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Revue d'idéologies linguistiques
Number 15, Spring 2022 Regards linguistiques sur les mots polémiques Guest-edited by Geneviève Bernard Barbeau and Nadine Vincent
Table of contents (15 articles)
Articles / Artículos / Articoli
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Présentation
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Le slogan Right fiers : de polémique linguistique à formule discursive
Natalie Melanson Breau and Isabelle Violette
pp. 5–30
AbstractFR:
Dans cette contribution, nous nous penchons sur le slogan Right fiers, conçu pour les Jeux de la francophonie canadienne 2017 à Moncton-Dieppe (Nouveau-Brunswick, Canada). Dès le lancement officiel, la légitimité linguistique du slogan est contestée et représente un enjeu de débat public. Au sein de la francophonie canadienne, un simple mot tiré de la langue de l’autre groupe ouvre la voie à un débat idéologique langagier. Or, plus de deux ans après la tenue des Jeux, de multiples Right fiers apparaissaient toujours dans des contextes discursifs sans liens apparents à l’événement originel. L’objectif de cet article est d’expliquer la postérité de l’expression dans l’espace médiatique franco-canadien. Nous avançons que l’expression Right fiers est progressivement passée d’un slogan à une formule discursive, passage qui est par ailleurs tributaire de la polémique linguistique qu’a tout d’abord suscité le dévoilement officiel.
EN:
In this article, we focus on the slogan Right fiers, chosen for the 2017 Canadian Francophone Games in Moncton-Dieppe (New Brunswick, Canada). Its linguistic legitimacy was contested as soon as it was unveiled, making it an object of public debate. In the French-Canadian community, borrowing a word from the other language can spark ideological debates. Nevertheless, two years after the Games, the Right fiers slogan still appeared in various discursive contexts, including some unrelated to the event it was created for. The aim of this article is to explain the longevity of the expression in the French-Canadian media. We demonstrate that the expression Right fiers gradually evolved from a slogan to a discursive formula, transformation which relies among other things on the linguistic polemic it caused from its official unveiling.
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La polémique métalangagière autour de la formule racisme systémique
Isabelle Lévesque and Geneviève Bernard Barbeau
pp. 33–49
AbstractFR:
À la suite de discussions publiques concernant les injustices, inégalités et violences dont sont victimes certaines personnes et certains groupes au Québec, la fréquence d’emploi de l’expression racisme systémique a fait un bond fulgurant, notamment dans l’espace médiatique. Devenue un objet discursif d’importance dans le discours public, l’expression peut être envisagée comme une formule discursive qui a fait l’objet de compréhensions plurielles et antagonistes et qui s’est retrouvée au coeur d’une polémique métalangagière. À partir d’un corpus constitué de textes publiés dans trois quotidiens québécois, Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréal, notre objectif est d’analyser cette polémique, qui s’est manifestée notamment par la confusion entre les termes systémique et systématique et par la contestation du référent, ce qui a donné lieu à de multiples tentatives de définitions de toutes parts, marquées par des réfutations et des exemplifications.
EN:
Following public discussions about the injustices, inequalities and violence experienced by certain people and groups in Quebec, the frequency of use of the term systemic racism has increased significantly in 2020. Having become an important discursive object in public discourse, systemic racism can be seen as a discursive formula that has been the subject of plural and antagonistic understandings and that has found itself at the heart of a metalinguistic polemic. Based on a corpus of texts published in three Quebec newspapers, Le Devoir, La Presse and Le Journal de Montréal, the aim of this article is to analyze this polemic, which has manifested itself in the confusion between the terms systemic and systematic and in the contestation of the referent, giving rise to multiple attempts at definition marked by refutations and exemplifications.
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Minorités visibles ou invisibles ? Une formule aux enjeux polémiques
Chiara Molinari
pp. 50–76
AbstractFR:
Cette étude vise à explorer les enjeux liés à l’expression minorité visible dans le contexte québécois. En effet, malgré sa fréquence, le sens de minorité visible fait l’objet de débats et de critiques, que ce soit de la part des institutions ou des citoyens, et ses contours sont souvent polémiques. Nous nous proposons donc de vérifier si l’expression peut être considérée comme une formule discursive et d’étudier un corpus constitué par des technodiscours (tweets) afin d’analyser la façon dont les usagers remettent en question et négocient le sens de la formule.
