FR:
Rédigé un peu avant le début des événements dramatiques qui ravagent la Syrie depuis mars 2011, cet article analyse la relation entre ressources territoriales et développement touristique dans la ville d’Alep. Adoptant la perspective historique longue, il expose dans un premier temps la mutation de ce vieux territoire urbain dont l’économie, jusque-là fondée largement sur l’artisanat traditionnel, a été engagée, au cours des années 2000, dans un processus de diversification par intégration du tourisme comme voie complémentaire de mise en valeur de son riche patrimoine culturel. Dans un deuxième temps, l’analyse se focalise justement sur le rôle des ressources patrimoniales dans le développement socioéconomique de cette ville. La conclusion à laquelle aboutit la réflexion est que, dans le contexte actuel de concurrence globalisée entre pays et territoires, l’avenir d’Alep dépend en bonne partie de la capacité des autorités locales et du gouvernement central à imaginer un mode de gouvernance capable de mobiliser tous les acteurs autour d’un projet collectif de développement territorial. Il va sans dire que le conflit armé que vit la Syrie depuis plus de deux ans maintenant, et qui a détruit (en partie) ses institutions, est de nature à compromettre cette analyse. Toutefois, compte tenu du rapport des forces en présence, il n’est pas exclu qu’une solution politique, satisfaisante pour tous, soit trouvée dans un avenir proche. Pour peu que cette solution prévoie une dose d’autonomie des régions par rapport au pouvoir central, les acteurs locaux d’Alep auront à coeur de relancer sur des bases rénovées la dynamique de développement territorial. Dans une telle hypothèse (favorable), l’analyse esquissée ici retrouverait alors toute son actualité.
EN:
Written shortly before the beginning of the dramatic events that have devastated Syria since March 2011, this article analyzes the relationship between territorial resources and tourism development in the city of Aleppo. Using a long-term historical perspective, it first explains the transformation of this age-old urban territory, whose economy, largely based on traditional crafts until the end of the 1990s, has increasingly focused, during the 2000s, on a diversification process that uses tourism to complement the further development of its rich cultural heritage. The authors then examine the role of heritage resources in the socio-economic development of the city. In conclusion, they argue that, in the current context of global competition between nations and regions, the future of Aleppo depends mainly on the capacity of local authorities and the central government to establish a mode of governance that can mobilize all stakeholders around a collective territorial development project. Clearly, the armed conflict that has devastated Syria for over two years now and led to the destruction of certain institutions could invalidate this assessment. However, the balance of power between the rebels and the government army might well lead to a political solution acceptable to all parties in the near future. As long as this solution includes a degree of regional autonomy from the central government, local stakeholders could reasonably be expected to pursue a goal of territorial development on a different basis. If this optimistic scenario comes to pass, the analysis outlined in this article will maintain its topicality.
ES:
Redactado poco antes del comienzo de los hechos dramáticos que destruyen Siria desde marzo del año 2011, este artículo analiza la relación entre los recursos territoriales y el desarrollo turístico de la ciudad de Alepo. Según una perspectiva histórica amplia, se expone la mutación de ese viejo territorio urbano, cuya economía se basaba en la artesanía tradicional que durante los años 2000 estuvo ligada en un proceso de diversificación, gracias a la integración del turismo como vía complementaria para la valorización de la riqueza de su patrimonio cultural. Luego, el análisis se centra sobre el papel que juegan los recursos patrimoniales en el desarrollo socio-económico de esa ciudad. En conclusión: en el contexto actual de concurrencia globalizada entre países y territorios, el futuro de Alepo depende en gran parte de la capacidad de las autoridades locales y las del gobierno central a imaginar uno modo de gobierno capaz de movilizar todos los actores, en un proyecto colectivo de desarrollo territorial. Evidentemente, el conflicto armado que vive Siria desde hace más de dos años y que ha destruido (en parte) sus instituciones, compromete este análisis. Sin embargo, teniendo en cuenta de las fuerzas en presencia, no se excluye que se encuentre en un futuro próximo, una solución política satisfaciente para todos. Si esta solución prevea una dosis de autonomía de las regiones con respecto al poder central, los protagonistas locales de Alepo tendrán el deber de empujar, sobre nuevas bases, la dinámica del desarrollo territorial. En esta hipótesis (favorable), el análisis aquí expuesto tendría pertinencia.