Volume 61, Number 2, June 2020 Culture juridique des droits de la personne et justiciabilité des droits sociaux : nouvelles perspectives Guest-edited by Christine Vézina and Margaux Gay
Table of contents (13 articles)
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Présentation : culture juridique des droits de la personne et justiciabilité des droits sociaux : nouvelles perspectives
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La culture institutionnelle et les droits sociaux : une critique féministe du nouveau management public en contexte autochtone
Évelyne Jean-Bouchard
pp. 285–313
AbstractFR:
Depuis plusieurs années, le gouvernement canadien a entrepris une décentralisation des programmes et des services sociaux destinés aux communautés autochtones. Pour certains, c’est une véritable consolidation ascendante de leur droit à l’autodétermination qui se concrétise en marge des mécanismes constitutionnels formels. Pourtant, ce processus n’est pas neutre sur le plan institutionnel, puisqu’il coïncide avec l’avènement du nouveau management public (NMP). Bien que ce paradigme néolibéral semble octroyer une plus grande autonomie aux pouvoirs locaux, il perpétue plutôt un régime genré de l’administration publique, c’est-à-dire organisé ou différencié selon le genre, avec des formes limitées de démocratie et de représentation. À partir d’un cadre d’analyse tiré du néo-institutionnalisme, de l’économie politique féministe et du pluralisme juridique, l’auteure soutient que seule une revitalisation des institutions politiques et juridiques autochtones, mises en place à l’extérieur des structures de l’État, permettrait aux communautés autochtones de réaliser leur droit à l’autodétermination ; en outre, elle pourrait faciliter la participation des femmes au sein de ces structures.
EN:
For several years now, the Canadian government has been decentralizing Aboriginal services and social programs. For some, this represents a true strengthening of Aboriginal peoples’ right to self-determination, developing outside of formal constitutional mechanisms. However, this process is not institutionally neutral, but is consistent with the New Public Management (NPM) model. While this neoliberal approach may appear to confer greater autonomy on local authorities, it actually perpetuates a gender regime of public administration with limited forms of democracy and representation. Drawing on neo-institutionalism, feminist political economics, and legal pluralism, this paper argues that only a revitalization of Indigenous political and legal institutions outside of state structures can lead to self-determination and women’s involvement.
ES:
Desde hace algunos años el gobierno canadiense ha emprendido una descentralización de los programas y servicios sociales destinados a las comunidades indígenas. Para algunos, se trata de una verdadera consolidación ascendiente de su derecho a la autodeterminación, que se concretiza al margen de los mecanismos constitucionales formales. Sin embargo, este proceso no es neutro a nivel institucional puesto que coincide con la llegada de la nueva gerencia pública (nouveau management public (NMP)). Pese a que este paradigma neoliberal parece acordar una mayor autonomía a los poderes locales, más bien perpetúa un régimen de género de la administración pública con las limitadas formas de democracia y de representación. A partir de un marco de análisis basado en el neoinstitucionalismo, la economía política feminista y del pluralismo jurídico, sostenemos que únicamente una revitalización de las instituciones políticas y jurídicas indígenas implementadas al margen de las estructuras del Estado permitiría no solamente llevar a cabo su derecho a la autodeterminación sino que podría igualmente facilitar la participación de las mujeres en el seno de estas estructuras.
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Une tension dans la culture juridique canadienne : la réticence des tribunaux à l’égard de la mise en oeuvre des droits socioéconomiques
Louis LeBel
pp. 315–329
AbstractFR:
Un colloque tenu récemment à la Faculté de droit de l’Université Laval a souligné des difficultés importantes concernant la reconnaissance et la mise en oeuvre des droits socioéconomiques dans la société canadienne. Une part significative de ces problèmes est attribuée à l’attitude des tribunaux canadiens. Leur règlement dépendrait en grande partie d’un changement d’approche relativement à l’interprétation et à la mise en oeuvre de ces droits par les magistrats.