EN:
This study aims to explore the issues related to the expression “visible minority” in Quebec context. Indeed, despite its frequency, the meaning of the term “visible minority” is the subject of debate and criticism, whether from institutions or citizens, and the outlines of which are often controversial. We therefore propose to verify whether the expression can be considered as a discursive formula and to study a corpora constituted by technodiscourses (tweets) in order to analyse the way in which users question and negotiate the meaning of the formula.
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Populisme dans les commentaires sur YouTube : entre dimension conflictuelle et enjeux argumentatifs
Stefano Vicari
pp. 77–98
AbstractFR:
Dans cet article, j’analyse les débats métadiscursifs autour du mot populisme dans les commentaires YouTube publiés entre 2015 et 2020 à la suite de vidéos où des spécialistes débattent autour du phénomène du populisme. Mon objectif est de montrer que bien que populisme soit considéré par les spécialistes comme une insulte fonctionnant comme étiquette polémique utilisée essentiellement pour dénigrer autrui, il fait l’objet, dans les échanges ordinaires, de remarques métadiscursives qui peuvent nuancer cette charge polémique jusqu’à l’effacer. Dans ce but, je me concentrerai sur trois pratiques métadiscursives ordinaires qui caractérisent le corpus, à savoir les actes de nomination, les lexicographismes, parmi lesquels on trouve différents types de resignification, et, enfin, les énoncés définitoires spontanés.
EN:
In this paper, I analyse the metadiscursive debates on the word populism in YouTube comments posted between 2015 and 2020, following the posting of videos where scholars debate around the phenomenon of populism. My aim is to show that although populism is considered by French specialists as an insult, functioning as a polemical label used essentially to denigrate others, in ordinary exchanges it is the object of metadiscursive remarks that can nuance this polemical charge, even to the point of erasing it. To this end, I will focus on three ordinary metadiscursive practices that characterize the corpus: acts of naming, lexicographisms, among which we find different types of resignification, and, finally, spontaneous defining statements.
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« Les féminazis c’est les pires » : autopsie langagière et enjeux sociaux d’une injure antiféministe
Albin Wagener
pp. 99–123
AbstractFR:
L’objectif de cet article est de proposer une étude de la circulation du mot féminazi et des représentations qu’il convoque, et ce, au moyen d’une étude de corpus en ligne. Constitué de textes médiatiques et de commentaires issus des réseaux sociaux, ce corpus permet d’obtenir une cartographie complète et variée afin de mieux comprendre les contextes d’utilisation de féminazi. Adoptant une approche croisant analyse de discours et humanités numériques, ce travail sur la violence langagière s’appuie sur la statistique textuelle, l’énonciation et l’argumentation, et est enrichi par l’introduction d’un corpus de mèmes, signes graphiques et textuels utilisés et produits en ligne afin de proposer des commentaires sur des sujets de société.
EN:
The aim of this paper is to propose a study of the circulation of the word feminazi and the social representations it conveys. In order to do this, a corpus is studied, made up of media texts and comments from social networks, in order to obtain a cohesive and diverse approach to better understand the contexts of use of the word. With an approach combining discourse analysis and digital humanities, this work on language violence is informed by textual statistics, as well as an approach based on argumentation. Furthermore, this paper is also enriched by the introduction of a corpus of memes – these graphic and textual signs used and produced online to provide commentary on social issues.
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Faut-il adapter les dictionnaires à l’air du temps ? Proposition d’un traitement polyphonique du mot woke
Nadine Vincent
pp. 124–147
AbstractFR:
En prenant comme sujet d’expérimentation le mot woke, nous nous intéressons à la description lexicographique d’emplois polémiques dont les sens fluctuent et qui sont au coeur de l’actualité. Après avoir analysé les sources dictionnairiques qui attestent cet emploi, nous proposerons une description plus polyphonique de woke en tenant compte de l’évolution rapide des connotations et dénotations attachées à ce mot, selon qu’on l’utilise pour se désigner soi-même ou pour nommer quelqu’un d’autre. La démarche initiale sera rigoureusement la même que pour la lexicographie traditionnelle, mais le but ne serait plus d’identifier l’emploi dominant (en termes de fréquence et de distribution), mais bien de tenir compte de différentes acceptions d’un même emploi en fonction de l’émetteur, du récepteur et de la situation de communication.
