Number 73, 2019 Explorer la mémoire et l'histoire
Table of contents (12 articles)
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Présentation
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Les Innus, un peuple à travers l’histoire (Première partie)
Denys Delâge
pp. 1–45
AbstractFR:
Cet article vise à démontrer la filiation historique entre les Innus contemporains et leurs ancêtres de la préhistoire. Projet inutile, peut-on croire, puisque la langue innue, qui est la même que celle du XVIIe siècle, est toujours parlée de nos jours. Projet pertinent, néanmoins, parce que notre tradition historiographique affirme la disparition des Indiens. Quels furent donc les mécanismes 1) d’occultation de l’Autre chez les Euro-Canadiens et 2) de maintien dans le temps de la société innue ? Le ciment du monde innu n’a jamais résidé dans une organisation politique, mais dans la parenté et dans la cosmologie. Épidémies et raids guerriers ont durement éprouvé les Innus, mais à un degré probablement moindre que leurs voisins autochtones. Cette société a réagi en remembrant ses familles par l’adoption et l’assimilation des veufs, veuves et orphelins.
EN:
This article aims to prove the vivid filiation of contemporary Innus with their prehistoric ancestors. One might think that this is an unnecessary task as today’s innu language, in continuity with that of the 17th century, is still spoken. Yet, with the prevalent belief of the “vanished Indian” in historiography, one still has to demonstrate the mechanisms 1) by which the blindness towards the Other occurred 2) and by which the Innu society was maintained over time. Political organization was none of a structure in the Innu society. Kinship and common cosmology rather sealed the social unity. Epidemics and wars heavily fell upon the Innus, yet probably less so than on their native neighbours. The Innus reacted to these dismantling factors by reunifying their families through adoption and assimilation of widows and orphans.
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La constitution du Québec : les commissions et les instructions royales, 1763-1947
Christian Blais
pp. 47–83
AbstractFR:
La constitution actuelle du Québec est formée d’une constellation de documents. Il en est de même pour la constitution de la Province de Québec (1764-1791) et celles du Bas-Canada (1792-1841) et de la Province du Canada (1841-1867). Deux documents, aujourd’hui relégués aux oubliettes, ont toutefois eu naguère une valeur constitutionnelle considérable. Du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, les commissions et les instructions royales adressées par la Couronne britannique au gouverneur de la colonie ont servi d’assise à la constitution du Québec et du Canada. Cet article rappelle aussi que ces documents ont donné lieu à divers débats dans la sphère politique.
EN:
The current constitution of Quebec is made up of a constellation of documents. The same applies to the constitution of the Province of Quebec (1764-1791) and to those of Lower Canada (1792-1841) and the Province of Canada (1841-1867). However, two documents, now forgotten, once had considerable constitutional value. From the mid-eighteenth century to the mid-twentieth century, royal commissions and instructions issued by the British Crown to the Governor of the colony served as the basis for the constitution of Quebec and Canada. This article also reveals that these documents have given rise to various debates in the political sphere.
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Jean-Charles Falardeau et le Conseil des arts du Québec
Simon Langlois
pp. 85–132
AbstractFR:
Le présent article rappelle la composition et le rôle du Conseil des arts du Québec, créé en 1962 et présidé par Jean-Charles Falardeau jusqu’en 1965. Au statut mal défini, en perpétuel conflit avec le ministère des Affaires culturelles qui assumait la gestion des affaires courantes en cette matière, le Conseil a néanmoins laissé en héritage un ensemble de propositions audacieuses et originales concernant la recherche et la culture, la langue et l’immigration, qui ne seront adoptées par le gouvernement du Québec que plusieurs années après la fin de ses activités.
EN:
This article deals with the composition and role of the Québec Arts Council, created in 1962 and chaired by Jean-Charles Falardeau until 1965. With a poorly defined status, in perpetual conflict with the Ministry of Cultural Affairs, which was responsible for the management of current affairs in this area, the Council nevertheless left behind a set of bold and original proposals concerning research and culture, language and immigration, which were not implemented by the Quebec government until several years after the end of its activities.
