Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 27, Number 2, 2016
Table of contents (12 articles)
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Canadian History Blogging: Reflections at the Intersection of Digital Storytelling, Academic Research, and Public Outreach
Tina Adcock, Keith Grant, Stacy Nation-Knapper, Beth Robertson and Corey Slumkoski
pp. 1–39
AbstractEN:
This article surveys the impacts of blogging on Canadian historical practice to date. Drawing upon the experiences and practices of five collaborative or multi-author Canadian history blogs — ActiveHistory.ca, The Otter~La Loutre, Findings/Trouvailles, the Acadiensis Blog, and Borealia — it explores how this activity is changing the ways in which Canadian historians tell stories, publish their research, teach, and serve academic and wider communities. Blogging has encouraged new forms of historical storytelling and the inclusion of underrepresented and marginalized voices in public discussions of Canadian historical narratives. It is being integrated into cycles of academic publication and undergraduate and graduate classrooms. Yet challenges remain with regard to determining the place and value of blogging within standard paradigms of academic labour. As more Canadian historians come to read, write for, and edit historical blogs, however, they will not only help shift the practice of Canadian history inside and outside university campuses, but will also experience the pleasures and rewards of this kind of digital historical work for themselves.
FR:
Cet article passe en revue l’impact du blogging dans la pratique historique au pays jusqu’à ce jour. S’inspirant de l’expérience tirée de cinq blogs consacrés à l’histoire canadienne gérés en collaboration – ActiveHistory.ca, The Otter~La Loutre, Findings/Trouvailles, l’Acadiensis Blog et Borealia – il explore comment cette activité a transformé la manière dont les historiens canadiens racontent le passé, publient leur recherche, enseignent et se mettent au service de leur institution et de l’ensemble de la communauté. Le blogging a stimulé de nouvelles formes de narration historique, incluant les voix issues de groupes marginaux et sous-représentés dans les débats publics relatifs à l’histoire canadienne. Il s’est aussi immiscé dans les cycles de la production savante et dans tous les niveaux de l’enseignement universitaire. Malgré cela, de nombreux défis demeurent présents, notamment la place et à la valeur à accorder au blogging eu égard à l’appréciation des performances du travail universitaire. Or par leur inclination croissante à lire et à produire des blogs historiques, non seulement les Canadiens deviendront eux-mêmes les agents de changement de la pratique historique, au sein comme à l’extérieur des campus universitaires, mais ils récolteront une plus grande satisfaction personnelle à s’engager dans cette nouvelle forme de publication numérique.
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Qui a le droit d’écrire l’histoire? Controverses autour de l’histoire de la médecine en France (XXe-XXIe siècle)
Corinne Doria
pp. 41–62
AbstractFR:
Cet article propose une réflexion autour de l’histoire de la médecine en tant que discipline universitaire. Il se focalise notamment sur les débats qui ont lieu en France entre la seconde moitié du XXe siècle et le début du XXIe. Dans un premier temps, il rappelle les principaux courants théoriques de l’histoire médicale jusqu’au tournant épistémologique qui, au milieu du XIXe siècle, oppose les partisans d’une histoire médicale « philologique » aux partisans d’une histoire médicale « héroïque ». La deuxième partie porte sur les débats qui, en France, se développent à compter des années 1950 autour de la légitimité d’une histoire médicale faite par les médecins; cette remise en question fut propulsée par la « révolution des Annales » et le courant d’histoire sociale de la médecine qui s’est formé autour de Jacques Léonard. La troisième partie engage une réflexion sur l’avenir de l’enseignement et de la recherche en histoire de la médecine en France, et souligne la nécessité d’une coopération entre praticiens et spécialistes des sciences humaines et sociales en raison de leurs compétences respectives.
EN:
This article reflects on the history of medicine as an academic discipline. It endeavours to focus on the debates that erupted in France from the second half of the twentieth century to the beginning of the twenty-first century. The first point surveys the main theoretical trends of medical history up to the epistemological turn in the middle of the nineteenth-century, which saw the opposition of the proponents of a “philological” approach to the promoters of a “heroic” medical history. The second point presents the debates that developed in France from the 1950s surrounding the legitimacy of a medical history by medical doctors; this questioning was set off by the Annales Revolution, as well as the historical trend around Jacques Léonard. The third point reflects on the future of the study and the research of the history of medicine in France, highlighting the need for cooperation between practitioners and humanities and social science specialists, thanks to their respective competences.
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Murder and Mutilation in Early-Stuart England: A Case Study in Crime Reporting
Ken MacMillan and Melissa Glass
pp. 63–91
AbstractEN:
Although historians have long recognized that crime pamphlet authors were not very faithful reporters, it has been difficult for them to establish precisely how much fiction this literature contained because of the limited availability of other sources with which to compare them. Using a case study approach, this essay examines two murder pamphlets, both written in 1606, that describe the murder of a young boy, Anthony James, the mutilation of his sister, Elizabeth, and the conviction and execution of their alleged assailants, Agnes and George Dell. The presence of two pamphlets describing the same series of crimes was unusual, and, through a process of detailed comparison and critical interpretation, provides us with an opportunity to reflect further on the accuracy and purpose of crime reporting in early modern England. The two versions contain a great deal of contradictory information, were seemingly written for very different audiences, served a variety of functions for contemporary readers, and raise the question of whether the authors believed that justice was done in this case.