EN:
By taking the word woke as a subject of study, I am interested in the lexicographic description of polemical uses whose meanings fluctuate and which are at the heart of current events. After analyzing dictionaries which attest this word, I will propose a more polyphonic description of woke, taking into account the rapid evolution of the connotations and denotations attached to it, depending on whether it is used to designate oneself or to name someone else. The initial approach would be strictly the same as for traditional lexicography, but the goal would no longer be to identify dominant use (in terms of frequency and distribution), but to take into account different meanings of the same word.
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Polysémie et politique : analyse critique du mot réconciliation au Parlement canadien
Ann-Sophie Boily and Sandrine Tailleur
pp. 148–173
AbstractFR:
Cet article propose une analyse critique de l’usage du mot réconciliation dans le discours politique fédéral. Utilisé dans un contexte de pays colonisateur comme le Canada, ce mot est chargé d’histoire et n’a pas la même connotation selon cellui qui l’utilise. Le corpus étudié est tiré des transcriptions des débats ayant eu lieu à la Chambre des communes autour du projet de loi C-91, la Loi sur les langues autochtones, adopté en juin 2019. Des 130 000 mots du corpus, nous avons analysé les 93 occurrences du mot réconciliation en français et en anglais à l’aide d’outils d’analyses thématiques et du discours pour en arriver à comprendre comment il est mobilisé par les parlementaires. Les stratégies discursives entourant l’usage de ce mot s’apparentent parfois aux usages privilégiés par les auteurices et leaders autochtones qui revendiquent une vision critique de la réconciliation, mais nos analyses montrent qu’elles s’appuient surtout sur ce que Daigle (2019) nomme le « spectacle de la réconciliation ».
EN:
This article proposes a critical discourse study of the use of the word reconciliation in parliamentary discourse, based on data taken from the transcripts of debates from the House of Commons of Canada leading to the adoption of Bill C-91, An Indigenous Languages Act, in June 2019. From our corpus, composed of 130 000 words, we analyzed 93 occurrences of the word “reconciliation” in French and English 1) to identify and describe discursive contexts (reported speech and embrayage énonciatif) surrounding the use of reconciliation by parliamentarians, and 2) to identify the thematic context surrounding these uses, since the connotation of the word “reconciliation” as a political concept is historically and semantically charged. We show that, although parliamentarians use discursive tools that correspond to the ones favoured by critical Indigenous authors and Indigenous leaders, the sum of our analysis points towards a “spectacle of reconciliation” (Daigle, 2019) within the House of Commons.
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De Indien à Autochtone : évolution des dénominations génériques des peuples autochtones du Québec
Mireille Elchacar
pp. 174–202
AbstractFR:
Depuis quelques années, au Québec, à la demande de groupes de défense des droits des peuples autochtones, de nouvelles dénominations s’imposent par rapport à Indien et Amérindien, rejetées en tant qu’exonymes. Les appellations génériques mises de l’avant, Autochtone et Premières Nations, participent d’une volonté des communautés autochtones, groupes dominés, de se réapproprier un certain pouvoir symbolique. La redénomination se fait à des rythmes différents : le changement se fait parfois sans intervention, il est tantôt propulsé par des directives officielles, ou alors il rencontre certaines résistances. La présente étude examine comment ce changement s’opère à travers deux corpus, soit des textes de lois canadiens et des manuels d’histoire destinés à l’école secondaire.
EN:
In recent years, Indigenous rights’ groups have started rejecting generic designations traditionally used to name them, such as Indien and Amérindien (in French), because they are exonyms. The generic names put forward, Autochtone and Premières Nations, are part of a strategy to reclaim symbolic power by a dominated group. The redenomination takes place at different rates: the change sometimes occurs without any intervention, official directives sometimes force it, or it encounters a certain resistance. This study examines how this change is occurring through two corpora: Canadian laws and high school history textbooks.
