
Enfances, Familles, Générations
Number 35, 2020 Comprendre les politiques familiales d'aujourd'hui: Évolutions et enjeux Guest-edited by Gilles Séraphin and Nathalie St-Amour
Table of contents (12 articles)
Comprendre les politiques familiales d'aujourd'hui: Évolutions et enjeux
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Politique familiale : De quoi parle-t-on ?
Gilles Séraphin and Nathalie St-Amour
AbstractFR:
Cadre de la recherche : Cet article s’inscrit dans une réflexion plus large sur le devenir des politiques familiales notamment en ce qui concerne le destinataire de ces politiques, le changement de palier pour l’élaboration et la mise en œuvre de celles-ci et la délégitimisation des corps intermédiaires dans le cadre de ce processus.
Objectifs : L’objectif est de mieux cerner les contours des politiques familiales et d’exposer les éléments d’un référentiel qui pourrait permettre de tracer le périmètre de ce secteur de politique dans différents pays.
Méthodologie : Le propos de cet article s’appuie sur les contributions de ce numéro thématique, une revue de la littérature et l’expertise de recherche des auteurs.
Résultats : La réflexion présentée dans ce texte s’articule autour de la délimitation du périmètre des politiques familiales par l’analyse du bénéficiaire, du champ d’intervention, du (ou des) principe(s) fondateur(s) et des acteurs. Par la suite, en s’appuyant sur les cas français et québécois, les auteurs présentent, sous forme de questions, les critères qui pourraient permettre, dans un territoire donné, de définir ce qu’est la politique familiale.
Conclusions : Au niveau international et souvent au niveau national, un périmètre de « la » politique familiale apparaît encore diffus. De fait, il est impossible d’en donner une définition unique et partagée, adaptée à l’ensemble des pays où cette expression est utilisée. Malgré certains points communs, « la » politique familiale se laisse difficilement définir…
Contribution : Les auteurs confirment ainsi que les politiques familiales ne peuvent se comprendre sans une référence à la dynamique en cours dans l’ensemble de l’État social.
EN:
Research Framework : This article is part of a broader reflection on the future of family policies, including their beneficiaries, the change of levels responsible for their development and implementation, and the delegitimization of intermediary bodies involved in this process.
Objectives : To better define the parameters of family policies and to outline the elements of a frame of reference that could be used to map the scope of this policy area in different countries.
Methodology : This article is based on the contributions in this thematic issue, a review of the literature, and the research expertise of the authors.
Results : The ideas presented in this article focus on delimiting the scope of family policies by analyzing the beneficiaries, the intervention fields, the founding principle(s) and the actors. Based on the cases of France and Quebec, the authors present, in the form of questions, the criteria that could make it possible to define how family policy is defined in a given region.
Conclusions : At international and often at national levels, the scope of family policy still appears vague. In fact, it is impossible to provide a single and shared definition, adapted to all the countries where the term is used. Despite some commonalities, "family policy" remains difficult to define.
Contribution : The authors confirm that family policies cannot be understood without being considered in the context of the current dynamic of the social state as a whole.
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"Family policy": How do we define it?
Gilles Séraphin and Nathalie St-Amour
AbstractEN:
Research Framework : This article is part of a broader reflection on the future of family policies, including their beneficiaries, the change of levels responsible for their development and implementation, and the delegitimization of intermediary bodies involved in this process.
Objectives : To better define the parameters of family policies and to outline the elements of a frame of reference that could be used to map the scope of this policy area in different countries.
Methodology : This article is based on the contributions in this thematic issue, a review of the literature, and the research expertise of the authors.
Results : The ideas presented in this article focus on delimiting the scope of family policies by analyzing the beneficiaries, the intervention fields, the founding principle(s) and the actors. Based on the cases of France and Quebec, the authors present, in the form of questions, the criteria that could make it possible to define how family policy is defined in a given region.
Conclusions : At international and often at national levels, the scope of family policy still appears vague. In fact, it is impossible to provide a single and shared definition, adapted to all the countries where the term is used. Despite some commonalities, "family policy" remains difficult to define.
Contribution : The authors confirm that family policies cannot be understood without being considered in the context of the current dynamic of the social state as a whole.
FR:
Cadre de la recherche : Cet article s’inscrit dans une réflexion plus large sur le devenir des politiques familiales notamment en ce qui concerne le destinataire de ces politiques, le changement de palier pour l’élaboration et la mise en œuvre de celles-ci et la délégitimisation des corps intermédiaires dans le cadre de ce processus.
Objectifs : L’objectif est de mieux cerner les contours des politiques familiales et d’exposer les éléments d’un référentiel qui pourrait permettre de tracer le périmètre de ce secteur de politique dans différents pays.
Méthodologie : Le propos de cet article s’appuie sur les contributions de ce numéro thématique, une revue de la littérature et l’expertise de recherche des auteurs.