FR:
Les historiens savent depuis longtemps que les auteurs de récits de crime ne rapportaient pas fidèlement les faits, mais il demeure difficile pour eux d’estimer précisément la part de fiction dans ces écrits en raison du manque de sources susceptibles d’en fournir une base comparative. Par une étude de cas, cet article se propose d’examiner deux brochures datées de 1606 relatant le meurtre d’un jeune garçon, Anthony James, la mutilation de sa soeur Elizabeth, de même que la conviction et l’exécution de leurs supposés assaillants, Agnes et George Dell. La coexistence de deux brochures décrivant la même série de crimes est inhabituelle; l’analyse comparative minutieuse et l’interprétation critique de ces récits permettront de poursuivre la réflexion sur les notions d’exactitude et de pertinence dans la couverture des procès criminels en Angleterre à l’époque moderne. Les deux versions contenaient de nombreux détails contradictoires; elles ciblaient de toute évidence des publics fort différents, remplissant une panoplie de fonctions pour les lecteurs contemporains, et, ultimement, soulèvent la question de savoir si les auteurs ont cru, en ce cas, que justice fut faite.
Yanni Kotsonis’s States of Obligation: A Panel Discussion
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Comments for the roundtable on Yanni Kotsonis, States of Obligation: Taxes and Citizenship in the Russian Empire and Early Soviet Republic (Toronto: University of Toronto Press, 2014)
Heather Coleman
pp. 94–100
AbstractEN:
This response to Yanni Kotsonis’ States of Obligation focuses on Kotsonis’ intervention in one of the fundamental questions of Russian historiography, the relationship between state and society. Kotsonis argues that new kinds of taxes (and especially new modes of assessment of those taxes) brought a new kind of citizen into being, one whose relationship with the state was individualized and participatory, but not representative. This commentary acknowledges that Kostonis persuasively demonstrates that state officials used taxation first to identify and then to construct a particular type of citizen. However, it asks whether Kotsonis’ conclusions about a state-centred emergence of the Russian person and of a Russian model of citizenship, anchored in obligations rather than rights, simply reproduces the aspirations of the bureaucrats he studies while underestimating society’s interactions with these processes and its ability to articulate alternatives.
FR:
Cette réponse au livre de Yonni Kotsonis, States of Obligation, s’attarde à la réflexion de l’auteur sur l’un des aspects fondamentaux de l’historiographie russe : à savoir la relation qui existe entre l’État et la société. Kotsonis avance que de nouvelles taxes (et en particulier les nouveaux modes d’estimation de ces taxes) ont créé un nouveau type de citoyen favorisant une participation individualisée et participative, mais non représentative. Ce commentaire reconnaît que Kotsonis démontre de manière convaincante que les fonctionnaires d’État ont utilisé la fiscalité pour identifier, puis construire un certain type de citoyen. Toutefois, il convient de se demander si les conclusions de Kotsonis sur l’émergence de l’individu et d’un modèle de citoyenneté russe basée sur l’État, davantage rivée aux obligations qu’aux droits, ne projettent pas plutôt simplement les aspirations des bureaucrates qu’il étudie, au risque de de sous-estimer d’une part les rapports dynamiques qu’entretien la société avec le processus de fiscalité et, d’autre part, son habileté à formuler des voies alternatives.
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State Capacity in Russia, Past and Present: A Commentary on Yanni Kotsonis, States of Obligation: Taxes and Citizenship in the Russian Empire and Early Soviet Republic
Andrea Chandler
pp. 101–107
AbstractEN:
The author provides a commentary on Yanni Kotsonis, States of Obligation: Taxes and Citizenship in the Russian Empire and the Early Soviet Republic. Many of the challenges of pre-revolutionary taxation, as identified by Kotsonis, continue to exist even today in Putin’s Russia. The country’s large size, unwieldy state and the precarious basis of individual rights continue to make it difficult to establish a cohesive taxation system. At the same time, taxation is dynamic and contested in many states, precisely because it is difficult to balance the complexity of modern taxation with the fair treatment that citizens expect to receive from their state.
FR:
L’auteure offre un commentaire sur States of Obligation: Taxes and Citizenship, in the Russian Empire and the Early Soviet Republic, de Yanni Kotsonis. Plusieurs des défis affectant le système fiscal pré-révolutionnaire, tels qu’identifiés par Kotsonis, existent toujours aujourd’hui, même dans la Russie de Putin. Dans ce pays, l’étendue et la lourdeur de l’État, ainsi que les bases chancelantes sur lesquelles reposent les droits de la personne, continuent de faire obstacle à la mise sur pied d’un système fiscal cohérent. Cependant, la fiscalité est à la fois changeante et contestée dans plusieurs états, précisément parce qu’il est difficile de maintenir l’équilibre entre la complexité de la fiscalité moderne avec le traitement équitable auquel les citoyens sont en droit d’attendre de l’État.
