurs, l'altération de la fameuse expression « pour la paix, l'ordre et le bon gouvernement du Canada » et la version proposée du paragraphe 92 (15).
EN:
According to section 55 of the Constitution Act, 1982, the federal Minister of Justice has to prepare a French version of the constitutional texts of Canada and to propose its adoption through the constitutional amending procedure. The French version prepared by the Minister's Drafting Committee was finalized ten years ago. But its formal adoption would require the assent of the ten provinces, which might be delayed until Quebec accepts the patriated Constitution. The Drafting Committee, according to the author, should have adopted an existing French version, with corrections if needed ; it rather produced a modernized translation which can cause surprises. Generally speaking, the work of the Committee proves to meet high standards and it is perfectly coherent. In particular, the famous sections 91 and 92 of the Constitution Act, 1867 are well translated, although some traditional expressions have been abandoned. The author criticizes the fact that the Governor General and the Lieutenant Governor loose in French their « réserve » power, that the famous « pour la paix, l'ordre et le bon gouvernement du Canada » has been altered and that the translation proposed for subsection 92 (15) is misleading.
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Les clauses abusives dans les contrats d'adhésion
Marc Lemieux
pp. 61–93
AbstractFR:
Le texte qui suit étudie les dispositions du Code civil du Québec relatives aux contrats d'adhésion, et plus particulièrement l'article 1437 de celui-ci qui permet aux tribunaux de réduire ou d'annuler les obligations résultant des clauses abusives de semblables contrats.
Dans la première partie, l'auteur s'intéresse au phénomène de l'abus dans les contrats en France et au Québec à la fin du xixe siècle. Il est vrai que le Code civil du Bas Canada et le Code civil français ne mettaient à la disposition des tribunaux et des justiciables que des moyens limités pour combattre ces abus. Cependant, le législateur français n'a pas jugé utile de modifier le Code civil français en réaction au phénomène des abus dans les contrats d'adhésion, et il est permis de se demander si l'adoption d'un régime d'exception dans le Code civil du Québec constituait une réponse inévitable au même phénomène en droit civil québécois.
La deuxième partie du texte porte sur ce qui expliquerait que le Code civil du Québec ne combatte les clauses abusives que si elles se trouvent dans un contrat d'adhésion (ou de consommation). Le fondement juridique de cette solution n'est pas clair. Il semble plutôt que le législateur ait retenu cette solution à titre de compromis, pour introduire une plus grande part d'équité dans le contrat, sans menacer indûment la stabilité des transactions commerciales.
Dans la troisième partie, l'auteur se penche sur quelques controverses relatives à la mise en application de l'article 1437 du Code civil du Québec, qui divisent la doctrine et la jurisprudence. Trois questions sont plus particulièrement discutées : 1) un contrat peut-il être qualifié de « contrat d'adhésion » si l'adhérent n'est pas en position de faiblesse à l'égard du rédacteur ? 2) l'article 1437 peut-il priver d'effet une clause raisonnable produisant une solution jugée abusive par le tribunal dans les circonstances d'un cas donné ? 3) l'article 1437peut-il priver d'effet une clause d'exonération de responsabilité dont le caractère exécutoire serait établi, dans les circonstances d'un cas donné, par l'article 1474 ?
EN:
The following text examines the provisions under the Civil Code of Québec pertaining to contracts of adhesion, and more specifically to article 1437 in which courts are allowed to reduce or nullify obligations arising from abusive clauses in such contracts.
In the first part, the author reviews the issue of abuse as found in contracts in France and Québec towards the end of the 19th century. Interestingly enough, the Civil Code of Lower Canada and the French Civil Code only afforded limited means to courts and plaintiffs for countering such abuses. Nonetheless, the French legislator did not consider it useful to amend the French Civil Code in reaction to abuses found in contracts of adhesion, and one may wonder if the adoption of an exceptional procedure under the Civil Code of Québec was an inevitable response to the same phenomenon in Québec Civil Law.
The second part of the text deals with how the Civil Code of Québec only represses abusive clauses when found in a contract of adhesion (or consumption). The legal groundwork for this solution is far from clear. It seems to be that the legislator adopted this solution as a means of compromise for introducing more fairness in the contract, but without unduly threatening the stability of commercial transactions.