La question demeure plus complexe. L’étude des rapports entre la magistrature et les autres pouvoirs révèle un souci de préservation et d’un équilibre institutionnel encadré par des principes constitutionnels fondamentaux qu’expriment aussi des méthodes souples d’intervention judiciaire. Le même examen rappelle que la responsabilité de la mise en oeuvre de ses droits fondamentaux relève certes, pour une part, des tribunaux, mais qu’elle constitue une sphère d’action partagé entre les éléments constitutifs de l’État et de la société canadienne. Les instruments constitutionnels fondamentaux n’appartiennent pas seulement aux juges canadiens.
EN:
A recent symposium at the Université Laval’s Faculty of Law brought to light significant challenges for the justiciability of socio-economic rights in Canada. A great deal of responsibility for this issue has been attributed to the Canadian courts, and there is support for a different approach to judicial interpretation and implementation of socio-economic rights.
But the issue is not so simple. An examination of the relationship between the judiciary and other powers reveals a concern for the institutional balance that is enshrined in our fundamental constitutional principles, and which is also evidenced in the courts’ reticence to intervene in this area. While fundamental rights are in part a matter for the courts, they also belong to a sphere of action that is shared among the constituent elements of the state and Canadian society itself — responsibility for our fundamental constitutional instruments does not belong to the judiciary alone.
ES:
Un coloquio llevado a cabo recientemente en la Facultad de Derecho de la Université Laval ha resaltado las considerables dificultades existentes en el reconocimiento e implementación de los derechos socioeconómicos en la sociedad canadiense. Se ha atribuido una parte importante de estos problemas a la postura que han asumido los tribunales canadienses. Su reglamento dependería en gran parte, de un cambio de enfoque en la interpretación y la implementación de estos derechos por parte de los magistrados.
Sin embargo, la cuestión es aún más compleja. El estudio de los informes que hay entre la magistratura y los otros poderes ha revelado un interés por la preservación y un equilibrio institucional enmarcados por principios constitucionales fundamentales, que expresan también enfoques flexibles de intervención judicial. Este mismo examen reitera que la responsabilidad de la implementación de sus derechos fundamentales releva ciertamente, por una parte, de los tribunales, no obstante, ésta forma parte de una esfera de acción compartida entre los elementos constitutivos del Estado y la sociedad canadiense. Los instrumentos constitucionales fundamentales no pertenecen únicamente a los jueces canadienses.
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Le droit au logement au Brésil : entre intervention gouvernementale et théorie civile-constitutionnelle engagée
Anne-Françoise Debruche
pp. 331–352
AbstractFR:
Au Brésil, la justiciabilité du droit au logement s’est accrue de manière importante sous l’impulsion conjuguée des derniers gouvernements travaillistes et de chercheurs en droit privé. D’une part, grâce à diverses mesures promulguées par l’exécutif, de nouveaux droits réels immobiliers ad hoc, comme le droit d’usage à des fins d’habitation, ont été ajoutés au catalogue classique de façon à permettre la régularisation des logements construits dans les favélas. La mise en oeuvre de tels droits a évidemment été fonction de la coopération des villes touchées, ainsi que de facteurs économiques et politiques. D’autre part, des privatistes ont tiré parti de la théorie du droit civil-constitutionnel pour mettre le droit des biens en phase avec le principe de la dignité humaine et le droit au logement inscrits dans la Constitution fédérale de 1988, notamment au moyen de la fonction sociale de la propriété soutenant des actions possessoires au bénéfice des habitants des favélas face au propriétaire du terrain.
EN:
In Brazil, the justiciability of the right to housing has increased significantly under the combined efforts of labour governments and private law researchers. For the government’s part, various executive measures have created new ad hoc real rights, such as the right of use for a residential purpose, allowing for regularization of favela dwellings. Clearly, implementation of these new real rights has depended on both municipal cooperation and economic and political factors. At the same time, private law researchers have been using the “civil constitutional” theory to bring property law under the purview of the constitutional principles of human dignity and the right to housing, for example by using the social function of property to support possessory actions for favela inhabitants against landowners.