Résultats : La réflexion présentée dans ce texte s’articule autour de la délimitation du périmètre des politiques familiales par l’analyse du bénéficiaire, du champ d’intervention, du (ou des) principe(s) fondateur(s) et des acteurs. Par la suite, en s’appuyant sur les cas français et québécois, les auteurs présentent, sous forme de questions, les critères qui pourraient permettre, dans un territoire donné, de définir ce qu’est la politique familiale.
Conclusions : Au niveau international et souvent au niveau national, un périmètre de « la » politique familiale apparaît encore diffus. De fait, il est impossible d’en donner une définition unique et partagée, adaptée à l’ensemble des pays où cette expression est utilisée. Malgré certains points communs, « la » politique familiale se laisse difficilement définir…
Contribution : Les auteurs confirment ainsi que les politiques familiales ne peuvent se comprendre sans une référence à la dynamique en cours dans l’ensemble de l’État social.
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Le « noyau dur » de la politique familiale : l’enfant. Analyse du cas français
Michel Messu
AbstractFR:
Cadre de la recherche : L’article propose une réflexion d’ensemble sur la politique familiale française, sur son histoire, ses discours, ses objectifs et les interprétations théoriques qui en découlent.
Objectifs : Il cherche à établir qu’une lecture depuis son actuel point d’aboutissement révèle que la politique familiale française a mis au centre de ses préoccupations l’enfant.
Méthodologie : Une analyse secondaire de textes majeurs traitant de cette politique familiale ainsi qu’une synthèse des travaux de l’auteur, fournissent le substrat méthodologique adopté pour ce texte. Un décentrement du regard analytique et une compréhension renouvelée du large éventail des débats socio-idéologiques et des politiques publiques, soutiennent l’ensemble de la démarche.
Résultats : Il en ressort que la variation historique et discursive de la politique familiale française se fait, de manière plus ou moins explicite, autour d’un invariant : l’enfant. Ce, parce que lui préside, au niveau de l’État républicain dont s’est dotée la France post-révolutionnaire, une conception de l’enfant comme bien de la Nation. Progressivement au cours du XXe siècle, la famille agit ainsi par délégation, et l’État se substitue à elle en cas de défaillance ou de besoin.
Conclusions : Ainsi, contribuer à la satisfaction des besoins de l’enfant dans sa famille est non seulement l’objectif initial des politiques familiales mais aussi son objectif actuel.
Contribution : C’est donc à la relecture des politiques familiales françaises, à l’aune de la valorisation sociale de l’enfant proclamée par de nombreux pays, qu’engage l’article.
EN:
Research Framework: The article offers an overall thinking on French family policy, its history, discourses, objectives and theoretical interpretations.
Objectives: It seeks to establish that a reading from its contemporary point of departure reveals that French family policy has put children, and not primarily the family, at the center of its concerns.
Methodology: A secondary analysis of major texts dealing with this family policy, as well as a synthesis of the author's work, provide the methodological substrate adopted for this text. A shift in analytical focus and a renewed understanding of the wide range of socio-ideological debates and public policies support the overall approach.
Results: It emerges that the historical and discursive variation of French family policy is, more or less explicitly, based on one invariant: the child. This is because the child presides over a conception of the child as a good of the nation, at the level of the republican state that post-revolutionary France has adopted. The family thus acts by delegation, and the State takes its place in case of failure or need.
Conclusions: Contributing to the satisfaction of the needs of the child in his or her family is not only the initial objective of family policies but also their current objective.
Contribution: It is therefore to the re-reading of French family policy, in the light of the social valorization of the child proclaimed by many countries, that the article commits.
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La politique québécoise Les enfants au cœur de nos choix : Un pari audacieux néanmoins gagnant
Renée B. Dandurand
AbstractFR:
Cadre de la recherche: Après s’être donné en 1988 une première politique familiale explicite aux accents natalistes, le Québec fait un virage important en 1997 en édictant un ensemble de nouvelles dispositions sous le titre Les enfants au cœur de nos choix. Avec l’offre de nouvelles allocations aux familles, de services éducatifs de garde à contribution réduite et la promesse d’un meilleur régime d’assurance parentale, cette politique poursuivait trois objectifs : favoriser le développement des enfants et l’égalité des chances, faciliter la conciliation famille-travail et assurer une aide accrue aux familles à faible revenu. En 1997, cette politique suscite la surprise chez plusieurs : en période de fort déficit budgétaire, le gouvernement passait d’une politique populationniste à une politique socio-démocrate généreuse.
Objectifs: Après avoir présenté le contexte historique qui a donné lieu à l’implantation d’une politique familiale explicite au Québec, cet article propose de décrypter la conjoncture – démographique, politique et économique – qui a précédé la mise en place de Les enfants au cœur de nos choix.
Méthodologie: L'analyse de la politique familiale québécoise présentée dans cet article est largement basée sur les observations de l'auteure et les analyses de celle-ci développées au cours du temps.
