Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 17, Number 1, 2006
Table of contents (11 articles)
Toronto 2006
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The Reaction of the City of London to the Quebec Resolutions, 1864-1866
Andrew Smith
pp. 1–24
AbstractEN:
This paper examines how British investors reacted when the Quebec Resolutions were published in the fall of 1864. Although the responses of bond markets are briefly considered, the paper is mainly based on non-quantitative sources such as newspaper editorials and correspondence. Examining why British investors generally approved of the constitutional plan contained in the Quebec Resolutions is useful because it illuminates such important themes as the place of imported capital in Canadian state formation, the role of Britain in Confederation, and the viability of interest-group explanations for the making of colonial policy. The ideas of British investors are also important because British capital helped to finance the public works that were a sine qua non of Confederation. In 1866, Joseph Howe identified pressure from the bondholders of unprofitable Canadian railways as one of the major factors driving the British government’s support of Confederation. Although Tom Naylor and other historians have made use of Howe’s insight, the role of the investors has been ignored by both Ged Martin and by those scholars who advance an ideological-origins explanation of Confederation. This paper will help remedy this oversight and is a step towards a viable materialist interpretation of why Confederation happened in the 1860s.
FR:
Cet article examine comment les investisseurs britanniques ont réagi au moment de la publication des résolutions de la Conférence de Québec à l’automne de 1864. Les réactions des marchés des obligations sont considérées brièvement, mais le texte se base principalement sur des sources non quantitatives telles que les éditoriaux des journaux et la correspondance. L’étude des raisons qui amènent les investisseurs britanniques à approuver, de façon générale, le plan constitutionnel compris dans les résolutions s’avère utile. En effet, elle fait la lumière sur des thèmes importants comme la place des capitaux étrangers dans la création de l’État canadien, le rôle de la Grande-Bretagne dans la Confédération et la viabilité des arguments des groupes d’intérêt en ce qui a trait à l’élaboration d’une politique coloniale. L’opinion des investisseurs britanniques revêt aussi son importance, car les capitaux britanniques aident à financer des travaux publics, condition indispensable à la Confédération. En 1866, Joseph Howe observe que la pression exercée par les détenteurs d’obligations déficitaires de chemins de fer canadiens constitue une des principales causes de l’appui du gouvernement britannique à la Confédération. Même si Tom Naylor et d’autres historiens ont tiré profit des éclaircissements de Howe, Ged Martin, de même que les universitaires qui prônent la thèse des origines idéologiques de la Confédération, ont ignoré le rôle des investisseurs. Cet article aide à remédier à cet oubli et représente un pas vers une interprétation matérialiste viable de l’avènement de la Confédération dans les années 1960.
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Agrarian Commonwealth or Entrepôt of the Orient? Competing Conceptions of Canada and the BC Terms of Union Debate of 1871
Forrest D. Pass
pp. 25–53
AbstractEN:
Much of the historiography of British Columbia’s 1871 entry into Confederation has concentrated on the motives of British Columbians in seeking union with Canada. This article examines the discussion of the province’s Terms of Union in the Canadian parliament and in the eastern Canadian press, and recasts the debate as a conflict between two competing visions of Canada’s economic future. Proponents of the admission of British Columbia believed access to the Pacific would transform the new Dominion into a commercial superpower. Opponents of the Terms looked upon distant, mountainous, and sparsely populated British Columbia as a liability, a region and a community that, unlike the Prairie West, could never conform to the agrarian ideal that underpinned their conception of Canada. A reconsideration of the Terms of Union debate in eastern Canada suggests a broader conception of what constitutes Canada’s founding debates, and supports the work of other scholars who have identified an agrarian-commercial cleavage as a defining feature of nineteenth-century Canadian politics.
FR:
Une grande partie de l’historiographie sur l’entrée de la Colombie-Britannique au sein de la Confédération en 1871 porte sur les motifs qui ont guidé la population de la Colombie-Britannique à vouloir s’unir au Canada. Cet article traite du débat entourant les conditions d’adhésion de la province, qui a eu lieu au Parlement du Canada et dans la presse canadienne de l’Est. Il reformule la question et la présente comme un conflit entre deux visions contradictoires de l’avenir économique du Canada. Les partisans de l’adhésion de la Colombie-Britannique croient que l’accès au Pacifique transformerait le nouveau dominion en une superpuissance commerciale. Quant aux opposants, ils voient cette Colombie-Britannique éloignée, montagneuse et peu densément peuplée comme un boulet, une région et une collectivité qui, contrairement à la Prairie de l’Ouest, ne pourront jamais se conformer à l’idéal agraire que sous-tend leur conception du Canada. Un nouvel examen du débat sur les conditions d’adhésion qui ont eu lieu dans l’Est du Canada mène à une conception élargie de ce que sont les débats fondateurs du Canada. Cette vision rencontre les travaux d’autres chercheurs qui confèrent à la division agraire-commerciale un rôle déterminant de la politique canadienne du XIXe siecle.
