Environnement urbain
Urban Environment
Volume 7, 2013 Villes arabes, villes durables? Enjeux, circulations et mise à l’épreuve de nouvelles politiques urbaines Arab cities, sustainable cities? Challenges, movements and testing of new urban policies south of the mediterranean Guest-edited by Pierre-Arnaud Barthel and Eric Verdeil
Table of contents (11 articles)
Liminaire / Introductory Note
Articles
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Comment l’écologie vient à la ville en méditerranée? Une comparaison entre Barcelone, Marseille et Sfax
André Donzel
pp. 1–15
AbstractFR:
Cet article s’interroge sur les conditions de la transition écologique dans les villes méditerranéennes. Après avoir précisé la genèse de la notion de « ville en transition », il en décrit les déclinaisons institutionnelles à Barcelone (Espagne), Marseille (France) et Sfax (Tunisie). Il en examine l’application dans leurs grandes opérations urbaines en cours ( 22@barcelona, Euroméditerranée, Taparura). Enfin, il analyse les formes d’appropriation de l’enjeu du développement durable parmi les professionnels de l’urbain et au sein de la société civile locale.
EN:
This paper questions the conditions of the ecological transition in the Mediterranean cities. It examines the emergence of the concept of “city in transition”. Then it observes its institutional implementation in Barcelona (Spain), Marseille (France) and Sfax (Tunisia) and focuses on their ongoing urban major projects ( 22@barcelona, Euroméditerranée, Taparura). Lastly, it analyses the ways by which the stakes of sustainable development urban have been appropriated by professionals and in the midst of local civil society.
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La « ville durable » précipitée dans le monde arabe : essai d’analyse généalogique et critique
Pierre-Arnaud Barthel, Valérie Clerc and Pascale Philifert
pp. 16–30
AbstractFR:
Articulés à une institutionnalisation progressive du développement urbain durable (DUD), beaucoup de nouveaux chantiers ont été ouverts dans les pays du monde arabe et commencent à se décliner en programmes d’action depuis les années 1990-2000. Ils peuvent être interprétés de manières ambivalentes et contradictoires. D’un côté, l’appropriation du DUD à travers des actions innovantes (programmes d’énergies renouvelables, projets d’éco-quartiers, nouvelles certifications etc.) sert la préservation d’un ordre et la bonne image d’un pouvoir, fût-il autoritaire. De l’autre côté, une véritable conduite de changement de l’action urbaine est amorcée et portée par des acteurs situés dans les « appareils » (agences publiques, ministères, etc.) ou en dehors de ceux-ci (bureaux d’études, associations, ONG), même si nous en soulignons les limites en l’état actuel des choses : éclatement des initiatives qui ne font pas ou peu réseau, invention à peine amorcée de réponses ad hoc qui traduiraient une « endogénéisation » du DUD, par là même différente du travail de reprise des réponses élaborées dans les pays du Nord, et impact encore limité des premiers projets dans la mesure où peu encore était construit et visible en 2012.
EN:
Linked to a progressive institutionalization of sustainable urban development (SUD), urban policies have changed in the Arab world and action plans begin to be implemented since the years 90-2000. This new trend can be interpreted in an ambivalent and contradictory way. On the one hand, the dissemination of SUD embedded in innovative activities (renewable energy programs, eco-neighborhoods projects, new laws etc.) serve the preservation of the urban order ruled by authoritarian powers. On the other hand, a real change of urban action is initiated and carried by a variety of actors inside the « system » (state agencies, ministries) or from outside (consulting firms, associations, NGOs), although we emphasize in the paper limits in the current situation: fragmentation of initiatives, rare responses that would reflect an “indigenization” of SUD thus different from the recipes of the global North (use of eco-technologies, eco-neighborhoods etc.), and yet limited impact of the first projects to the extent that very few are yet built in 2012.
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Lorsque le Sud innove en matière durable. Le projet de transport en commun d’Amman
Amélie Pinel
pp. 31–42
AbstractFR:
Le développement urbain durable dans les pays au sud de la méditerranée, comme la Jordanie, pose la question de son adaptation à un contexte très différent des villes des pays du nord, sur les plans environnemental, social et politique. En nous appuyant sur l’exemple de la capitale jordanienne qui met en place un système de transport collectif, un bus à haut niveau de service qui a déjà prouvé son efficacité au Brésil et dans d’autres pays émergents, cet article s’interroge sur la manière dont de telles politiques de développement durable peuvent naître, se diffuser et répondre aux besoins locaux tout en s’inscrivant à la fois dans des enjeux planétaires, et dans un contexte économique et politique difficile.