Résultats: L’analyse permettra de constater que ce virage de la politique familiale peut être qualifié de pari, et de pari audacieux qui n’a pas son équivalent ailleurs en Amérique du Nord.
Conclusions: L’examen des études qui ont analysé les retombées de cette politique permet d’avancer que ce pari a pu être considéré comme gagnant et qu’il représente une avancée essentielle pour les femmes.
Contribution: Cet article apporte une réflexion socio-historique sur la politique familiale québécoise et explicite dans quelle conjoncture – démographique, politique et économique – s’est fait, pendant les années 1990, le passage d’une politique nataliste à une politique socio-démocrate qui collectivise le travail reproductif auprès des jeunes enfants. En outre, il apporte une interprétation du sens et de la portée de cette politique.
EN:
Research Framework: After establishing an initial family policy (with pro-birth undertones) in 1988, Quebec changed direction in 1997 by enacting new child-focused measures, i.e. Les enfants au cœur de nos choix. By offering family allowances, low-cost school child care services and the promise of a better parental insurance plan, the new policy pursued three objectives: promoting early childhood development and equal opportunities, facilitating a work-family balance and ensuring increased aid to low-income families. In 1997 the policy surprised many, given the substantial budget deficit of the time. The government was shifting from a policy based on population growth to a generous socio-democratic strategy.
Objectives: After presenting the historical context that gave rise to the implementation of an explicit family policy in Quebec, this article explains the demographic, political and economic circumstances in play prior to the adoption of the new child-focused policy .
Methodology: The analysis of the Quebec family policy presented in this article is largely based on the author's observations and her analysis of this policy in her career.
Results: The analysis reveals that change in family policy to be a bold gamble, one that has no equivalent in North America.
Conclusions: Close examination of various studies analyzing the impacts of the policy suggests that the gamble can be considered to have been a success, one that has led to significant advances for women.
Contribution: This article provides a socio-historical reflection on the Quebec family policy and explains the context - demographic, political and economic – in which it was made and during the 1990s, its transition from a natalist policy to a socio-democratic policy that collectivizes reproductive work with young children. In addition, it provides an interpretation of the meaning and scope of this policy.
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Politiques et usages autour de l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants en Suisse : entre disparités et inégalités
Xavier Conus and Alex Knoll
AbstractFR:
Cadre de la recherche : En Suisse, cadre de cette étude, comme ailleurs, les politiques publiques encourageant l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants se fondent sur deux arguments : favoriser la conciliation travail-famille et réduire les inégalités éducatives rencontrées par les enfants.
Objectifs : L’objectif de l’étude présentée dans cet article est d’analyser la situation de l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants en Suisse, particulièrement au regard de l’argument évoqué de lutte contre les inégalités.
Méthodologie : Pour cela, nous avons analysé les publications scientifiques et rapports d’organismes institutionnels et étatiques parus sur le sujet. Nous avons aussi exploré les bases de données statistiques de l’Office fédéral suisse de la statistique (OFS), ainsi que de l’OCDE pour la dimension comparative internationale.
Résultats : Les résultats montrent que l’investissement des pouvoirs publics dans l’accueil extrafamilial des jeunes enfants s’avère modeste en Suisse. Relativement aux pays voisins, le temps passé par les jeunes enfants dans des structures d’accueil est faible, tandis que la charge financière sur les familles et la part d’accueil informel s’avèrent élevées. La Suisse se caractérise en outre par de fortes disparités internes quant à l’offre d’accueil institutionnel, au mode de financement et à la part à charge des parents.
Conclusions : Dans ces circonstances, nous concluons que la politique actuelle de l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants en Suisse participe à un certain nombre d’inégalités davantage qu’elle n’œuvre à les réduire.
Contribution : Dans les perspectives, nous élargissons le regard au-delà du seul contexte suisse en discutant comment l’instauration d’une politique d’accueil extrafamilial qui permette de lutter réellement contre les inégalités exige à nos yeux une action conjointe sur l’offre et le système des coûts, sans négliger de considérer la dimension culturelle sous-jacente à la question de l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants.
EN:
Research Framework: In Switzerland, the context of this study, as elsewhere, public policies that foster formal childcare for young children base themselves on two arguments: supporting families in achieving work/life balance and reducing educational inequalities among children.
Objectives : The objective of the study presented in this paper is to analyse the situation of formal childcare for young children in Switzerland, especially in view of tackling inequalities.
Methodology : Therefore, we have analysed the scientific publications and reports from institutional and government bodies on the topic. We have also explored the statistical databases of the Swiss Federal Statistical Office (OFS) and the OECD for the international and comparative dimensions.
Results : The results show that investments in the childcare system by the Swiss public authorities are quite small. The time spent by young children in formal childcare remains quite low compared to that of the neighboring countries, while the costs incurred by the families and the share of informal childcare arrangements remain high. In addition to this, Switzerland is characterised by substantial internal disparities with regard to the formal childcare supply, the funding of the childcare system, and the costs incurred by the families.