ES:
En Brasil la justiciabilidad del derecho a la vivienda ha incrementado de manera considerable bajo el impulso conjunto de los últimos gobiernos laboristas y de los investigadores de derecho privado. Gracias a las diversas medidas promulgadas por el Ejecutivo, por una parte, nuevos derechos reales inmuebles ad hoc como el derecho de uso destinado a viviendas han sido añadidos a la catalogación clásica, con el fin de permitir la regularización de las viviendas construidas en las favelas. La implementación de tales derechos ha sido evidentemente función de la cooperación de las ciudades pertinentes, y de factores de orden económico y político. Por otra parte, los privatistas han sacado provecho de la teoría del derecho « civil constitucional » para permitirle al derecho de propiedad, de conformidad con el principio de la dignidad humana y el derecho a la vivienda consagrados en la Constitución Federal de 1988, particularmente por medio de la función social de la propiedad en apoyo de las acciones posesorias y en beneficio de los habitantes de las favelas frente al propietario del terreno.
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Prostitution et droit à l’aide sociale
Martin Gallié and Martine B. Côté
pp. 353–395
AbstractFR:
Le présent texte retrace le parcours judiciaire des personnes prostituées et prestataires de l’aide sociale qui « mobilisent le droit » et saisissent le Tribunal administratif du Québec. Il s’appuie sur une analyse des rares jugements rendus par ce dernier à la suite de contestations de réclamations du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale pour des « prestations reçues sans droit, en raison de revenus non déclarés » provenant de la prostitution. Ces réclamations pouvant se traduire par un encouragement à la prostitution, en violation de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation, l’hypothèse défendue ici est qu’elles pourraient être qualifiées, dans de nombreux cas à tout le moins, de traitements ou de peines cruels et inusités, selon l’article 12 de la Charte canadienne des droits et libertés, et être, par conséquent, annulées.
EN:
Some of the individuals who have engaged in prostitution while receiving social assistance, and then received government claims of overpayment of benefits due to this undeclared “income” have mobilized the law by bringing the matter before Quebec’s administrative courts. This paper argues that these government claims can be seen to encourage prostitution, in contradiction of the Protection of Communities and Exploited Persons Act and that, as such, many could be characterized as cruel and unusual treatment or punishment under Section 12 of the Canadian Charter, and should therefore be quashed.
ES:
Este texto hace un seguimiento del recorrido judicial realizado por las prostitutas y beneficiarios de la asistencia social que « movilizan el derecho » y recurren ante el Tribunal administrativo de Quebec. El texto se fundamenta en un análisis de decisiones inusuales dictadas por el Tribunal, ante las impugnaciones de las reclamaciones interpuestas por el ministerio, basadas en « prestaciones recibidas sin tener derecho, por ingresos no declarados » provenientes de la prostitución. Ante el hecho de que estas reclamaciones puedan ser consideradas como un incentivo para la prostitución e infringir la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation (Ley de protección de comunidades y personas víctimas de la explotación), los autores sostienen la hipótesis que estas podrían ser calificadas en muchos casos, a lo menos, de tratamientos o de penas crueles e inusuales (art. 12 de la Carta Canadiense de los Derechos y Libertades) y en consecuencia, podrían ser revocadas.
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Des droits à part (entière) ? La justiciabilité inaboutie des droits sociaux en droit constitutionnel français
Laurence Gay
pp. 397–425
AbstractFR:
Comme cela a été le cas dans de nombreux pays, une culture d’injusticiabilité des droits sociaux a longtemps régné en France : les représentations dominantes excluaient que de tels droits puissent et doivent être appliqués et protégés par un juge, quel qu’il fût. Deux croyances imprégnant les milieux juridiques ont joué un rôle décisif en ce sens : l’assimilation des droits de la personne au modèle du droit subjectif — auquel les droits sociaux seraient en revanche irréductibles — et l’impossibilité supposée pour le juge de contraindre les pouvoirs publics à la mise en oeuvre de ces derniers. À partir des années 1970, le Conseil constitutionnel a fait application, dans le contexte du contrôle de la loi, de l’ensemble des textes auxquels renvoie la Constitution française de 1958, dont le préambule de 1946. Il existe donc une forme incontestable de justiciabilité des droits sociaux énoncés dans ce dernier texte, qui n’a cependant pas permis de dissiper tous les doutes quant à leur nature véritable de droits fondamentaux.