In part 3, the author delves into some controversies issuing from the enforcement of article 1437 of the Civil Code of Québec that have exercised a divisive effect on doctrine and case law. Three issues form the core of the debate : 1) Can a contract be qualified as a « contract of adhesion » if the person entering into the contract is not in a defensive position as opposed to the person who drafted the contract ? 2) Can article 1437 strip a reasonable clause of its effects when such clause produces a solution deemed to be abusive by the court in a given set of circumstances ? 3) Can article 1437 be used to deprive a waiver of liability clause of its effects when in specific circumstances its conditions of performance have been set forth under article 1437 ?
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Le traitement des plaintes concernant la discrimination en matière d'emploi par l'arbitre de griefs et par le Tribunal des droits de la personne du Québec : une étude comparative exploratoire
Chantal Robert and Guylaine Vallée
pp. 95–146
AbstractFR:
L'idée de confier la solution des litiges fondés sur la Charte des droits et libertés de la personne à des organes spécialisés plutôt qu'aux seuls tribunaux de droit commun s'est graduellement imposée au cours des dernières années. Les questions relatives à la Charte relèvent depuis 1989 de la compétence d'un tribunal spécialisé, le Tribunal des droits de la personne du Québec. Concurremment, la compétence de l'arbitre de griefs d'appliquer ou d'interpréter des lois, même des lois de nature constitutionnelle ou quasi constitutionnelle comme la Charte québécoise, a été peu à peu reconnue par la Cour suprême du Canada et dans le Code du travail, ce qui permet à l'arbitre de traiter de la plupart des cas de discrimination qui surviennent dans une entreprise syndiquée. Le traitement que fait l'arbitre de griefs de la discrimination en matière d'emploi diffère-t-il de celui qui est fait par le Tribunal des droits de la personne ? Les auteures présentent dans leur article les résultats d'une analyse comparative de 78 décisions rendues de 1992 à 1996 qui montre l'existence de différences dans le traitement des plaintes concernant la discrimination en matière d'emploi par les deux instances. Elles soulignent ensuite les conséquences de ces résultats sur les arbitres de griefs, dont le rôle excède de plus en plus le cadre strict de la convention collective pour embrasser l'application des droits fondamentaux dans l'entreprise syndiquée, ce qui transforme la mission initialement rattachée à cette institution des rapports collectifs du travail.
EN:
The idea that dispute resolution arising from the application of the Charter of Human Rights and Freedoms may be entrusted to specialized bodies rather than to courts of general law has gradually made its way into practice over the past few years. Issues pertaining to the Charter have, since 1989, come under the jurisdiction of a specialized court, the Tribunal des droits de la personne du Québec. At the same time, the jurisdiction of grievance adjudicators in applying or interpreting laws, even constitutional or quasi-constitutional ones such as the Québec Charter, has little by little been recognized by the Supreme Court of Canada and in the Labour Code, which enables an arbitrator to hear most discrimination cases that arise in a unionized workplace. Is the handling of employment discrimination performed by an adjudicator different from that done the Tribunal des droits de la personne? The authors present the results of a comparative analysis of 78 decisions between 1992 and 1996 that show the existence of differences in the handling of complaints regarding discrimination in employment before both tribunals. They then highlight the consequences of these results on grievance adjudicators, whose role increasingly goes beyond the strict framework of the collective agreement to include the application of fundamental rights within unionized workplaces, thus transforming the mission originally assigned to this institution for collective labour relations.
Notes
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Les mesures privatives de liberté dans les centres de réadaptation pour jeunes : un urgent besoin d'examen des pratiques et des politiques en fonction du respect des droits
Lucie Lemonde and Julie Desrosiers
pp. 147–169
AbstractFR:
La réalité de l'enfermement des jeunes est multiple. Lorsqu'un jeune est hébergé dans un centre fermé de réadaptation, il subit une première forme de privation de liberté. Sa liberté pourra par la suite être réduite davantage par l'application de différentes mesures disciplinaires ou cliniques: par exemple, programme d'encadrement intensif, arrêt d'agir, isolement, mise en retrait. Nous nous proposons d'explorer dans le présent texte ces différentes formes de privation de liberté et de voir dans quelle mesure les jeunes jouissent des droits fondamentaux reconnus à toute personne privée de liberté, garantis dans les instruments internationaux des droits de la personne et dans les chartes canadienne et québécoise. L'analyse des textes juridiques et des politiques pertinentes nous porte à croire que les droits des mineurs détenus, pour ce qui est des mesures privatives de liberté, disciplinaires ou éducatives, ne sont pas respectés dans les centres de réadaptation. Les mesures disciplinaires se confondent avec les mesures dites « cliniques ». À ce titre, elles échappent à toutes les garanties procédurales entourant le processus disciplinaire pour être laissées à la discrétion quasi absolue des autorités. La notion de « droits » semble perçue comme étant antinomique par rapport à l'objectif de réhabilitation lié à la détention des mineurs.