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Correlieu, l’atelier-résidence d’Ozias Leduc à Saint-Hilaire
Laurier Lacroix
pp. 133–159
AbstractFR:
En 1890, le peintre Ozias Leduc (1864-1955) construit un atelier sur la terre familiale au pied du mont Saint-Hilaire. Il en fait également sa résidence, condensant dans cet espace relativement restreint l’individu et le créateur. C’est dans cet atelier nommé Correlieu « un endroit où le coeur est en tout » que Leduc élabore son oeuvre pendant plus de 60 ans. L’article décrit l’atelier au plan physique et s’intéresse aux différentes fonctions qu’il a jouées dans la carrière du peintre. Correlieu est surtout un espace de création, mais aussi un lieu où il peut accrocher ou entreposer les oeuvres disponibles pour le marché et un endroit pour traiter de ses affaires. Ce qui est remarquable cependant c’est la quantité et la diversité des visiteurs qui se sont rendus rencontrer Leduc faisant de son atelier un foyer artistique et intellectuel.
EN:
In 1890, the painter Ozias Leduc (1864-1955) built a studio on the family plot at the foothill of Mont Saint-Hilaire. The artist also made it his residence, condensing in this relatively restricted space the individual and the creator. It is in this studio called Correlieu «a place where the heart is in everything» that Leduc elaborates his work for more than 60 years. This article describes the studio physically and looks at the different functions that it played in the painter’s career. Correlieu was not only a creative space, it was also a place where he could hang or store the works available for sale and also a place where to deal with his business. Remarkable however is the quantity and diversity of visitors who came to meet Leduc making his studio an artistic and intellectual focus.
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Du théâtre en famille. Les Marchand et le théâtre de société
Lucie Robert
pp. 161–194
AbstractFR:
À la fin du XIXe siècle, la famille de Félix-Gabriel Marchand, journaliste et homme politique, organise des représentations théâtrales au profit d’oeuvres de charité, à Saint-Jean, Québec ou Ottawa. Pour ces représentations, Félix- Gabriel lui-même et sa fille Joséphine écrivent plusieurs proverbes dramatiques qui, une fois publiés, sont diffusés largement et repris dans les autres régions du pays. À partir du cas des Marchand, dont l’activité s’étend sur trois générations, le présent article étudie la pratique du théâtre de société à la fois comme forme de socialité spécifique et comme esthétique particulière pratiquée par les amateurs.
EN:
At the end of the nineteenth century, the family of Félix-Gabriel Marchand, journalist and politician, organized theatrical performances for charity in Saint-Jean, Québec or Ottawa. For these performances, Félix-Gabriel himself and his daughter Josephine wrote several dramatic proverbs which, once published, circulated widely and were restaged in other parts of the country. Based on the case of the Marchands, whose activity spans three generations, this article examines the practice of society theatre both as a specific form of sociality and as a particular æsthetic practiced by amateurs.
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« Pour votre bonheur comme pour le mien. » : Françoise Gaudet-Smet : éducatrice et animatrice à sa manière
Jocelyne Mathieu
pp. 195–234
AbstractFR:
Françoise Gaudet-Smet apparaît comme une femme de paradoxe, ancrée dans la tradition, mais néanmoins tournée vers la modernité. D’abord journaliste, écrivaine, conférencière, elle fonde sa propre revue, Paysana, en 1938, qu’elle dédie aux fermières de la Province de Québec. Chroniqueuse et animatrice à la radio puis à la télévision, elle propose aux femmes des solutions simples aux problèmes du quotidien. Reconnue pour son sens pratique, elle valorise l’artisanat, encourage les femmes à se cultiver, à créer leur propre bonheur et à avoir confiance en elles. Bien qu’elle reste attachée à ses racines rurales, elle a voyagé dans plus d’une trentaine de pays, dont la Suède qui l’a particulièrement inspirée.