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Quarantined Within a New Colonial Order: The 1876-1877 Lake Winnipeg Smallpox Epidemic
Ryan C. Eyford
pp. 55–78
AbstractEN:
This paper examines the link between the public health measures of quarantine and sanitation and the creation of racially-segregated reserves in the Canadian Northwest. In the fall of 1876, a smallpox epidemic broke out among Icelandic settlers and Aboriginal people living along the southwest coast of Lake Winnipeg. In response government officials formed a Board of Health and took measures to prevent the spread of the disease. The affected district was placed under a rigid quarantine and health officers were sent out to treat the victims and vaccinate people in adjacent communities. Due to both these measures and the diligence of local people, the disease was effectively contained and the number of dead, while significant, did not reach the levels of previous smallpox epidemics. However, the public health response to the crisis had far reaching consequences. By extending and legitimating the authority of the Canadian state over a region where its influence was previously quite limited, quarantine and sanitation helped reify a new colonial order mandating the compartmentalization of land and people into a system of Indian and immigrant reservations.
FR:
Cet article étudie le lien entre les mesures de santé publique et d’hygiène prises lors de la quarantaine et la création de réserves fondée sur la ségrégation raciale dans le Nord-Ouest canadien. À l’automne 1876, une épidémie de variole se propage parmi les pionniers islandais et les Autochtones vivant le long de la côte sud-ouest du lac Winnipeg. Pour faire face à la situation, le gouvernement met en place un service d’hygiène afin de contrer la propagation de la maladie. Le district touché est mis en quarantaine sévère et des agents de santé sont dépêchés sur les lieux pour traiter les victimes et pour vacciner les habitants des communautés voisines. Grâce aux mesures prises et à l’empressement des résidents, la maladie est vite maîtrisée et le nombre de décès, quoiqu’important, n’atteint pas celui des épidémies de variole antérieures. Cependant, la réaction des autorités publiques à cette crise entraîne de profondes conséquences. La quarantaine et l’hygiène accentuent et légitiment l’autorité de l’État canadien dans une région où son influence était très limitée, ce qui contribue à faire régner un nouvel ordre colonial avec comme mandat la compartimentation des terres et des habitants en un système de réserves d’Autochtones et d’immigrants.
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Young Men and the Creation of Civic Christianity in Urban Methodist Churches, 1880-1914
Nancy Christie
pp. 79–105
AbstractEN:
This article examines the formation and discourse of the Epworth League, established by the Methodist Church as a lay organization intended to keep adolescent boys in the church. While the Epworth League was ostensibly open to both men and women, its real aim was to masculinize a church which was perceived to be dominated by a female membership and female-led organizations. This article explores when and how this construction of youthful piety became embedded within Methodism and the impact it had on the shape of church governance. Moreover, it argues that social Christianity, which gained a foothold through the mechanism of the League was an essentially male-gendered discourse.
FR:
Cet article traite de la formation et du discours de la Ligue Epworth, une organisation laïque créée par l’Église méthodiste dans le but de garder les adolescents à l’église. Alors que la Ligue Epworth était soi-disant ouverte aux hommes et aux femmes, son véritable but était de masculiniser une Église perçue comme dominée par des fidèles féminines et par des organismes dirigés par des femmes. L’article étudie à quel moment et de quelle façon cette édification de la piété des jeunes s’est ancrée dans le méthodisme et l’influence qu’elle a eue sur la structure de gouvernance de l’Église. De plus, elle soutient que le christianisme social, qui s’est répandu grâce à la Ligue, tenait un discours masculin.
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A Pagan Landscape: Pope Pius XI, Fascism, and the Struggle over the Roman Cityscape
Paul Baxa
pp. 107–124
AbstractEN:
This article examines the two visions of Rome put forward by Fascist dictator Benito Mussolini and Pope Pius XI and the tensions they caused. The rivalry between the two men over the meaning of the Roman landscape became sharper in the 1930s when the Fascist regime transformed the Eternal City through extensive demolition and increasing archaeological activity in the city. Pius XI increasingly viewed these activities as an attempt to “paganize” Rome. The Pope’s fears over paganism came to a head in the days of Adolf Hitler’s famous visit to Italy in May 1938. The development of closer relations between Fascist Italy and Nazi Germany made Pius XI increasingly concerned about what he called the “neo-pagan” nature of these ideologies. Ultimately, the cityscape of Rome was transformed into a kulturkampf between Fascism and the Vatican which not only gives us a fuller picture of the seemingly cordial relations between Pius and Mussolini in the 1930s, but also reveals Fascism as a political religion inevitably in conflict with the other religion, Catholicism, which saw Rome as its own.