EN:
The reality underlying the detention of young people is a multifarious one. When a young person is admitted to a closed rehabilitation centre, he or she experiences a first level of constrained liberty. Thereafter, his or her freedom can be further restricted by applying various disciplinary or clinical measures such as intensive supervision programs, time-out, isolation. In this paper, we attempt to document these various forms of limited freedom and observe to what extent young people continue benefiting from the basic rights that are recognized for all people whose freedom is controlled yet guaranteed by international conventions and by the Canadian and Quebec charters protecting human rights. The analysis of relevant legal and political texts leads us to believe that the rights of detained minors as regards measures restraining freedom or imposing disciplinary or educational actions, are not respected in rehabilitation centers. The line separating disciplinary from so-called clinical measures becomes blurred. In these circumstances, the procedural guarantees that underpin the disciplinary process are overridden by the near absolute discretionary powers of authorities. The concept of« rights » would seem to be perceived as contrary to the objective of rehabilitation linked to young people's detention.
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Entre l'efficience de Justinien et la justice de Locke
Roderick A. Macdonald
pp. 171–184
AbstractFR:
Aujourd'hui, il est courant de qualifier les rapports humains les plus importants comme étant les rapports économiques. Les économies nationales subissent toutes sortes de perturbations économiques (des perturbations naturelles, résultant de décisions politiques ou encore de nouvelles technologies. Nos gouvernements sont appelés à y répondre. Doivent-ils laisser ces changements s'effectuer d'eux-mêmes ou résister à ceux-ci ? Doivent-ils tenter de les freiner ou au contraire les faciliter ? Il est clair qu'il n'existe pas de réponse unique applicable dans toutes les circonstances. Chacune des situations particulières exigera la recherche d'un équilibre entre l'efficience économique et la justice sociale. Il ne faut pas présumer que la notion de justice dans le domaine juridique peut se réduire à la simple notion d'efficacité économique. Et il ne convient pas non plus de supposer que la notion de justice dans le domaine économique peut se limiter à la simple recherche de la richesse maximale.
EN:
Today, the most important of our human relationships are typically cast as economic. National economies are subject to a number of different kinds of shocks (natural shocks, shocks resulting from political decisions, shocks resulting from technology. Governments are called upon to respond. Should they simply let the market take its course ? Should they intervene to slow down the pace of change ? Should they facilitate change ? Should they resist change at all cost ? One thing is certain : there is no response that is adequate to every situation. The appropriate response involves a careful balancing of efficiency concerns and concerns of social justice. We do ourselves a great disservice if we think that justice in the legal sphere can be reduced to the notion of efficient corrective justice. And we also do ourselves a great disservice if we think that justice in the economic sphere can be reduced to simple questions of wealth maximization.
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Le droit français des sociétés devant l'exigence de justice
Jacques Mestre
pp. 185–199
AbstractFR:
De prime abord, le droit des sociétés ne paraît pas fondamentalement tourné vers l'idéal de justice. La recherche du profit et la spéculation ont, en effet, toujours constitué les pièces maîtresses de cette structure juridique qu'est la société, par opposition à l'association, créée dans une finalité altruiste ou, à tout le moins, désintéressée. Cependant le législateur et surtout le juge ont été conduits à introduire dans la vie des sociétés un certain nombre de règles du jeu et de normes de comportement, destinés à prévenir ou à sanctionner des fraudes ou, plus largement, des violations inadmissibles des légitimes intérêts d'autrui, c'est-à-dire notamment des épargnants, des associés minoritaires, des salariés, des concurrents, ou encore d'autres sociétés d'un même groupe... Ainsi, peu à peu, l'idéal même de justice s'est-il introduit dans le droit français des sociétés, autour de quelques mots clés (transparence, égalité, loyauté) et concepts juridiques (abus de majorité, responsabilité civile, abus de biens sociaux). Il reste que, au début du xxie siècle, de nouveaux défis sont lancés au droit des sociétés sous cet angle de la justice. L'un tient au phénomène de la mondialisation, qui rend de plus en plus difficiles les contrôles sur les sociétés et risque aussi de conduire, par l'effet d'un dumping juridique et fiscal, à niveler les normes de comportement par le bas. L'autre résulte du poids considérable dans la vie boursière des fonds de pension, qui recherchent un profit maximal sans considérer la dimension sociale et humaine des entreprises, pourtant indispensable au bon fonctionnement de ces dernières et même parfois à leur survie à plus ou moins long terme. Il appartient donc au droit des sociétés d'intégrer dans le futur ces nouveaux éléments pour construire des solutions équilibrées et profitables à tous.
