La mode est aux palmarès de villes : la ville qui offre la meilleure qualité de vie, celle qui est la mieux adaptée à la poursuite des affaires, la ville où le coût de la vie est le plus élevé, etc. Bien qu’ils présentent plusieurs classements de grandes villes, les résultats de l’enquête qui est l’objet de Vivre en ville se distinguent de ces palmarès par les nombreuses facettes du phénomène urbain qu’ils abordent. L’enquête a été menée à la fin de 2007 par l’Institut IPSOS pour le compte de Veolia Environnement (mis sur pied par l’Observatoire des modes de vie urbains, situé à Paris). Près de 9000 citadins ont été sondés, provenant en parts plus ou moins égales de 14 régions urbaines : Londres, Lyon, Paris, Berlin, Prague, Alexandrie, Shanghai, Pékin, Tokyo, Sydney, Chicago, Los Angeles, New York, Mexico. Comme on pouvait s’y attendre, étant donné les importantes différences entre les villes sondées, l’enquête révèle de grandes variations dans les résultats provenant des 14 régions urbaines. Par exemple, la satisfaction par rapport à sa ville atteint un maximum de 93 % à Lyon et un minimum de 64 % à Alexandrie. Dans la même veine, 58 % des sondés de Mexico veulent quitter leur ville, alors que ce n’est le cas que de 17 % à Shanghai. Ce sont les attitudes par rapport à l’insécurité qui présentent le plus grand écart, opposant encore une fois Mexico où 85 % des sondés souffrent d’insécurité, à Shanghai où ce taux n’atteint que 20 %. Mais les résultats présentent aussi des constantes. Partout, les sondés veulent travailler moins d’heures, avoir plus de loisirs et dormir plus longtemps. Ils sont irrités surtout par les embouteillages. Les priorités exprimées par les sondés mettent en lumière les aspects fondamentaux de la ville : les conditions de vie en milieu urbain, les activités économiques et la mobilité. Le livre groupe 12 auteurs. Plusieurs, tels Gérard-François Dumont, Vincent Kaufmann et Thierry Paquot, font partie du gratin des études urbaines francophones européennes. Chacun y va de son approche dans l’interprétation des réponses à différentes questions de l’enquête. Certains s’en tiennent à une description des résultats, alors que d’autres se servent de l’enquête pour nourrir leur pensée sur la ville. Le livre contient d’excellents chapitres, par exemple celui qui porte sur les tendances historiques ayant mené à un monde où la majorité de la populationvit désormais en ville, cet autre sur les attraits de la ville auxquels les jeunes adultes sont le plus sensibles (rencontres, loisirs et promotion économique) et celui qui fait part de la crainte d’une grande proportion des citadins d’être exclus de la ville par son embourgeoisement grandissant. Comme dans toutes les enquêtes comparatives, il est difficile de départager, dans les réponses, les variations qui sont dues aux conditions objectives de celles qui découlent des attitudes des résidants par rapport à ces conditions. Hormis le fait que l’enquête a été réalisée par Internet, on fait peu mention des répercussions de la méthodologie de l’enquête et surtout de ses techniques d’échantillonnage sur les résultats. Les sondés sont-ils représentatifs des populations des différentes villes ? Quel rôle jouent les problèmes d’échantillonnage dans les variations observées entres les différentes villes ?
DAMON, Julien (dir.) (2008) Vivre en ville : Observatoire mondial des modes de vie urbains. Paris, Presses universitaires de France, 251 p. (ISBN 978-2-13-056884-1)[Record]
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Pierre Filion
University of Waterloo