Conclusions : Under these circumstances, we conclude that today’s formal childcare policy for young children in Switzerland rather contributes to maintaining inequalities instead of reducing them.
Contribution : As regards prospects, we expand the perspective beyond the Swiss context by discussing how establishing a formal childcare policy that really tackles inequalities involves acting on the supply and the cost system together, without neglecting the cultural dimension of childcare.
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Les dispositifs et les enjeux de la politique familiale au Nouveau-Brunswick
Octave Keutiben
AbstractFR:
Cadre de la recherche : La publication du Plan du Nouveau-Brunswick pour les familles et celle du Plan d’action pour les services de garderies éducatifs ont suscité l’intérêt de comprendre comment les enjeux liés aux familles sont pris en compte dans les politiques publiques du Nouveau-Brunswick.
Objectifs : Cet article examine les dispositifs et les enjeux de la politique familiale du Nouveau-Brunswick. Nous décrivons d’abord le Plan du Nouveau-Brunswick pour les familles pour mettre en évidence les dispositions liées à la politique familiale. Ensuite, nous examinons les principes et les implications de ces dispositions pour les familles.
Méthodologie : L’étude est fondée sur une méthodologie mixte. D’une part, une analyse qualitative des documents permet de comprendre l’évolution et les modifications récentes de la politique familiale du Nouveau-Brunswick. D’autre part, une revue de littérature permet de la caractériser et de comprendre comment ses nouvelles dispositions pourront affecter les familles. Certains faits sont illustrés avec des données quantitatives.
Résultats : La politique familiale du Nouveau-Brunswick cible très nettement les familles à bas revenu dans le but de compenser le coût économique des enfants, d’inciter au travail et de faciliter la conciliation emploi/famille. La désignation CPENB permet d’encadrer les frais de garde et aura sûrement un impact sur les familles, surtout celles à faible revenu et monoparentales. Le faible taux de couverture des garderies agréées limitera sans doute cet impact.
Conclusions : L’accueil de la petite enfance domine l’orientation actuelle de la politique familiale du Nouveau-Brunswick. Le défi pour la province sera surtout d’accroître le taux de couverture des garderies agréées pour envisager la création d’un réseau de services de grande qualité universellement accessibles et abordables pour toutes les familles d’ici 2030.
Contribution : La présentation d’un portrait analytique de la politique familiale du Nouveau-Brunswick permet de comprendre ses dispositifs actuels et ses implications pour les familles.
EN:
ResearchFramework: The publication of the New Brunswick Family Plan and the Early Learning and Child Care Action Plan sparked interest in understanding how family issues are considered in New Brunswick public policies.
Objectives: This article examines the mechanisms and issues of New Brunswick's family policy. We first describe the New Brunswick Family Plan to underscore family policy provisions. Next, we examine the principles and implications of these provisions for families.
Methodology: The study is based on a mixed methodology. On the one hand, a qualitative analysis of documents provides an understanding of the evolution and recent changes in New Brunswick’s family policy. On the other hand, a literature review helps to characterize it and to understand how its new provisions may affect families. Some facts are illustrated with quantitative data.
Results: New Brunswick's family policy clearly targets low-income families in order to offset the economic cost of children, encourage work and facilitate work/family reconciliation. The New Brunswick Early Learning Centre designation allows for childcare costs to be controlled and will surely have an impact on families, especially low-income and single-parent families. The low coverage rate of licenced child care will undoubtedly limit this impact.
Conclusions: Child care is dominating the current orientation of New Brunswick's family policy. The challenge for the province will be to increase the coverage rate of child care services to contemplate creating a network of higher quality services universally accessible and affordable for all families by 2030.
Contribution: By analyzing New Brunswick's family policy, this article contributes to understanding its current mechanisms and its implications for families.
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Qualité de l’accueil d’enfants de 3 ans en centre de la petite enfance au Québec et en maternelle en France
Nathalie Bigras, Philippe Dessus, Lise Lemay, Caroline Bouchard and Christine Lequette
AbstractFR:
Cadre de la recherche : Cette étude comparative s’appuie sur le cadre théorique du modèle écosystémique de Bronfenbrenner et Morris (1998).
Objectifs : Elle poursuit les objectifs de comparer les niveaux de qualité structurelle et des interactions de services éducatifs accueillant des enfants de 3 ans au Québec et en France, ainsi que d’identifier les composantes de la qualité structurelle pouvant expliquer les scores de qualité des interactions des deux contextes éducatifs.
Méthodologie : L’étude compare 41 classes de maternelle (France) et 40 groupes de centre de la petite enfance (CPE, Québec) d’enfants de 3 ans. Le Classroom Assessment Scoring System (CLASS PreK; Pianta et al., 2008) évalue la qualité des interactions (CLASS PreK; Pianta et al., 2008). Un questionnaire rempli par les éducatrices/enseignantes mesure la qualité structurelle.
