Chronique bibliographique

Générosa BrasMiranda et Benoît Moore (dir.), Mélanges Adrian Popovici. Les couleurs du droit, Montréal, Éditions Thémis, 2010, 723 p., ISBN 978-2-89400-278-0.[Record]

  • Sylvette Guillemard

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  • Sylvette Guillemard
    Université Laval

Il y a fort à parier que toute personne versée dans le droit privé – et peut-être même dans le droit public – connaît Adrian Popovici et est capable de citer le titre de l’une de ses oeuvres. Comment en effet oublier La couleur du mandat ? Le juriste qui trouve un titre pareil, on pourrait même dire qui ose un titre pareil, est sans nul doute un esprit original. Confirmant cette supposition, Benoît Moore fait remarquer qu’au-delà du titre « [c]e livre est d’un nouveau genre. Il n’est ni un précis, ni un traité, ni une monographie. C’est un polar juridique. » Ceux qui le connaissent diront également d’Adrian Popovici qu’il est un être… coloré. D’ailleurs, parlant de ses multiples facettes, Jean-Louis Baudouin n’hésite pas à utiliser le terme « kaléidoscope ». C’est donc tout naturellement que les Mélanges qui lui sont offerts à l’occasion de son départ à la retraite s’intitulent Les couleurs du droit. Il a été suggéré aux auteurs que « les propos soient sinon colorés, du moins présentés en empruntant au vocabulaire pictural. Les juristes, réputés pour leur sens de l’humour à tout crin, se sont joyeusement prêtés au jeu. » Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil à la table des matières pour découvrir la palette des titres des contributions. Pour n’en citer que quelques-uns, au hasard, « La donation verte : un fruit pas tout à fait mûr », « Variations chromatiques : l’union de fait entre noir et blanc », « Les deux couleurs du contrat électronique », « Des vertes et des pas mûres – les couleurs d’une citation errante », « “Les couleurs changeantes de la verdure” : des petites créances aux longues racines… ». En revanche, pour être en harmonie avec les multiples facettes du « mélangé », le « comité de rédaction a choisi de ne pas limiter les contributions à un thème ou un domaine particulier ». L’hétérogénéité est souvent un reproche adressé à de tels florilèges. L’éditeur a dû penser que l’intérêt, le nombre – 29 – et la qualité des textes l’emporteraient sur cet inconvénient. Cela donne un livre imposant, à l’image de la carrure, physique et intellectuelle, du professeur honoré. L’ouvrage, préfacé par le doyen de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, Gilles Trudeau, comportant un avant-propos rédigé par Jean-Louis Baudouin ainsi qu’une introduction écrite par Générosa Bras Miranda, ne compte pas moins de 719 pages ! Il faut y ajouter les 7 pages de la bibliographie et les 5 pages de notes biographiques. La lecture de celles-ci entraîne dans un véritable tour du monde ! Naissance en Roumanie, études au Québec, en France et en Italie, enseignement de Montréal à Lyon et de Poitiers à Buenos Aires, en passant notamment par Saint-Pétersbourg, Rabat, La Nouvelle-Orléans et Toronto. Les contributions, émanant pratiquement toutes d’enseignants dans des universités québécoises, sont regroupées par thèmes, correspondant aux principaux champs d’intérêt du professeur Popovici. La première partie comprend des textes consacrés à la famille, aux personnes et aux successions. Générosa Bras Miranda, à l’occasion de son texte sur la particularité des biens hérités, nous guide dans des voies peu souvent fréquentées par les juristes : elle parle d’immortalité et de culpabilité morale de l’héritier. Élise Charpentier – dont la contribution aurait trouvé une place plus naturelle, nous semble-t-il, dans la partie suivante, consacrée aux obligations –, s’appuyant sur le cas du parc du mont Orford, nous apprend que tout n’est pas rose dans le Programme des donations écologiques instauré par le gouvernement du Canada. Quant à Ethel Groffier, elle offre un panorama sur la …

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