EN:
The sustainable urban development in Southern Countries like Jordan raises the issue of its adaptation to a context that highly differs from the cities in northern countries, at the environmental, social and political levels.. This article tackles this issue by analyzing the new transportation system based on the building of a Bus Rapid Transit whose efficiency has already proved in Brazil and in others emerging countries. It examines how the conditions in which such policies development can arise, spread and meet with local needs, knowing that it has to deal with both global issues and delicate political and economic contexts.
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Environnement et construction du bien commun local : l’apport de l’analyse du discours
Jihad Farah
pp. 43–61
AbstractFR:
La question environnementale s’impose aujourd’hui à des espaces de gouvernance en mutation. Elle est en même temps actrice et révélatrice de l’évolution de logiques de gouvernance et de leur capacité à constituer des espaces de gestion du bien commun, notamment à l’échelle locale. En mobilisant une grille d’analyse du discours dans la tradition foucaldienne ainsi que les travaux de Boltanski et Thévenot sur la justification, nous proposons un cadre méthodologique pour saisir la dynamique d’évolution de la gouvernance locale sous le poids de la question environnementale au Liban. À la lumière de notre analyse, la transition environnementale au niveau local est plus un processus dynamique qui complexifie les paysages de gouvernance locale et fragmente les espaces de construction du bien commun, qu’un processus linéaire d’élargissement de ces espaces.
EN:
The environmental issue imposes itself today on the mutating spaces of governance. It is also revealing of the evolution of the logics of governance and their capacity to create spaces for managing common good, especially at local level. By relying on a foucauldian discourse analysis framework and the writings of Boltanski and Thévenot on justification, we propose a methodology for grasping the dynamics of evolution of local governance in Lebanon when confronted with the challenge of dealing with environmental issues. Based on our analysis, we could say that the environmental transition at the local level is more a dynamic process that complexifies the landscapes of local governance and fragments the spaces of common good than a linear process enlarging these spaces.
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L’agenda 21 local en tunisie : des tentatives de democratisation de la planification du developpement durable
Hatem Kahloun
pp. 62–82
AbstractFR:
À partir d’une approche transversale et comparée, et à travers l’étude de différentes expériences qui ont marqué le processus de réalisation des Agendas 21 locaux tunisiens durant la période 2000-2011, cette contribution tente de repositionner les projets réalisés dans les logiques des acteurs intervenant dans la fabrique des Agendas 21 locaux. Elle vise à dresser un bilan sur les différents projets qui seront replacés dans les thématiques croisées des initiatives participatives locales et du rôle des Agendas locaux dans la prospective territoriale. Cette question centrale sera repositionnée dans un contexte de révolution sociale et de crise de légitimité dont les effets ont frappé de plein fouet, à partir de 2011, les structures représentatives et décisionnelles des villes tunisiennes.
EN:
Through a cross-sectional and comparative approach, this contribution aims to study the different experiences that have marked the process of tunisian local Agendas 21 during the period of 2000-2011. It tries to reposition projects in the logic of the stakeholders involved in the fabric of local Agendas 21. The balance sheet drawn up through various projects will be, then, returned to the cross-thematic of local participatory initiatives and the role of the local Agendas in the territorial prospecting. This central question would be repositioned in a context of social revolution and of legitimacy crisis, whose effects have hit full force, from 2011, the representative and the decision-making of tunisian cities structures.
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Sfax, laboratoire du développement urbain durable en Tunisie?
Ali Bennasr, Taoufik Megdiche and Eric Verdeil
pp. 83–98
AbstractFR:
Les initiatives réalisées au nom du développement durable sont souvent critiquées pour leur prise en compte insuffisante des avis et des enjeux locaux, et accusées de se contenter de reproduire des bonnes pratiques décontextualisées. C’est particulièrement le cas dans les pays arabes à régime autoritaire. Cet article revient sur l’expérience de la Stratégie de développement du Grand Sfax (SDGS), considérée comme un succès par plusieurs acteurs internationaux, tunisiens et sfaxiens, afin d’identifier les facteurs de cette réussite relative, tout en soulignant les limites de cette expérience. L’article présente d’abord les débats sur le développement urbain durable dans les pays arabes et notamment dans le contexte tunisien. Puis il analyse l’expérience de Sfax en soulignant le rôle initiateur des institutions internationales, la nature des interactions entre les participants à l’élaboration de cette stratégie et en particulier le rôle des acteurs locaux issus de la société civile, et l’argumentation utilisée qui a permis l’établissement d’un consensus. À travers deux projets issus de cette stratégie, l’article considère l’inscription dans l’histoire locale du développement comme une condition essentielle de la poursuite de ce processus. Toutefois, en s’attachant aux évolutions de ces projets jusqu’à la période actuelle marquée par le changement politique, l’article souligne aussi les limites du consensus atteint, et notamment les tensions qui surviennent autour de l’enjeu social.