Résultats : Les résultats d’analyses comparatives (Test-t) indiquent que les éducatrices (CPE) présentent des scores de qualité des interactions significativement plus élevés que ceux des enseignantes (maternelle) aux trois domaines et neuf dimensions du CLASS. Les analyses de régression linéaire révèlent que lorsque l’âge des éducatrices/enseignantes, leur niveau de scolarité et la taille des groupes/classes sont plus élevés, les scores de qualité des interactions sont plus faibles.
Conclusion : Diminuer la taille des groupes/classes et s’assurer que les enseignantes françaises soient mieux formées en petite enfance pourrait accroitre la qualité des interactions. L’embauche de personnel éducatif possédant des savoirs récents au sujet d’approches pédagogiques favorisant la qualité des interactions pourrait aussi améliorer les niveaux dans les deux contextes.
Contributions : Cette étude jette un éclairage sur les systèmes éducatifs de la petite enfance du Québec et de la France. Au Québec, elle incite à réfléchir aux conditions de mise en place des services destinés à la petite enfance tant dans les CPE que dans les classes maternelles. Du côté de la France, on y interroge ces conditions associées à la qualité des interactions, alors que la fréquentation des classes maternelles dès 3 ans est devenue obligatoire depuis 2019.
EN:
Research Framework: This quantitative comparative study uses the conceptual framework of Bronfenbrenner’s ecological model.
Objectives: The study compares quality levels of adult-child interactions and structural quality (regulation, ratio, training) of early childhood education services for 3-year-olds in Quebec and France.
Methodology: The study compares 41 kindergarten classes in Grenoble (France) with 40 early childhood centers (CPE) in Montreal (Canada). Educators (CPE) and teachers (Mat) were observed using the Class Assessment Scoring System for Preschool (CLASS PreK, Pianta et al., 2008).
Results : The results show that Quebec’s educators obtain a significantly higher level of adult-child quality interactions compared to 3 years old children in French kindergarten in all three domains of the CLASS. Results also indicate lower quality levels of the interactions when educators/teachers, groups/classes size, and education levels are higher.
Conclusion : Reducing the size of groups/classes and assuring specific training in early childhood could help improve the quality of interactions. Younger educators/teachers, who may be more aware of pedagogical approaches that promote the quality of adult-child interactions, could support the most experienced and the quality of their teaching practices.
Contributions : This study highlights some concerns about Quebec’s and France’s early childhood education systems policies. The implementation conditions for 4 years of ECE services by Québec’s government should be under reflection. In France, as attendance in kindergarten is now mandatory for all 3 years old children, the conditions associated with the quality of interactions may be questioned in this context.
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Évolution et transformation de la politique familiale québécoise depuis 1997
Sophie Mathieu and Diane-Gabrielle Tremblay
AbstractFR:
Cadre de la recherche : Le consensus établi autour de l’exceptionnalisme de la politique familiale québécoise dissimule certains enjeux et défis liés à l’accessibilité et à la disponibilité des mesures de soutien aux familles.
Objectifs : L’objectif de la recherche consiste à proposer une réflexion sur le caractère universel souvent attribué à la politique familiale québécoise en documentant l’évolution de l’architecture des trois principales mesures de soutien aux familles depuis 1997, soit les services de garde, les congés parentaux et les prestations monétaires.
Méthodologie : Le texte repose sur une revue systématique d’archives, de documents gouvernementaux et de recherches scientifiques sur l’évolution et la transformation de la politique familiale québécoise. Le point de départ de l’analyse est l’examen du Livre blanc Nouvelles dispositions de la politique familiale : les enfants au cœur de nos choix.
Résultats : En dépit de son penchant social-démocrate, la politique familiale québécoise n’est pas universelle dans son ensemble et toutes les familles ne sont pas égales dans le soutien qu’elles reçoivent de l’État. Nous montrons l’existence historique de quatre régimes de service de garde, dont les caractéristiques varient selon la nature des services offerts, leurs coûts et la possibilité d’y avoir accès. Nous montrons aussi qu’en raison de l’architecture du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), certains parents ne se qualifient pas pour l’obtention de prestations parentales. Enfin, nous montrons que même si toutes les familles reçoivent depuis 2005 des prestations monétaires, le montant de ces dernières varie selon le revenu.
Conclusions : Même si le Québec offre une politique familiale généreuse, la province n’échappe pas entièrement aux caractéristiques des sociétés libérales, dont le Canada fait partie.
Contribution : L’article contribue à la réflexion sur la perspective universaliste attribuée à la politique familiale québécoise.
EN:
ResearchFramework: The consensus established around the exceptionalism of Quebec family policy conceals certain issues and challenges related to the accessibility and availability of support measures for families.
Objectives: Our objective is to propose a reflection on the universal character often attributed to Quebec family policy by documenting the evolution of the architecture of the three main measures of support to families since 1997, namely child care services, parental leave, and cash benefits.