EN:
As in many other countries, a culture of injusticiability of social rights has long prevailed in France. The dominant conceptions have excluded the possibility that these rights can — and should — be applied and upheld by judges. Two pervading beliefs among the legal community have played a decisive role in this : the belief that human rights fall under subjective law, while social rights do not, and the presumed impossibility for judges to have these rights implemented by the public authorities. Since the 1970s, the French Constitutional Council has applied all of the texts mentioned in the French Constitution of 1958 and the 1946 preamble to determine the constitutionality of French laws. The justiciability of social rights is therefore indisputably set out in the Constitution, but this has not been sufficient to dispel doubts about social rights’ true nature as fundamental rights.
ES:
Al igual que en muchos países, en Francia ha prevalecido durante mucho tiempo una cultura de injusticiabilidad de los derechos sociales : las representaciones dominantes han excluido que tales derechos puedan y deban ser aplicados y protegidos por un juez, independientemente de cualquiera que fuese. Existen dos creencias infiltradas en el medio jurídico, y que han jugado un rol decisivo en este sentido : la asimilación de los derechos del hombre al modelo de derecho subjetivo — en el cual los derechos sociales serían, en cambio, irreductibles — y la supuesta imposibilidad por parte del juez de poder coaccionar los poderes públicos para la implementación de los mismos. A partir de los años 70, el Consejo Constitucional lo ha aplicado en el marco del control legal, así como en el conjunto de textos a los cuales se remite la Constitución francesa de 1958 y al preámbulo de 1946. Existe entonces una forma incontestable de justiciabilidad de los derechos sociales enunciados en este último texto, que sin embargo, no ha permitido disipar todas las dudas en cuanto a su naturaleza verídica de los derechos fundamentales.
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Un pas en avant, deux pas en arrière : la pauvreté, la Charte canadienne des droits et libertés et l’héritage de l’affaire Gosselin c. Québec
Martha Jackman
pp. 427–467
AbstractFR:
En 2002, la Cour suprême du Canada a rejeté la demande de Louise Gosselin fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés qui contestait un règlement d’application relatif au programme d’aide sociale du Québec prescrivant une réduction aux deux tiers du montant des prestations de base pour les moins de 30 ans, obligeant ces derniers à choisir entre la faim et l’itinérance. Dans le présent texte, l’auteure analyse les conséquences de la décision rendue dans l’affaire Gosselin c. Québec sur les droits et l’inclusion constitutionnelle des personnes vivant en situation de pauvreté. Elle considère d’abord l’important pas en matière de jurisprudence franchi dans cette affaire : le rejet par la Cour suprême de l’argument, étant en contradiction avec les attentes des groupes défavorisés et les obligations internationales du Canada en matière de droits socioéconomiques, selon lequel l’article 7 de la Charte ne peut imposer d’obligations positives aux gouvernements. L’auteure s’intéresse ensuite au recul constaté dans l’affaire Gosselin : plus précisément, à l’approche des juges majoritaires à l’égard de la preuve et au traitement de l’argument de fond articulé par Louise Gosselin. L’auteure soutient que les demandeurs qui invoquent la Charte dans les dossiers relatifs aux droits des personnes en situation de pauvreté continuent d’être confrontés à des stéréotypes préjudiciables et à des fardeaux de preuve disproportionnés. Leurs demandes en vertu de l’article 7 sont aussi constamment reformulées par les tribunaux, puis jugées non recevables. L’auteure conclut que, en n’ayant pas procédé à la révision de l’arrêt Gosselin, ni même accordé l’autorisation d’interjeter appel dans toute affaire soulevant la question de la pauvreté depuis lors, la décision de la Cour suprême représente un échec important du constitutionnalisme au Canada.
