Abstracts
Résumé
Des Grasset de Saint-Sauveur, on connaît surtout André (1758-1792), martyr de la Révolution française, béatifié en 1926 et dont un collège porte aujourd'hui le nom. Cet article concerne plutôt son frère aîné, personnage à l'antipode: Jacques Grasset de Saint-Sauveur (1757-1810), dont j'ai esquissé le parcours editorial dans le précédent Cahier des Dix (2002). Le présent article s'arrête à certaines de ses oeuvres en montrant ce qu'elles doivent à l'époque et ce qu'elles introduisent aussi de nouveau dans l'espace littéraire et éditorial (surtout si l'on songe qu'elles sont le fait d'un Montréalais de naissance). On y voit l'importance que cet entreprenant auteur, graveur et compilateur accorde au costume dans ses Encyclopédies des voyages [...], Voyages pittoresques [...], Fastes du peuple français [...], Tableaux cosmographiques [...] et autres Tableaux des principaux peuples [...]. L'article étudie également ce que dit Grasset des Canadiens dans le tome V (Amérique) de l'Encyclopédie des voyages (1796): il n'y est pas question de ses lointains compatriotes francophones, mais des seuls « Sauvages » de l'Amérique, comme si sa perception du Canada (et l'image qu'il veut en donner aux Européens) avait occulté la présence des colons de la province, pourtant implantés là depuis des générations. De plus, l'image qu'il donne des Amérindiens est-elle bien fidèle, où s'inspire-t-elle plutôt d'une tradition antiquisante de l'iconographie concernant ce sujet fort prisé à l'époque? Tout se passe en fait comme si le critère général des publications de Grasset était le «pittoresque». Toutefois, Grasset ne se contente pas de suivre la mode: il témoigne aussi sur certains sujets d'une pensée d'avant-garde, qu'il s'agisse de sa perception des Noirs en Afrique, ou surtout du récit libertin qu'on lui attribue : Hortense ou la jolie courtisane [...]. Dans ce récit rocambolesque sur les mésaventures amoureuses d'une Européenne perdue aux Amériques avec le « nègre Zéphire », peut se lire toute une réflexion sur les mariages interraciaux. Le Blanc n'y impose pas toujours ses valeurs et l'acculturation, pour Grasset, s'effectue aussi bien dans les deux sens. Autant de découvertes qui nous invitent à mieux connaître cet auteur d'origine canadienne dont l'oeuvre mériterait à coup sûr d'être rééditée et systématiquement analysée.
Abstract
Of the Grasset de Saint-Sauveur family, André (1758-1792) is the most well known member. He was not only a martyr of the French Revolution who was beatified in 1926 but a college was also named after him. This article, however, is about his older brother, a character his exact opposite: Jacques Grasset de Saint-Sauveur (1757-1810) whose editorial career was outlined in the last Cahiers des Dix (2002). This essay examines some of his works by showing the period's influence on them and that which they introduced as novel in the literary and editorial world of the era (especially when we take into account the fact that these works are the product of a writer who was born in Montreal). We see the importance that this enterprising author, engraver, and compiler placed on costumes in his Encyclopédie des voyages [...], Voyages pittoresques [...], Fastes du peuple français [...], Tableaux cosmographiques [...], and other Tableaux des principaux peuples [...]. The article also analyses what Grasset says about the Canadians in tome V (America) of l'Encyclopédie des voyages (1796): here we do not learn about his French-speaking compatriots but only about the "Sauvages" of America, as if his perception of Canada (and the image he wants to present to Europeans) had concealed the settlers in the province even though they had been there for generations. Also, is his image of the Amerindians an accurate one or rather does it flow from an antiquarian tradition regarding the iconography of this very popular subject in the period? In fact, it appears as though the general criteria for Grasset's publications was the "picturesque." However, Grasset does more than simply follow the fashion of the times: he is decidedly avant-gardist when he reveals his views on the Blacks in Africa and especially in the libertine text attributed to him: Hortense et la jolie courtisane [...]. In this fantastic story about a European woman lost in America in the company of the "nègre Zéphire", the reader is treated to reflections on interracial marriages. Here, the White man does not always impose his value system and acculturation for Grasset is a two-way street. These are some of the many discoveries that invite us to get to know this Canadian author better and whose works definitely deserve to be published again and systematically analysed.
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