Methodology: The analysis is based on a systematic review of archives, government documents, and scientific research on the evolution and transformation of Quebec family policy. The starting point for the analysis is the examination of the White Paper Nouvelles dispositions de la politique familiale: les enfants au cœur de nos choix.
Results: Despite its social democratic leanings, Quebec’s family policy is not universal as a whole and not all families are equal in the support they receive from the State. We show the historical existence of four childcare regimes, defined by the nature of the services being offered, their costs, and the possibility of having access to them. We also show that the architecture of the Quebec Parental Insurance Plan does not allow every parent to qualify to receive parental benefits. Finally, we show that while all families have received cash benefits since 2005, the amount of these benefits has varied by income.
Conclusions: Although Quebec offers a generous family policy, the province is not entirely immune to the characteristics of the Canadian liberal welfare regime.
Contribution: The article contributes to the reflection on the idea of Quebec having a universal family policy.
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Une politique familiale visant une meilleure articulation famille-travail. Enjeux pour des parents québécois de milieu socioéconomique modeste
Annabelle Seery
AbstractFR:
Cadre de la recherche : La politique familiale québécoise, très orientée sur la conciliation famille-travail s’appuie notamment sur deux mesures : le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) et le réseau public de services de garde. Ces mesures favoriseraient notamment le maintien en emploi des parents, femmes et hommes. Toutefois, cette politique est mise en œuvre alors que le marché du travail se précarise, et ce, particulièrement pour les personnes déjà marginalisées en emploi, comme les femmes ou les personnes peu scolarisées.
Objectifs : Le présent article propose de mieux comprendre les arrangements de travail entre conjoints de milieu socioéconomique modeste en partant du récit des personnes concernées pour ensuite mettre en lumière les enjeux que sous-tend l’articulation famille-travail de ces parents.
Méthodologie : Les analyses présentées s’appuient sur 30 entretiens qualitatifs de type compréhensif réalisés auprès de parents québécois en couple hétérosexuel à revenu modeste et n’ayant pas de diplôme universitaire (17 femmes et 13 hommes).
Résultats : Les récits recueillis rendent compte des difficultés à articuler famille et travail lorsque les parents occupent des emplois aux horaires atypiques et faiblement rémunérés. Le RQAP et les services de garde à contribution réduite offerts au Québec sont alors peu facilitants pour ces parents.
Conclusions : Les types d’emploi occupés ainsi que la division sexuelle du travail jouent un rôle important dans les « choix » faits par ces parents quant à l’utilisation des mesures offertes. Les rapports de genre, particulièrement dans un contexte de précarité financière, freinent l’atteinte des objectifs de la politique familiale en ce qui a trait à l’articulation famille-travail alors que les mères se voient restreintes dans leur accès à l’emploi.
Contribution : En mettant en lumière les difficultés d’articulation famille-travail de couples de parents travailleurs de milieu socioéconomique modeste, cet article ouvre la discussion sur les besoins de parents qui sont généralement peu pris en compte.
EN:
Research Framework: Quebec's family policy, which is very focused on family-work balance, is based in particular on two measures, the Quebec Parental Insurance Plan (QPIP) and the public childcare network. These measures would, among others, promote job retention of parents, women, and men. However, this policy is implemented at a time when the labor market is becoming more precarious, particularly for people already marginalized in employment, such as women or people with a low level of education.
Objectives : This article proposes to better understand the working arrangements between spouses of modest socio-economic background, starting from the story of the people concerned and then highlighting the issues underlying the family-work relationship of these parents.
Methodology: The analyses presented are based on 30 qualitative interviews of a comprehensive type carried out with Quebec parents in heterosexual couples on low incomes and without a university degree (17 women and 13 men).
Results : The narratives collected account for the difficulties in combining family and work when the parents are working atypical and low-paid jobs. The QPIP and reduced contribution childcare services offered in Quebec are therefore not very useful for these parents.
Conclusions : The types of employment held as well as the sexual division of labor play an important role in the "choices" made by these parents regarding the use of the measures offered. Gender relations, particularly in the context of financial precariousness, hinder the achievement of the objectives of family policy concerning the family-work relationship while mothers are restricted in their access to employment.
Contribution : By highlighting the difficulties of family-work relationship of working parent couples from a low socio-economic background, this article opens the discussion on the needs of parents who are generally little taken into account.
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L’UNAF face à la diversification des modèles familiaux
Raymond Debord
AbstractFR:
Cadre de la recherche : Notre étude porte sur l’Union nationale des associations familiales (UNAF), une institution française qui a pour particularité d’avoir été créée par le législateur pour structurer le mouvement familial et représenter officiellement les familles auprès des pouvoirs publics, à tous les niveaux.