EN:
In 2002, the Supreme Court of Canada rejected Louise Gosselin’s Canadian Charter challenge to a Quebec welfare regulation that reduced benefits for those under-30 by two-thirds, forcing them to choose between hunger and homelessness. This article examines the legacy of Gosselin v. Canada for the rights and constitutional inclusion of people living in poverty. The article first considers the important jurisprudential step forward in the case : the Supreme Court’s rejection of the argument, at odds with the expectations of disadvantaged groups and with Canada’s international socio-economic rights obligations, that section 7 cannot impose positive obligations on governments. The article then considers the Court’s two steps back in the Gosselin case : the majority’s approach to the evidence and its treatment of Louise Gosselin’s substantive argument. The article argues that Charter claimants in poverty cases continue to face prejudicial stereotypes and disproportionate evidentiary burdens. Their section 7 claims are also consistently reframed by the courts and then dismissed as nonjusticiable. The article concludes that the Supreme Court’s failure to revisit Gosselin, or even to grant leave to appeal in any poverty case since then, represents a serious failure of constitutionalism in Canada.
ES:
En el año 2002, la Corte Suprema de Canadá desestimó la demanda interpuesta por Louise Gosselin la cual se fundamentaba en los principios consagrados de la Carta Canadiense de Derechos y Libertades, y en la que se contestaba un reglamento de aplicación relacionado con el programa de asistencia social de Quebec, en el que se prescribe una reducción de las dos terceras partes del monto de las prestaciones básicas para los menores de 30 años, lo cual obligaba a estos últimos a escoger entre el hambre y la vagancia. En este documento, la autora analiza las consecuencias de la decisión dictada en el caso de Gosselin c. Canada acerca de los derechos sobre la inclusión de carácter constitucional de las personas que viven en situación de pobreza. La autora considera en primer lugar el importante paso que se ha dado en materia de jurisprudencia en este caso : el rechazo del argumento por parte de la Corte Suprema, el cual contradice las expectativas de los grupos desfavorecidos y las obligaciones internacionales de Canadá en materia de derechos socioeconómicos y según el cual el artículo 7 no puede imponer obligaciones positivas a los gobiernos. Seguidamente, la autora abarca el constatable retroceso en el caso Gosselin : más precisamente en la perspectiva de los jueces mayoritarios con respecto a la prueba y al procesamiento del argumento de fondo expuesto por Louise Gosselin. La autora sostiene que los demandantes que invocan la Carta Canadiense de Derechos y Libertades en los expedientes relacionados con los derechos de las personas en situación de pobreza siguen estando confrontados con los estereotipos perjudiciales y a cargas de prueba desproporcionadas. Sus solicitudes basadas en virtud del artículo 7 han sido constantemente reformuladas por los tribunales, y posteriormente decididas como no justiciables. Para concluir, la autora expone que al no proceder a la revisión de la decisión del caso Gosselin, y al no acordar la autorización para interponer el recurso de apelación en el caso, con respecto a la cuestión de la pobreza, la decisión de la Corte Suprema representa, desde entonces, un fracaso considerable del constitucionalismo en Canadá.
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Temerity and Timidity : Lessons from Tanudjaja v. Attorney General (Canada)
Margot Young
pp. 469–493
AbstractEN:
As the case of Tanudjaja v. Attorney-General (Canada) recedes into the past, its legacy persists as powerful threat to law’s potential to evolve, retaining a critical edge of progressive relevance. Tanudjaja brought extensive and bold argument charging that government action and government inaction were responsible for the evolution and perpetuation of Canada’s housing failure. The challenge was dismissed ; its substantive arguments and evidence shut out without full hearing by a judiciary spooked by novelty. But, the case stands as judicial confirmation of patterns of dismissal of social justice claims under the Canadian Charter of Rights and Freedoms. The significance of these patterns extends broadly — imperilling other claims on the litigation horizon such as emerging assertions of environmental rights.
FR:
Si le cas de Tanudjaja c. Attorney-General (Canada) réfère au passé, son héritage demeure malgré tout un danger réel à l’encontre du potentiel qu’a la loi d’évoluer, donnant à cette affaire juridique une importance critique qui continuera de grandir. Dans cette affaire, les demandeurs soulevèrent des arguments détaillés et audacieux, soutenant que l’action et l’inaction gouvernementales étaient responsables de l’évolution et de la perpétuation du problème de logement au Canada. Ce raisonnement fût rejeté de manière préliminaire, le tribunal refusant une audience sur le fond, malgré les preuves et les arguments importants qu’il comportait, par peur de son caractère novateur. Le cas de Tanudjaja est donc une confirmation judiciaire des tendances des tribunaux à refuser d’entendre des réclamations de justice sociale sous la Charte canadienne des droits et libertés. La portée de cette tendance est importante, car elle met en péril d’autres réclamations possibles, telles que les affirmations émergentes de droits environnementaux.