EN:
Initiatives on behalf of sustainable development are often criticized for inadequate consideration and advice of local issues and replication of decontextualized good practices only. This is particularly the case in Arab countries with authoritarian regimes. This article reviews the experience of the Development Strategy of Greater Sfax, considered as a success by many international, Tunisian and Sfaxian actors. We seek to identify the factors behind this relative success, while emphasizing the limits of this experiment. The article first presents the debate on sustainable urban development in Arab countries and especially in the Tunisian context. Then it analyzes the experience of Sfax emphasizing the role of international institutions which played a major role in launching the process, the nature of interactions between participants in the strategy development, including the role taken by local actors from the civil society, and the argumentation used to reach this consensus. Examining two projects from this strategy, the paper considers the inclusion in the local history of development as an essential condition for the continuation of this process. However, by focusing on the development of these projects until the current period of political change, the article also highlights the limits of consensus, including in particular the tensions that arise around the social issue.
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Neoliberal urban transformations in the arab city: Meta-narratives, urban disparities and the emergence of consumerist utopias and geographies of inequalities in Amman
Rami Farouk Daher
pp. 99–115
AbstractEN:
This research represents a discursive-comparative analysis aiming to understand the current urban neoliberal condition in the Arab world in terms of the circulating patterns of urban transformation. The research introduces and suggests a discursive framework in which various neoliberal projects could be examined and evaluated against one or more of the following indicators: urban lifestyle, emancipatory neoliberal discourse, claims to social sustainability, socio-spatial politics and dynamics, governance and place management, changing role of the state, and circulation of neoliberal practices. The research applies and benefits from a reconciliation between neo-Marxist theories of political economy and poststructuralist approaches related to the art of governance. However, in doing so it relies mostly on one body of theory, namely, neo-Marxist theories considering neoliberalism as a class project of social exclusion. The framework of analysis is applied to the following three case studies in Amman: high-end business towers, gated upper-middle class communities, and low-income housing projects. In general, these projects, despite their emancipatory rhetoric, led to geographies of inequality and urban disparities within the city of Amman.
FR:
Cette recherche représente une analyse discursive et comparative visant à comprendre l’actuel courant néolibéral urbain dans le monde arabe en termes de modes de circulation de la transformation urbaine. L’article introduit et suggère un cadre discursif dans lequel des projets néolibéraux pourraient être examinés et évalués par l’un ou plusieurs des indicateurs suivants : mode de vie urbain, émancipation du discours néolibéral, revendications à la durabilité sociale, politiques et dynamiques socio-spatiales, gouvernance, gestion des espaces, l’évolution du rôle de l’État, et la circulation des pratiques néolibérales. Cette recherche applique et bénéficie d’un rapprochement entre les théories néo-marxistes de la politique économique et les approches poststructuralistes associées à l’art de gouverner. Toutefois, elle repose essentiellement sur un ensemble de théories, à savoir, les théories néo-marxistes considérant le néolibéralisme comme un projet de classe de l’exclusion sociale. Le cadre d’analyse est appliqué aux trois études de cas suivantes à Amman : les tours d’affaires haut de gamme, les quartiers résidentiels fermés (gatedcommunities) de la classe moyenne-haute, et les projets de logements sociaux. En général, ces projets, de leur rhétorique émancipatrice, ont conduit à une géographie inégale et aux disparités urbaines dans la ville de Amman.
