FR:
Cet article porte sur l'étude d'un cas des rapports ville-campagne au Québec, plus précisément ceux de Montréal avec un terroir de la plaine environnante, les terres noires de Napierville-Châteauguay. L'urbanisation de cette campagne se manifeste par des modifications de la structure sociale et de la structure de production, l'une et l'autre étant évidemment liées puisqu'elles constituent les structures pratiques fondamentales de la société.
Le peuplement de ce terroir agricole est issu d'une création volontaire, c'est-à-dire d'un mouvement de colonisation qui, à partir de 1945, a regroupé des éléments de population d'origines géographiques et ethniques variées, réunissant par le fait même des capacités démographiques de mutation fort originales. Cette collectivité rurale, récente de formation, était toute désignée pour connaître rapidement les processus dynamiques d'intégration à la société urbaine, processus identifiés comme étant la socialisation à l'intérieur du groupe et l'acculturation à l'extérieur.
Cette évolution socio-culturelle est indissociable de la participation des producteurs à une agriculture industrialisée. Leur activité agricole repose avant tout sur un très fort potentiel agro-pédologique, mis en valeur par une culture de légumes de plein champ spécialisée. Tour à tour sont analysés : l'alliance terre noire-terre franche, l'importance des bâtiments fonctionnels, la variation de l'alliance homme-machine, le poids de la main-d'oeuvre infantile . . . , caractéristiques propres à une agriculture de banlieue et conformes aux forces de la collectivité présente.
Ce terroir de plaine fonctionne de façon autonome sur la base d'une activité de production originale, sur la base de forces de travail familiales et industrielles, sans que des formes directes d'urbanisation ne soient venues s'immiscer, mais subissant inévitablement et subrepticiment l'influence urbaine.
EN:
In this study the relationships between the agricultural communities of « Les terres noires (black soils) of Napierville-Châteauguay » and the city of Montréal are examined. The urbanization of the countryside produces modifications of the social and production structures ; these structure are tightly related and constitute the fundamental and practical structures of society.
The setting of this rural area was the result of a voluntary action, an act of colonization which, beginning in 1945, regrouped various demographic elements of diverse geographic and ethnic origins. This rural entity of recent formation was designated to experience the dynamic processus of integration into an urban society. The processus can be identified as socialization within the group and acculturation without.
This socio-cultural evolution cannot be disassociated from the participation of producers in industrialised agriculture. Their agricultural activity is based above all upon a very high agro-pedological potential, which, when brought under cultivation, yields high value specialized vegetable production. One after the other the following analyses are made : the relationship of black soil to brown soil, the importance of functional buildings, variation of the relationship between man and machine, the relative importance of child labour, all important characteristics of « city surrounding » agriculture.
This lowlands community functions autonomously, based on an original activity of production and family labour. No real forms of urbanization are presently observable, but urban influence is subtly making its presence felt.