FR:
Cet article analyse deux visions de Rome, l’une exprimée par le dictateur fasciste Benito Mussolini, et l’autre par le pape Pie XI, ainsi que les tensions qu’elles ont créées. La rivalité entre les deux hommes en ce qui a trait à la signification du paysage romain s’accroît dans les années 1930 alors que le régime fasciste transforme la Ville éternelle en la démolissant considérablement et en augmentant l’activité archéologique. De plus en plus, le pape Pie XI voit dans ces actions une tentative pour « paganiser » Rome. Les craintes du pape à ce sujet prennent forme au cours de la célèbre visite d’Adolf Hitler en Italie au mois de mai 1938. L’évolution des relations étroites entre l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie fait craindre de plus en plus à Pie XI ce qu’il appelle la nature « néo-païenne » de ces idéologies. Au bout du compte, le paysage de Rome est transformé en un kulturkampf entre le fascisme et le Vatican, ce qui nous donne non seulement une image plus complète des relations apparemment étroites entre Pie XI et Mussolini dans les années 1930, mais aussi un portrait du fascisme comme une religion politique entrant inévitablement en conflit avec le catholicisme, l’autre religion, qui considérait Rome comme sa propriété.
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The Politics of Selection: The Historic Sites and Monuments Board of Canada and the Imperial Commemoration of Canadian History, 1919-1950
Yves Yvon J. Pelletier
pp. 125–150
AbstractEN:
This article is a preliminary inquiry into the selection process used by the Historic Sites and Monuments Board of Canada (HSMBC) in making its recommendations for the national historic significance of sites, events and individuals between 1919 and 1950. It argues that, while the HSMBC was composed of dedicated and leading figures in the field of Canadian history, Board members operated for its first 30 years almost exclusively as a Victorian gentlemen’s club, without a system of checks and balances. The ideological dominance of the British imperial mindset influenced Board members’ field of historical interests as well as their recommendation for national historic designations of sites, events or individuals. These points will be illustrated by examining the origins and the operations of the HSMBC between 1919 and 1950, and the recommendations for national historic designation presented to the HSMBC by two prominent Board members: Brigadier General Ernest Cruikshank and Dr. John Clarence Webster.
FR:
Cet article est un premier questionnement quant au processus de sélection utilisé par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) pour faire ses recommandations relativement aux lieux, aux événements et aux personnages d'importance historique nationale entre les années 1919 et 1950. Il soutient que quoique des personnes dévouées et importantes du domaine de l'histoire canadienne fassent partie de la CLMHC, cette der-nière fonctionne presque exclusivement tel un club privé victorien réservé aux hommes, c'est-à-dire sans système de contrôle, au cours des trente premières années de son existence. La dominance idéologique de la mentalité impériale britannique influence les champs d'intérêt historiques des membres de la Commission ainsi que leurs recommandations quant à la désignation des lieux, des événements et des personnages d'importance historique nationale. Ces points seront illustrés par l'étude des origines et du fonctionnement de la CLMHC entre les années 1919 et 1950, et des recommandations relatives aux désignations d'importance historique nationale présentées à la CLMHC par deux de ses membres éminents, soit le brigadier général Ernest Cruikshank et le Dr John Clarence Webster.
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From the Bush to the Village in Northern Saskatchewan: Contrasting CCF Community Development Projects
David M. Quiring
pp. 151–178
AbstractEN:
The election of the CCF in 1944 brought rapid change for the residents of northern Saskatchewan. CCF initiatives included encouraging northern aboriginals to trade their semi-nomadic lifestyles for lives in urban settings. The establishment of Kinoosao on Reindeer Lake provides an example of how CCF planners established new villages; community development processes excluded local people. Yet, in spite of considerable resistance, various incentives and coercive measures resulted in the movement of nearly all northerners to permanent settlements. A very different community development project unfolded at Cole Bay in the 1960s. Early CCF urbanization projects had missed several hundred Métis people in the remote Canoe Lake area of northwest Saskatchewan. The creation of the Cold Lake Air Weapons Range in the 1950s resulted in the Métis losing access to much of their traditional land. With guidance from Ray Woollam, an influential CCF official, local people actively participated in designing and building their community.