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Une mise à l’épreuve des politiques énergétiques tunisiennes : diffusions et territorialisation de l’usage domestique de l’énergie solaire en milieu urbain
Nadia Benalouache
pp. 116–132
AbstractFR:
La Tunisie a mis en place un ensemble de dispositifs pour encourager l’usage de l’énergie solaire. Ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique globale de promotion du Développement Durable mais répondent également à la recherche d’une autosuffisance énergétique nationale. Cette politique gouvernementale favorise clairement la consommation d’énergie solaire par les ménages, sous deux formes principales : thermique et photovoltaïque. La diffusion des applications solaires domestiques dans les pratiques urbaines est analysée à partir d’une cartographie des ventes d’équipements dans le Grand Tunis et de trois enquêtes de terrain auprès des entreprises du secteur et des ménages tunisiens équipés.
EN:
Tunisia set up devices to encourage the use of solar energy. These initiatives inscribe themselves in a global dynamic of sustainable development promotion, and contribute to improve the energy self sufficiency. This governmental policy supports household solar energy consumption, particularly solar water heaters, and solar panels. The analysis of the dissemination of solar home systems in urban practices is allowed by cartography of solar equipment sales within the “Grand Tunis” and by three field surveys among companies of the sector and Tunisians households.
Hors thème
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Spatialization of political action applied to waterways management an overview of Parisian urban small rivers
Catherine Carré and Jean-Paul Haghe
pp. c1–c17
AbstractEN:
The small urban rivers of the Paris conurbation are subject to local land use and segmentation processes at the threshold between urban politics and environmental policy. At present, the obligation to restore these streams pursuant to the Water Framework Directive is challenging stakeholders to proceed as collectively as possibly in this undertaking. This article attempts to identify the points of agreement and disagreement within a shared representation of local decision-makers’ relations with waterways through several spatiotemporal trajectories that are specific to each small river. We will show that the shared management of a river involves the management of not only the resource but also of a shared space. Choosing to model the relation between local societies and their river in time and space around a land-based diagram provides local and regional authorities with an explanation of their interactions with the river and its environments and can foster their capacity to act cohesively.
FR:
Les petites rivières urbaines de l’agglomération parisienne sont caractérisées par une segmentation territoriale de pratiques et de gestion qui doivent elles-mêmes s’inscrire dans une dynamique d’ajustement entre politique urbaine et politique environnementale. Actuellement l’obligation d’une restauration de ces cours d’eau (mise en application de la DCE) pose la question de la coordination des acteurs et de leur capacité à agir pour une prise en charge collective de cette renaturation. Dans cet article, il s’agit de rendre explicite les convergences et divergences dans la représentation commune de la relation des acteurs locaux au cours d’eau à travers un certain nombre de trajectoires spatio-temporelles propres à chaque petite rivière. Nous montrerons que l’enjeu d’une gestion commune de la rivière n’est pas seulement celui d’une gestion de la ressource mais d’un espace commun. Choisir de modéliser la relation entre les sociétés locales et leur rivière dans le temps et dans l’espace, autour d’une figure territorialisée, fournit aux acteurs locaux et régionaux une explication de leurs interactions avec la rivière et ses milieux, révélatrice d’une capacité à agir ensemble.
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Vers un développement durable de l’aire urbanisée de la région Ile-de-France : une démarche amorcée
Thomas Leveiller and Nathalie Long
pp. c18–a37
AbstractFR:
Sur l’aire urbanisée de la région Ile-de-France, la succession des schémas directeurs d’aménagement depuis 1965 a privilégié de plus en plus l’environnement et la qualité de vie. Le développement urbain durable s’impose ainsi progressivement comme le moteur de l’évolution de la morphologie de l’aire urbanisée. La création des villes nouvelles, puis les projets d’écoquartiers, en sont une illustration. Leur aménagement favorise l’émergence de nouvelles structures morphologiques : un tournant urbanistique (Chevalier, 2007) a ainsi été amorcé dès les années 1990 et identifié à travers les documents d’urbanisme. Ce changement d’orientation politique peut être mis en relation, en grande couronne, avec un ralentissement de la consommation d’espace agricole et une diminution de l’étalement urbain.
EN:
Since the 1965, on Ile-de-France’s urban area, different plans have focused more and more on environmental priority and quality of life. The urban sustainable development is a requirement and gradually as brought about the evolution of the morphology of the Paris conurbation. The creation of “villes nouvelles” (new cities) and the multiplication of projects for ecodistricts are an illustration. Emergence of these new morphological structures has initiated a turning point town planning (Chevalier, 2007) and is identified from the plans. This change in the urban planning can be translated in outer suburbs by a slowdown in the agricultural space consumption and in the urban sprawl.