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Le masculin polémique : contre-argumentaire historique sur le e féminin et les noms de métiers
Sophie Piron
pp. 203–232
AbstractFR:
Cet article est consacré à la thèse de la masculinisation du français, déployée par Éliane Viennot. Cette thèse soutient que des hommes lettrés au milieu du XVIIe siècle ont sciemment modifié le français pour y diminuer la présence du genre grammatical féminin. Cet argumentaire historique légitime en partie l’écriture inclusive contemporaine. À cet égard, la présente étude ne porte pas sur un mot polémique, mais sur le genre polémique qu’est devenu le masculin dans les sociétés francophones. L’objectif est d’apporter un contre-argumentaire historique à deux analyses proposées dans la thèse de la masculinisation, à savoir la question du e féminin en poésie au XVIe siècle et le féminin des noms de métiers au XVIIe siècle. À la lueur de l’histoire de la grammaire, de la lexicographie et de la langue, l’étude réfute la thèse de la masculinisation dans le cas des deux phénomènes discutés.
EN:
The paper is devoted to the thesis of the masculinization of French, deployed by Éliane Viennot. This thesis states that literate men in the middle of the 17th century knowingly modified French to reduce the presence of the feminine grammatical gender. This historical argument partly legitimizes contemporary inclusive writing. In this respect, this study does not focus on a polemical word, but on the polemical gender that masculine has become in French-speaking societies. The aim is to provide a historical counter-argument to two analyzes proposed in the thesis of masculinization, namely the question of the feminine e in poetry in the 16th century and the feminine for the names of professions in the 17th century. In the light of the history of grammar, of lexicography and of language, the study refutes the thesis of masculinization in the case of the two phenomena discussed.
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Pandémie, polémique et variation : le ou la Covid ?
Marie Steffens
pp. 233–255
AbstractFR:
La pandémie de Covid-19 a donné lieu à une explosion de néologismes pour désigner dans les différentes langues les nouvelles réalités qui apparaissent tous les jours à l’échelle mondiale. Entre flottement de l’usage et prises de position normatives, le genre de Covid-19 est au coeur d’une polémique largement relayée dans les médias. À partir d’un corpus d’articles de presse européens et canadiens francophones, cette contribution vise à identifier les arguments avancés par les différentes parties et à montrer comment les variables linguistiques, idéologiques et sociales s’articulent dans le discours de presse. Notre analyse rend compte de la complexité de ce débat dans lequel de nombreux paramètres interviennent : le rapport des francophones à l’emprunt en général et aux anglicismes en particulier, le bras de fer entre usage et norme, la légitimité et la diffusion des discours de référence, la variation interne au français et les préférences morphosyntaxiques des deux côtés de l’Atlantique.
EN:
The Covid-19 pandemic has given rise to an explosion of neologisms to designate in the different languages the new realities that appear every day on a global scale. Between floating usage and normative positions, the grammatical gender of Covid-19 in French is at the heart of a controversy that is widely reported in the media. Based on a corpus of European and Canadian press articles, this contribution aims to identify the arguments put forward by the different parties and to show how linguistic, ideological and social variables are articulated in the press discourse. Our analysis shows the complexity of this debate in which many parameters intervene: the relationship of French speakers to borrowing in general and to anglicisms in particular, the tug-of-war between usage and norm, the legitimacy and the diffusion of reference discourses, the internal variation of French and the morphosyntactic preferences of both sides of the Atlantic.
Comptes rendus / Reseñas / Recensioni
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Nicolas Sorba (dir.) (2021), Le français en Afrique : regards sociolinguistiques, Paris, L’Harmattan, coll. « Proximités sociolinguistique et langue française », 250 p. [ISBN : 978-2-8066-3742-0]
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Mélanie LeBlanc (2021), Dans l’accent de la Baie : se construire Acadien dans le sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, Sudbury, Éditions Prise de parole, coll. « Agora », 362 p. [ISBN : 978-2-8974-4275-0]
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Fabio Rossi e Fabio Ruggiano (2022), Errori, orrori, regole e falsi miti dell’italiano contemporaneo, Firenze, Franco Cesati, 121 p. [ISBN: 978-88-7667-932-2]
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Prada, Massimo (2022), Non solo parole: percorsi di didattica della scrittura. Dai testi funzionali a quelli multimodali, FrancoAngeli, 314 p. [ISBN: 978-88-351-0693-7]