Comptes rendus

Le Deuff, Olivier. Du tag au like : la pratique des folksonomies pour améliorer ses méthodes d’organisation, Limoges : FYP Éditions, 2012. 159 p. (Collection Entreprendre). ISBN 978-2-916571-82-9[Record]

  • Michèle Hudon

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Olivier Le Deuff, maître de conférences à l’Université de Bordeaux 3, mène des recherches sur la culture de l’information et les mutations engendrées par le numérique. Le but de ce petit ouvrage, dans les mots mêmes de l’auteur, est de « donner au lecteur une culture technique et folksonomique qui lui permette de mieux cerner les effets produits par le fait de taguer ou de cliquer sur un bouton like » (p. 10), symbolisé par l’image du pouce levé vers le ciel. Il s’agit de « replacer le like dans la lignée de l’indexation, opération qui vise à décrire le contenu d’une ressource ou d’un document par des mots-clés » (p. 7). La thèse est intéressante : l’auteur voit ce clic de souris comme le résultat d’une dissolution progressive de la reconnaissance de l’importance des mots-clés jusqu’à la manifestation d’une dualité simple entre j’aime et je n’aime pas. Il s’interroge aussi sur la direction à donner aux actions de taguage, d’annotation, de commentaires, sur le plan individuel comme sur le plan collectif. Le Deuff fait un rapide historique de l’indexation et des métadonnées, ne retenant que les événements, dates et noms pertinents à son propos, choisis pour que le lecteur perçoive plus facilement les liens entre les objectifs, outils, systèmes ayant connu une popularité, à un moment ou l’autre de l’histoire, et les nouveaux instruments d’indexation sociale en vogue aujourd’hui. Un peu plus loin, une image est particulièrement frappante, celle de métadonnées comme source d’identité passive reposant sur un ensemble de traces laissées de manière involontaire (p. 21). L’auteur reviendra à plusieurs reprises sur la transformation de l’individu en document, à force de générer des métadonnées sur lui-même, métadonnées sur lesquelles il n’a pas le plein contrôle. Le deuxième chapitre présente les tags et les folksonomies comme métadonnées. Le Deuff y décrit les grandes catégories d’outils du Web qui permettent le taguage : plateformes d’images et de photos, de vidéos, de musique, de stockage et de partage de documents, sites de jeux en ligne ou de questions-réponses, etc. Son analyse détaillée des possibilités offertes par ces sites, des niveaux de permission, des types de ressources, etc., sera utile au lecteur. La typologie des tagueurs (p. 51-53) est éloquente ; les six catégories sont-elles de l’auteur ? On ne le précise pas. Le chapitre 3 s’ouvre sur l’énoncé de trois points qui, selon l’auteur, aideront à mieux comprendre la portée des folksonomies : 1) les folksonomies n’ont pas révolutionné l’indexation et ont moins influencé la recherche d’information que les moteurs de recherche ; 2) les folksonomies recouvrent différentes réalités suivant qu’elles sont utilisées sur un blogue, une plateforme en ligne, un intranet ou un site collaboratif ; 3) les folksonomies n’ont pas remplacé ou effacé les ontologies ou les langages documentaires (p. 55). Citant Jérôme Bertonèche, Le Deuff assimile les folksonomies à des Post-it numériques (p. 57), les liant ainsi à la mémorisation et à l’annotation. Le Deuff ne révèle rien de nouveau cependant lorsqu’il affirme, comme Adam Mathes le faisait déjà en 2004, que la force des folksonomies, soit leur souplesse d’utilisation, constitue également leur faiblesse. L’auteur se dit en faveur de la formation des individus au taguage et reprend une liste de conseils, un peu hétéroclites il faut le dire, pour bien taguer (p. 74). Les chapitres 4 et 5 sont consacrés aux lieux d’application et d’exploitation des tags et des folksonomies. Le Deuff y décrit les environnements qui permettent aux professionnels d’exploiter les tags de manière plus complexe : bibliothèques 2.0 (LibraryThing, Babelio, etc.) et sites de signets sociaux (Delicious, Diigo, etc.). Il rappelle à juste titre …

Appendices