ES:
Si el caso de Tanudjaja contra Attorney-General (Canada) pertenece al pasado, su legado persiste como una amenaza concreta contra el potencial que tiene la ley para evolucionar, lo que le otorga a este caso jurídico una importancia crítica que seguirá aumentando. En este caso, los demandantes habían planteado argumentos detallados y audaces, argumentando que la acción y la inacción gubernamentales eran responsables de la evolución y de la perpetuación de la problemática habitacional en Canadá. Este razonamiento fue desestimado preliminarmente, pues el tribunal denegó realizar una audiencia sobre el fondo de la cuestión, a pesar de las pruebas y de los argumentos importantes que se trataban, y esto, provocado por el temor a la novedad. El caso Tanudjaja constituye una confirmación judicial de las tendencias por parte de los tribunales del rechazo para oír las reclamaciones de justicia social bajo la Carta Canadiense de los Derechos y las Libertades. El alcance de esta tendencia es importante, pues pone en peligro eventuales demandas como las declaraciones emergentes de derechos medioambientales.
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Culture juridique des droits de la personne et justiciabilité des droits économiques, sociaux et culturels : tendances à la Cour suprême du Canada
Christine Vézina
pp. 495–538
AbstractFR:
Les droits économiques, sociaux et culturels demeurent marginalisés en droit constitutionnel et quasi constitutionnel, en dépit des critiques répétées des instances onusiennes à cet égard. Les leviers susceptibles d’accroître l’effectivité de ces droits sont, au mieux, sous-exploités, et le statu quo perdure en privant les personnes les plus vulnérables de la société de l’accès à la justice. La culture juridique des droits de la personne des juges majoritaires de la Cour suprême du Canada, analysée dans une perspective sociojuridique, et ce, dans le contexte d’une recherche empirique, permet de mieux comprendre cette situation. Elle révèle en effet que les pratiques, les représentations et les valeurs des juges relatives aux titulaires de droits, à la nature des obligations à la charge de l’État et à la méthodologie juridique s’inscrivent dans un paradigme passéiste des droits de la personne. Cela contribue à un constitutionnalisme tronqué au soutien d’une « pureté » hégémonique des droits de la personne et prive de la protection de la règle de droit les personnes les plus vulnérables de la société.
EN:
Despite repeated UN criticism, social and cultural economic rights remain marginalized in constitutional and quasi-constitutional law. The levers that could increase the enforceability of these rights are underused at best, and the status quo continues to deprive the most vulnerable people in society of access to justice. A socio-legal analysis of the human rights legal culture of the Supreme Court of Canada majority, carried out as part of empirical research, provides us with a better understanding of this situation. It reveals that judges’ practices, representations, and values with respect to rights holders, government obligations, and legal methodology reflect an outdated human rights paradigm that reduces constitutionalism and supports the hegemonic « purity » of human rights, while depriving society’s most vulnerable of the protection of the rule of law.
ES:
A pesar de las repetidas críticas de las instancias de las Naciones Unidas, los derechos económicos, sociales y culturales han sido marginalizados en el ámbito del derecho constitucional y cuasi-constitucional. Los sistemas que son susceptibles de incrementar la efectividad de dichos derechos son, a lo menos, no aprovechados lo suficiente, el status quo perdura y priva el acceso a la justicia a las personas más vulnerables de la sociedad. La cultura jurídica de los derechos de las personas, de los jueces mayoritarios de la Corte Suprema de Canadá analizada desde una perspectiva sociojurídica en el marco de una investigación empírica permite comprender mejor esta situación. En efecto, las prácticas, las representaciones y los valores de los jueces relacionados con los titulares de derechos, con las obligaciones del Estado, y con la metodología jurídica se inscriben en un paradigma paseísta de los derechos de las personas que contribuyen a un constitucionalismo truncado al servicio de la « pureza » hegemónica de los derechos de la persona, y que priva de la protección de la regla de derecho a las personas más vulnerables de la sociedad.