EN:
Business law does not seem ab initio to have a fundamental orientation towards the ideal of justice. The quest for profits and speculation have, indeed, always been core elements of corporate and partnership legal structures, as opposed to the association whose creation rests upon an altruistic mission, or at a disinterested one. Nonetheless, the legislator and especially judges have been led to introduce into the lives of these business structures set of rules and professional practices intended to prevent or penalize fraud, or on a wider scale, the unconscionable breaches of the legitimate interests of third parties, namely investors, minority associates, wage-earners, competitors, or even other enterprises within the same group. As such, little by little the very ideal of justice has crept into French business law as may be sensed in a few key words (transparency, equality, honesty and fairness) and legal concepts (abusive majority, civil liability, abuse of corporate or firm property). It is therefore noteworthy that on this eve of the xxist century, business law must rise to new challenges involving the notion of justice. One of these is globalization, which makes control over business undertakings increasingly difficult and risks leveling commercial standards to their lowest common denominator owing to legal and taxation manipulations. Another one is to be found in pension funds whose substantial financial clout weighs heavy on stock markets and whose investments seek maximum profits without considering the social and human dimensions of businesses, yet these latter remain indispensable for proper commercial operations and even for business survival over the mid and long haul. Hence, it is up to future changes in business law to integrate these new factors in order to create balanced and equitable solutions for all involved.
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Éléments d'une sociologie de la déontologie financière : la déontologie financière constitue-t-elle un progrès de la justice ?
Marie-Anne Frison-Roche
pp. 201–220
AbstractFR:
La déontologie par sa juridicité mais aussi la proximité qu'elle suppose avec la morale paraît être le moyen idéal pour que le droit se rapproche de la justice. Cependant, la puissance de la déontologie en matière financière s'explique aussi en ce que la confiance qu'elle exige et qu'elle engendre garantit l'efficacité du système : l'utilitarisme plus que la vertu fonde cette progression. Dès lors, la déontologie se présente comme une régulation alternative par rapport à celle du droit. Toutefois, l'efficacité de la déontologie suppose que ses règles régissent un cercle clos de professionnels, ce que la mondialisation et Internet attaquent. Il faut donc en revenir au droit, par le recours à un droit vertueux, au sens systémique du terme, à savoir cohérent et constant, donnant une règle de droit autour de laquelle les anticipations des acteurs peuvent s'articuler.
EN:
When one considers the relationship between ethics and law, plus its proximity with standards of moral conduct, ethics then seems to provide an ideal basis for bridging the gap separating law and justice. Yet the power of ethics in financial matters is also explained by the trust that it requires and generates, which thereby guarantees the efficacy of the system: it is utilitarianism more than virtue that drives this progression. As such, ethics constitutes an alternative regulatory source as opposed to the precepts of the law. However, the efficacy of ethics presupposes that its rules govern a tight circle of professionals, an environment under siege by globalization and the Internet. Hence, there is the need to revert to law, by resorting to a virtuous law, within the systemic meaning of the term, namely coherent and determined that provides a rule of law that rallies the expectations to which all players can relate.
Chronique bibliographique
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PAUL-YVAN MARQUIS, La responsabilité civile du notaire, coll. «Traité de droit civil », Cowansville, Éditions Yvon Blais, 1999, 768 p., ISBN 2-89451-320-8.
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GREGOR MURRAY et PIERRE VERGE, La représentation syndicale. Visage juridique actuel et futur, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1999, 182 p., ISBN 2-7637-7624-8.
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PIERRE-ANDRÉ CÔTÉ, Interprétation des lois, 3e éd., Montréal, Éditions Thémis, 1999, 1 035 p., ISBN 2-89400-115-0.