This study of urbanization in northern Saskatchewan adds to the literature on relocations and community development in northern Canada and beyond. In addition, it provides information about CCF aboriginal and northern policies.
FR:
L’élection de la CCF en 1944 apporte des changements rapides pour les habitants du nord de la Saskatchewan. Les initiatives de la CCF visent entre autres à inciter les Autochtones du Nord à échanger leur mode de vie semi-nomade contre une vie en milieu urbain. La création de Kinoosao à Reindeer Lake donne un aperçu de la façon dont les planificateurs de la CCF s’y prennent pour établir de nouveaux villages; les procédés pour développer de nouvelles communautés excluent la population locale. Pourtant, malgré une forte résistance, plusieurs mesures incitatives et coercitives aboutissent au déplacement de presque tous les résidents du Nord vers des établissements permanents. Un projet de développement communautaire très différent prend forme à Cole Bay dans les années 1960. Plusieurs centaines de Métis de Canoe Lake, région éloignée du nord de la Saskatchewan, sont oubliés lors des premiers projets d’urbanisation de la CCF. Dans les années 1950, le peuple métis perd l’accès à une grande partie de ses terres à la suite de la création du champ de tir aérien de Cold Lake. Guidée par Ray Woollam – un membre influent de la CCF –, la population locale participe activement à la conception et à la construction de sa communauté.
Cette étude sur l’urbanisation du nord de la Saskatchewan constitue un ajout à la documentation existante sur les déplacements des communautés et sur leur développement dans le Nord canadien et au-delà. En plus, elle fournit de l’information sur les politiques autochtones et sur celles du Nord.
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The Tourism of Titillation in Tijuana and Niagara Falls: Cross-Border Tourism and Hollywood Films between 1896 and 1960
Dominique Brégent-Heald
pp. 179–203
AbstractEN:
In the popular imaginary, Tijuana, Mexico is notorious for its liberal laws concerning prostitution, gambling, and narcotics. Conversely, Niagara Falls, Canada apparently offers visitors only wholesome attractions. Yet this sweeping generalization belies the historic parallels that exist between these iconic border towns. In Hollywood films, both Tijuana and Niagara Falls figure as liminal locations of crossing and collision, as well as permissive zones defined by sex, tourism, and consumption. This essay explores the intertwined cultural arenas of film and tourism by analyzing cinematic representations of Tijuana and Niagara Falls as cross-border tourist destinations. By examining how cinematic representations of these urbanized border regions have changed over time, I demonstrate how Hollywood, as a hegemonic culture industry, responded to the United States’ evolving relationships with its northern and southern neighbors. This study offers a hemispheric and comparative approach to the study of urban borders, tourism, and visual culture.
FR:
Dans l’imaginaire populaire, la ville de Tijuana au Mexique est célèbre pour ses lois libérales sur la prostitution, le jeu et les stupéfiants. À l’opposé, Niagara Falls au Canada n’offre apparemment à ses visiteurs que des divertissements sains. Pourtant, cette généralisation hâtive occulte les parallèles historiques qui existent entre ces villes iconiques frontalières. Dans les films hollywoodiens, Tijuana et Niagara Falls sont présentées comme des régions limitrophes de dispute et d’affrontement, et comme des endroits permissifs caractérisés par le sexe, le tourisme et la consommation. Cet essai explore les arènes culturelles entrelacées du film et du tourisme par le biais de l’analyse des représentations cinématographiques de Tijuana et de Niagara Falls comme destinations touristiques transfrontalières. En examinant comment les représentations cinématographiques de ces régions frontalières urbanisées ont changé au fil du temps, je démontre comment Hollywood, à titre d’industrie culturelle hégémonique, a réagi à l’évolution des relations entre les États-Unis et ses voisins du Nord et du Sud. Cette analyse propose une approche hémisphérique et comparative de l’étude des frontières urbaines, du tourisme et de la culture visuelle.
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Toronto’s Hippie Disease: End Days in the Yorkville Scene, August 1968
Stuart Henderson
pp. 205–234
AbstractEN:
In mid-summer, 1968, the idea that the hip Yorkville district represented a pox on the face of Toronto became a kind of reality: Hepatitis appeared to be taking over the scene. Throughout the 1960s, Yorkville had been framed as a neighborhood at risk, a symbolically “sick community” by its many detractors. It had been variously described as a “festering sore” and a “madhouse” by city fathers. But with an apparent Hepatitis epidemic came the opportunity to establish Yorkville as a new variety of illness. Yorkville was no longer figuratively sick, it was now quite literally infected. Throughout the month of August, 1968, Yorkville’s hip youth culture became the lepers of Toronto. Even though when by September all evidence showed that the Hepatitis rate in Yorkville was in no way indicative of an epidemic – all but two of the Villagers tested turned out to be intravenous drug users, signifying that the disease was being spread through dirty needles, not food or water – the damage was done, and Yorkville’s hip scene would never recover. Interrogating this pivotal episode in the Yorkville narrative, this paper explores the role of local media in the acceleration and dissemination of fears associated with a Hepatitis outbreak that, really, never was.