Objectifs : L’article entreprend d’analyser l’émergence de l’idéologie familialiste et sa structuration dans un appareil dédié. Il étudie la manière dont la diversification des modèles familiaux a été prise en compte par le législateur et a été incorporée par l’UNAF, même si elle heurtait ses convictions.
Méthodologie : Notre travail s’appuie sur une analyse de travaux historiques, démographiques, juridiques sur la famille et le mouvement familial, ainsi que de documents de l’UNAF et des organisations qui la composent. Il s’appuie enfin sur 15 entretiens avec des acteurs du mouvement familial et des responsables des principales fédérations d’associations familiales.
Résultats : L’UNAF et les associations qui la composent se sont adaptées et l’idéologie familialiste a été capable d’une grande résilience. À chaque étape, malgré les difficultés, les protagonistes ont su passer des compromis permettant d’intégrer les évolutions tout en maintenant et en développant le rôle du mouvement familial. L’émergence de la thématique de la « parentalité » a donné l’occasion de développer de nouvelles activités et services.
Conclusions : Les frictions autour de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe se sont résorbées, certaines des associations familiales les plus conservatrices opérant un spectaculaire recentrage.
Contribution : À l’heure de l’individualisation croissante des droits et alors que les pouvoirs publics ont abandonné toute référence familialiste, un nouveau paradigme n’est-il pas en train de se dessiner, dans lequel l’existence d’un « corps familial » fait de moins en moins sens ?
EN:
Research Framework: Our study focuses on the National Union of Family Associations (UNAF), a French institution that is unique because it was created by the legislator to structure the family movement and officially represent families to public authorities at all levels.
Objectives : The article sets out to analyze the emergence of familyist ideology and its structuring in a dedicated apparatus. It studies how the diversification of family models has been taken into account by the legislator and incorporated by the UNAF even if it clashes with its convictions.
Methodology: Our work is based on an analysis of historical, demographic, legal research on the family and family associations, as well as documents from the UNAF and its constituent organizations. Finally, it is based on fifteen interviews with actors of the family movement and officials of the main federations of family associations.
Results: The UNAF and its components have adapted and the familyist ideology has showned great resilience. At each stage, despite the difficulties, the protagonists have been able to make compromises making it possible to integrate changes while maintaining and developing the role of the family movement. The emergence of the theme of "parenthood" has allowed the development of new activities and services.
Conclusions: Frictions around opening marriage to same-sex couples have subsided, as some of the more conservative family associations have dramatically refocused.
Contribution: At a time of growing individualization of rights and when the public authorities have abandoned all familyist references, is there a new paradigm taking shape, in which the existence of a "family body" makes less and less sense?
Hors-thème
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Relations familiales et non-binarité : parcours de vie de jeunes adultes non binaires au Québec
Sophie Doucet and Line Chamberland
AbstractFR:
Cadre de recherche : En se basant sur le parcours de vie de jeunes adultes ayant une orientation sexuelle ou une identité de genre non binaire, cet article fait appel aux notions de l’intelligibilité et de la famille choisie dans une perspective queer afin d’analyser les relations familiales de ces individus ayant des identités encore largement incomprises socialement.
Objectifs : Cette recherche cherche ainsi à explorer la construction de familles choisies chez les jeunes adultes non binaires ayant de bonnes relations ou non avec leur famille d’origine ; à analyser les relations qu’ils entretiennent avec leur famille d’origine et leur famille choisie ; et examiner l’impact de l’(in)compréhension de la famille d’origine sur la formation d’une famille choisie.
Méthodologie : Deux entrevues semi-dirigées basées sur la théorie du parcours de vie ont été réalisées auprès de 10 jeunes adultes s’auto-identifiant comme non binaire, ayant entre 18 et 30 ans et habitant la région de Montréal.
Résultats : Cette étude nous permet de constater que peu importe si leur relation est perçue comme étant bonne ou mauvaise avec leur famille d’origine, les jeunes adultes non binaires vont avoir tendance à se former une famille choisie qui comprendra et acceptera pleinement leur identité, contrairement à leur famille d’origine.
Conclusions : L’incompréhension de la non-binarité dans notre société affecte les relations des jeunes adultes non binaires avec leur famille d’origine et influence leur décision de se créer une famille choisie.
Contribution : Cet article permet de pallier certaines lacunes de la littérature scientifique sur les relations familiales des personnes de la diversité sexuelle et de genre. En effet, très peu d’articles s’intéressent spécifiquement aux personnes non binaires.
EN:
ResearchFramework : Based on the life course of young adults with a non-binary sexual orientation or gender identity, this article uses the concepts of intelligibility and chosen family from a queer perspective to analyze the family relationships of these individuals with identities still largely socially misunderstood.
Objectives : This research thus seeks to explore the construction of chosen families among non-binary young adults with good or bad relations with their family of origin, to analyze the relationship they have with their family of origin and their chosen family, and to examine the impact of the (mis)understanding of the family of origin on the creation of a chosen family.
