Abstracts
Résumé
Face à l’abondance de chiffres concernant les risques que les jeunes encourent dans la rue ou font encourir aux autres, on peut avoir tendance à oublier que leurs comportements dits « à risque » constituent les manifestations d’enjeux plus profonds. Alors que l’idéal d’autoréalisation individuelle valorise certaines formes de prise de risques, on constate simultanément la présence importante au sein de nos sociétés d’une obsession sécuritaire qui vise la gestion des populations à risque. À partir d’une enquête auprès de jeunes sortis de la rue réalisée à Montréal, le présent article vise à mettre en lumière l’écart entre le sens attribué par les jeunes à la marginalité et à la normalité et la tendance politique à privilégier des approches épidémiologique et sécuritaire à l’égard de ces populations. Il se conclut par une analyse des effets de ces approches en termes de reconnaissance sur le processus de sortie de la rue de ces jeunes.
Mots-clés:
- Jeunes à risque,
- jeunes de la rue,
- épidémiologie,
- sécurité,
- marginalité
Abstract
When we see the numerous risks that young people face on the street or cause for others, one can forget that the so called « at risk » behaviour are displays of deeper lying issues. While the ideal of individual auto-realization values certain forms of at risk behaviour, one can also discern the existence in our societies an obsession with safety that targets at risk populations. Based on a survey conducted in Montreal with street youth, this article aims to clarify the difference between the meaning attributed by youth to marginality and normality and the political tendency to favour epidemiological and safety oriented approaches toward these populations. It concludes with an analysis of the effects of these approaches in relation to the recognition on the youth street exit process.
Keywords:
- At risk youth,
- street youth,
- epidemiology,
- safety,
- marginality
Resumen
La abundancia de cifras sobre los riesgos que los jóvenes de la calle corren o hacen correr a otros puede hacernos olvidar que los susodichos comportamientos “de riesgo” no son más que manifestaciones de problemas más profundos. En efecto, al mismo tiempo que en que el ideal de realización individual se valorizan ciertas formas de toma de riesgo, en el seno de nuestras sociedades se presenta una obsesión sobre la seguridad centrada en la gestión de las poblaciones en riesgo. A partir de una investigación realizada con jóvenes que han dejado la calle en Montreal, este artículo busca ilustrar la divergencia existente entre el sentido atribuido por los jóvenes a la marginalidad y a la normalidad y las tendencias políticas a privilegiar el enfoque epidemiológico y de seguridad en relación con estas poblaciones, además del efecto que ello tiene sobre estas últimas en términos de reconocimiento del proceso de retiro de estos jóvenes de las calles.
Palabras clave:
- Jóvenes en riesgo,
- jóvenes de la calle,
- epidemiología,
- seguridad,
- marginalidad
Appendices
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