FR:
Au milieu de l’été 1968, l’idée que le district branché de Yorkville représente un bouton au milieu du visage de Toronto devient réalité: l’hépatite semble occuper le devant de la scène. Au cours des années 1960, les nombreux détracteurs de Yorkville qualifient l’endroit de quartier à risque, une “communauté symboliquement malade”. Les édiles urbains en parlent entre autres comme d’une “plaie purulente” et d’une “maison de fous”. Mais, avec l’apparente épidémie d'hépatite, se présente l’occasion d’implanter l’idée que Yorkville est un nouveau genre de maladie. Yorkville n’est plus malade au sens figuré, il est maintenant littéralement infecté. Au cours du mois d’août 1968, les jeunes branchés de Yorkville deviennent les lépreux de Toronto. Au mois de septembre, il semble évident que le taux d’hépatite à Yorkville n’indique aucunement qu’il y a épidémie – toute la population est contrôlée et on ne découvre que deux utilisateurs de drogues injectables parmi elle. Ce résultat signifie que la maladie est transmise par des aiguilles usagées, et non par les aliments ou l’eau, mais le dommage est déjà fait, et Yorkville ne s’en remettra jamais. Interrogation sur cette période charnière de l’histoire de Yorkville, l’article examine le rôle des médias locaux quant à l’accélération et à la propagation des peurs associée au commencement d'une épidémie d’hépatite qui, en réalité, n’a jamais eu lieu.
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On Fertile Ground: Locating Historic Sites in the Landscapes of Fundy and the Foothills
Claire Campbell
pp. 235–265
AbstractEN:
Since the 1972 National Museums Policy announced its goals of “democratization and decentralization,” national historic sites have been marked by a trend toward regionalization. While scholars have focused on the nationalizing impetus of twentieth-century historiography before 1970, subsequently there have been consistent efforts to incorporate local environmental and cultural diversity into the “family” of national sites. This paper demonstrates this system-wide trend by comparing historic sites in the Bay of Fundy and the Alberta foothills. In both places, designation has evolved from the two-nations narrative of French-English rivalry, in seventeenth-century forts or fur trade posts which could integrate far-flung localities, thereby claiming transcontinental space as national territory. Interpretation now credits local ecological factors with shaping the course of historical events, and acknowledges in situ resources. In addition, Parks Canada has involved groups such as the Acadians or the Blackfoot, whose claims of “homeland” jostle the naturalized Canadian boundaries affirmed by the older national narrative. There are other complications, raised by revisions in public history; notably, these sites continue to play a role in the marketing of place – in a long tradition of using the landscape as an entrée to tourism – and they are not yet conceived in regional groupings.
FR:
Depuis 1972, alors que la Politique nationale des musées annonce ses objectifs « de démocratisation et de décentralisation », les lieux historiques nationaux sont marqués par une tendance vers la régionalisation. Dès lors, grâce à des efforts soutenus pour intégrer la diversité environnementale et culturelle dans la « famille » des lieux nationaux, l’historiographie nationaliste cède la place. Cet article démontre l'existence de cette tendance à l’échelle du système en comparant les lieux historiques de la baie de Fundy et ceux des contreforts de l’Alberta. Aux deux endroits, le processus de désignation et d’interprétation des forts du XVIIe siècle et des postes de traite des fourrures s’est éloigné de la trame de l’histoire des deux nations et du thème de la rivalité entre Français et Anglais, d’une approche qui avait pu inclure de vastes localités et constituer un espace transcontinental en un territoire national. L’interprétation reconnaît maintenant l’influence formatrice des facteurs locaux dans le cours des événements historiques, et elle rend justice aux ressources des lieux. En plus, Parcs Canada fait participer des groupes tels les Acadiens ou les Pieds-Noirs dont les revendications liées à leur terre d’origine bousculent les frontières canadiennes naturalisées et confirmées par l’ancien récit national. Ces révisions de l’histoire appliquée soulèvent d’autres complications; par exemple, ces lieux continuent à jouer un rôle dans la promotion de l’endroit – dans une longue tradition qui consiste à utiliser le paysage comme porte d’entrée au tourisme – et ils ne sont pas encore organisés en groupements régionaux.
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Errata