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Les droits économiques, sociaux et culturels et le système interaméricain de protection des droits de la personne : deus ex machina au dernier acte
Bernard Duhaime and Elise Hansbury
pp. 539–564
AbstractFR:
Tout au long de son histoire, le continent américain a été marqué par les injustices et les inégalités sociales, et il continue de l’être. Ainsi, le système interaméricain de protection des droits de la personne (SIPDP) a dû répondre à plusieurs types de violations dans les Amériques. Ses institutions ont d’abord été aux prises avec des situations de violations systématiques des droits civils et politiques commises par des régimes autoritaires, puis elles ont dû considérer des dynamiques de consolidation de l’ordre démocratique. Malgré des débuts hésitants, le SIPDP semble proposer depuis peu de nouvelles approches pour traiter des violations des droits économiques, sociaux et culturels (DESC). Après un survol rapide du SIPDP et de son cadre normatif relativement aux DESC, le présent texte aborde les limites à la justiciabilité de ceux-ci suivant l’approche directe. Il traite alors des solutions de rechange amenées par les victimes et leurs représentants pour pallier ces limitations, notamment le recours aux droits à la vie et à l’intégrité dont certains aspects assurent la protection des DESC. Enfin, il est proposé d’analyser les plus récentes avancées jurisprudentielles qui, à la surprise de plusieurs, paraissent rouvrir le débat quant à la justiciabilité directe des DESC.
EN:
The Americas have long been beset by social injustice and inequality, and the Inter-American Human Rights Protection System (IAHRS) has had to confront different kinds of rights violations during its tenure. The IAHRS first became involved in systematic authoritarian violations of civil and political rights, and later began engaging with the dynamics of democratic consolidation. After a somewhat shaky start, the IAHRS has recently begun proposing novel approaches to handling violations of economic, social, and cultural rights (ESC rights). This paper first provides a brief overview of the IAHRS and its normative framework for ESC rights. We then examine limits to the direct justiciability of ESC rights and ways that victims and their representatives are overcoming these limitations, including by extending the rights to life and integrity to provide protection of ESC rights. In closing, we analyze recent legal advances that, to the surprise of many, appear to be reopening the debate on the direct justiciability of ESC rights.
ES:
El continente americano ha sido y continúa siendo marcado por las injusticias y las desigualdades sociales. A lo largo de su historia, el Sistema Interamericano de Protección de los Derechos Humanos (SIDH) ha debido responder a diversos tipos de violaciones en las Américas. Sus instituciones se han visto confrontadas a situaciones de violaciones sistemáticas de derechos civiles y políticos cometidos por regímenes autoritarios, y se han planteado acerca de las dinámicas de consolidaciones del orden democrático. Después de inicios vacilantes el SIDH parece proponer, desde hace poco, nuevos enfoques para procesar las violaciones de los derechos económicos, sociales y culturales (DESC). Después de realizar un rápido repaso del SIDH y de su marco legal relacionado con los DESC, el presente texto aborda los límites relacionados con la justiciabilidad de estos, siguiendo el enfoque directo. Se plantean, asimismo, las alternativas que han sido llevadas a cabo por las víctimas y sus representantes con el fin de paliar estas limitaciones, particularmente los recursos vinculados con los derechos a la vida y a la integridad de los cuales algunos aspectos garantizan la protección de los DESC. Para terminar, se ha propuesto analizar los últimos adelantos jurisprudenciales que, para sorpresa de algunos, parece reiniciar el debate relacionado con la justiciabilidad directa de los DESC.
Chronique bibliographique
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Amélie Binette, Patrick Taillon et Guy Laforest (dir.), Jean-Charles Bonenfant et l’esprit des institutions, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, 452 p., ISBN 978-2-7637-4200-7
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Pierre Rainville, La répression de l’art et l’art de la répression. La profanation de la religion à l’épreuve des mutations du droit pénal au sujet du blasphème et de la protection des identités religieuses, Québec, Presses de l’Université Laval, 2019, 132 p., ISBN 978-2-7637-4452-0