Methodology : Two semi-structured interviews based on life course theory were conducted with 10 young adults self-identifying as non-binary aged between the ages of 18 and 30 and living in the Montreal area.
Results : This study allows us to realize that whether their relationship is perceived as good or bad with their family of origin, non-binary young adults will tend to form a chosen family that will fully understand and accept their identity, unlike their family of origin.
Conclusions : Misunderstanding of non-binary identities in our society affects the relationships of non-binary young adults with their family of origin and influences their decision to create a chosen family.
Contribution : This article addresses some of the gaps in the scientific literature on the family relationships of people with diverse genders and sexualities. Indeed, very few articles are specifically interested in non-binary people.
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Les solidarités familiales à l’épreuve du genre. Cas ethnographiques dans un village au sud du Chiapas (Mexique)
Alicia Rinaldy
AbstractFR:
Cadre de la recherche : Cet article documente la diversité des solidarités familiales vécues par des hommes et des femmes, producteur·rice·s de café dans la région du Soconusco, au sud du Chiapas (Mexique). Ils appartiennent à une génération née dans les années 1950 ayant vécu deux moments historiques distincts : une première socialisation structurée autour de la production agricole de la parcelle et de l’ejido, qui ont imposé un certain nombre d’obligations et contribué à construire des identités de genre spécifiques ; puis, à partir des années 1990, dans une nouvelle étape de son cycle familial, cette même génération fait face à des processus de désagrarisation des marchés du travail et des interventions étatiques.
Objectifs : La question centrale qui a guidé l’écriture de cet article est la suivante : dans quelles mesures les solidarités familiales peuvent-elles expliquer la diversité des trajectoires des hommes et des femmes ?
Méthodologie : L’analyse s’appuie sur une enquête ethnographique d’une année réalisée au village El Paraíso et plus particulièrement sur huit généalogies familiales et une vingtaine de récits de vie. L’article se penche sur deux cas ethnographiques issus de ce corpus de données qualitatives.
Résultats : L’article révèle le poids du genre qui pèse sur les solidarités familiales, car les hommes et les femmes n’héritent pas des mêmes ressources ni des mêmes obligations au sein des familles. La solidarité familiale prend donc des formes et des contours différents selon les ressources (financières, relationnelles, foncières) présentes et les caractéristiques sociodémographiques de chacun (comme le genre ou le rang au sein de la fratrie).
Conclusions : L’observation des différentes formes de solidarité familiale nous a permis de saisir les façons de faire famille au masculin et au féminin et leurs enjeux en termes d’identité de genre au sein de ce village de la frontière sud du Mexique. Les solidarités familiales permettent d’affronter de manière différenciée et inégalitaire les nouveaux marchés du travail et les nouvelles formes de l’intervention publique en milieu rural.
Contribution : L’article a un triple intérêt. Il donne à entendre les voix d’une génération qui peine à vivre désormais exclusivement du travail agricole, tandis que leurs parents avaient bénéficié de la réforme agraire et d’un capitalisme industriel favorable à la petite agriculture paysanne. L’analyse montre également comment les solidarités familiales sont profondément déterminées par le système de genre. Enfin, le texte est utile au-delà de cette recherche singulière, dans la réflexion plus générale sur l’entraide familiale et les outils méthodologiques pour en rendre compte.
EN:
Research Framework: This paper documents the diversity of family solidarities experienced by men and women, coffee producers in the region of Soconusco, in southern Chiapas (Mexico). They belong to a generation born around 1950 who lived two distinct historical moments. First, socialization structured around the agrarian production and the ejido , which imposed some obligations and built specific gender identities. Then, since the 90s, in a new step of her family life course, this generation faces de-agrarianization process of the labor market and state intervention.
Objectives: The central question that guided the writing of this paper is: how family solidarities can explain the diversity of men and women trajectories in this village?
Methodology: The investigation is based on a one-year ethnographic survey done in El Paraíso village and, to be more precise, on eight family genealogies and about twenty life stories. The paper looks into two ethnographic cases belonging to this qualitative database.
Results: The article reveals the weight of gender in the family solidarities because men and women do not inherit the same resources and obligations within families. Family solidarity takes different forms and outlines according to the resources (financial, relational, land) and to the sociodemographic characteristics of everyone (as the gender or the place among siblings).
Conclusions: The observation of the different forms of family solidarity has allowed us to understand the male and female ways to make family and the issues in terms of gender identity in this village of Mexico’s southern border. Family solidarities allow dealing with the new labour markets and the new forms of public intervention in rural areas in a differentiated and unequal way.
Contribution: The article has three interests. It reveals the voices of a generation who now are struggling to live exclusively from agricultural labour, while their parents benefited from land reform and industrial capitalism advantageous for small-scale peasant agriculture. The analysis also shows how family solidarity is deeply determined by the gender system. Finally, the text is useful beyond this specific research, for the general reflection on mutual family assistance and the methodological tools for appreciate it.