EN:
Françoise Gaudet-Smet appears as a woman of paradox, rooted in tradition, and nonetheless looking forward to modernity. At first a journalist, writer, public speaker, she founded her own magazine, Paysana (1938), intended for countrywomen of the Province of Québec. In addition, she worked as a radio and television host, providing women with simple solutions to everyday problems. Known for her sensible approach to things, she values craftsmanship as a means of artistic fulfilment as well as economic growth, encourages women to educate themselves, create their own happiness and cultivate self-confidence. Close to her own rural roots, she traveled worldwide, and found Sweden particularly inspiring.
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Biofictions au cinéma et mémoire collective
Andrée Fortin
pp. 235–270
AbstractFR:
La biofiction cinématographique, ou biopic, se déploie au Québec essentiellement à partir de l’an 2000. Elle raconte la vie de personnes connues, artistes, sportifs, militants politiques, par exemple. Trois thèmes ressortent de l’analyse de ces films : l’insertion des personnages dans les mouvements sociaux, nationaliste pour les hommes et féministe pour les femmes, la figure de la victime et la transmission. Il s’agit essentiellement de films à thèse qui illustrent divers chemins menant à l’autonomie individuelle et collective. Plusieurs mécanismes sont utilisés pour renforcer l’effet de vérité de ces films pourtant « librement inspirés » de la vie de ces personnes, contribuant ainsi à la construction d’une mémoire collective, d’une histoire nationale.
EN:
The biopic, or biographical and fictional film, begins in Québec around the year 2000. The genre tells the story of the life of famous people, artists, sportsmen, political activists, for example. Three themes emerge from the analysis of these films: the insertion of characters in social movements, nationalist for men and feminist for women, the figure of the victim and transmission. These are essentially thesis films that illustrate various paths leading to individual and collective autonomy. Several mechanisms are used to reinforce the truth effect of these films that are nonetheless « freely inspired » by the lives of these people, thus contributing to the construction of a collective memory, a national history.
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La mort du soldat William Hands : violence urbaine, tensions politiques et justice criminelle à Montréal, 1835
Louis-Georges Harvey
pp. 271–302
AbstractFR:
Tensions ethniques, antipathie entre soldats et citoyens, insuffisance de la présence policière, de multiples causes permettent d’expliquer la mort du soldat William Hands, le 23 avril 1835, à la suite d’une échauffourée impliquant quelques Canadiens, mais la signification de l’événement et de la controverse qu’il soulève se situe plutôt dans l’intensification des pressions politiques qui agissaient sur l’administration de la justice criminelle en 1835. L’importance politique du procès qui s’ensuivit était évidente, et les Patriotes mirent tout en oeuvre pour faire disculper les accusés, Édouard Monarque et Joseph Chapeleau, au moment où les autorités impériales lançaient une commission d’enquête sur les affaires du Bas-Canada.
EN:
Ethnic tensions, antipathy between soldiers and citizens, and an insufficient police presence ; multiple causes can explain the death of private William Hands on April 23, 1835, following a scuffle involving a few Canadians. However, the significance of the event and the controversy it created lies rather in the intensification of political pressures acting on the administration of criminal justice in 1835. The political significance of the trial that ensued was obvious, and the Patriotes made every effort to exonerate the accused, Édouard Monarque and Joseph Chapeleau, at a time when imperial authorities were launching a commission of inquiry on the affairs of Lower Canada.
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Les causes de l’inachèvement du projet d’émancipation coloniale de 1837 et de 1838
Yvan Lamonde
pp. 303–334
AbstractFR:
On s’interrogera sans doute sur l’idée même de ce « regard clinique » sur les causes de l’inachèvement des projets d’émancipation coloniale de 1837 et de 1838 au Bas-Canada. Un regard clinique n’est pas une autopsie ! Le propos est d’identifier, de pondérer et de hiérarchiser ces causes.
EN:
One might be puzzled by this “clinical observation” on the causes of the unaccomplished colonial emancipation projects of 1837 and 1838 in Lower Canada. A clinical observation is not an autopsy ! The objectives are to identify, weigh and prioritize theses causes.
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Chronique de la recherche des Dix
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Index général