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States of Obligation and the Elusive Rural Citizen
Corinne Gaudin
pp. 108–117
AbstractEN:
This essay opens the discussion of Yanni Kotsonis’ States of Obligation by exploring what implications the book’s arguments about taxation and citizenship have for our understanding of fraught state-peasant relations in the late Imperial and Soviet periods. It argues that in addition to the technocratic, philosophical, and bureaucratic continuities that shaped the Russian/Soviet variant of European modernity, one could add a cultural and temporal conception of citizenship that rendered the peasant an ever elusive citizen.
FR:
Cet essai entame la discussion sur States of Obligation de Yanni Kotsonis, en explorant l’impact que ses arguments eu égard à la fiscalité et la citoyenneté ont sur notre compréhension des rapports complexes qu’entretient l’État avec la paysannerie à la fin de l’époque impériale et à l’ère soviétique. Il fait valoir qu’en sus des aspects technocratiques, philosophiques et bureaucratiques qui ont continué de façonner le passage de la Russie /l’État soviétique à la modernité européenne, on pourrait également évoquer une conception culturelle et temporelle de citoyenneté qui réduit le paysan en un citoyen éternellement insaisissable.
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International and Interpretive Dimensions
Yanni Kotsonis
pp. 118–127
AbstractEN:
The author engages the comments of his colleagues on his book, States of Obligation, and reiterates the international and interpretive dimensions of the monograph.
FR:
L’auteur répond aux commentaires émis par ses collègues sur son livre States of Obligation, en reprenant les dimensions à la fois internationale et interprétative de sa monographie.
Jean Barman’s French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest: A Panel Discussion
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Seeing Themselves: Jean Barman’s French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest as a Resource for the Region’s People
Stacy Nation-Knapper
pp. 130–135
AbstractEN:
Dr. Barman’s award-winning study is a resource to the Indigenous and non-Indigenous people of the Columbia River Plateau and the Pacific Northwest, an environmentally and culturally diverse region that now encompasses two countries, two provinces, three states, and many Indigenous communities. For Indigenous communities of the region, French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest provides an important context of colonialism, global economics, and the complicated nature of cross-cultural encounters. For non-Indigenous communities, the book also encourages an appreciation for the complexities of history often overlooked by celebratory histories of colonization. French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest is a resource in which people see themselves and their families in a complicated, accessible, and inspiring story of the past.
FR:
Le livre lauréat de la professeure Barman, French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest, portant sur une région diversifiée au plan environnemental et culturel et chevauchant aujourd’hui deux pays, deux provinces, trois états et de nombreuses communautés autochtones, représente une ressource pour les Autochtones comme les non-Autochtones du plateau de la rivière Columbia et du nord-ouest du Pacifique. Pour les communautés Autochtones de la région, cet ouvrage ouvre une importante perspective sur le colonialisme, l’économie mondiale et la nature complexe des échanges culturels. Pour les communautés non-Autochtones, il sensibilise les lecteurs à la complexité d’une histoire souvent négligée dans les récits triomphalistes sur la colonisation. French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest se veut ainsi un outil permettant aux populations de se voir, elles et leurs familles, à travers une trame historique à la fois compliquée, accessible et digne d’inspiration.
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“Jean Barman — Vernacular Historian”
Heather Devine
pp. 136–146
AbstractEN:
Over the past year, several excellent new publications focused on the histories of mixed-race French-Canadian communities in western Canada and the Pacific Northwest. Of these books, Jean Barman’s French Canadians, Furs and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest merits special attention, because the author has successfully sought out, and integrated, vernacular voices as historical sources. And for this reason, Jean Barman is sometimes referred to as a “vernacular,” or grassroots historian. What is vernacular history? Is this genre a product of methodology or of one’s worldview? And can a vernacular approach to history help scholars navigate the increasingly politicised environment of indigenous studies? The author reflects on these questions, by sharing some of her personal experiences with Jean Barman that illustrate the complexity of the issues surrounding indigenous historical practice today.
FR:
Au cours de la dernière année, plusieurs nouvelles publications d’excellente qualité se sont focalisées sur l’histoire des communautés canadiennes-françaises métissées de l’Ouest canadien et du nord-ouest du Pacifique. L’un de ces livres, French Canadians, Furs and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest de Jean Barman, mérite une attention particulière en raison du fait que son auteure a recherché et utilisé avec brio des voix « vernaculaires » comme sources historiques. C’est pourquoi on qualifie parfois Jean Barman d’historienne « vernaculaire » ou populaire. Qu’est-ce que l’histoire vernaculaire? Est-ce le produit d’une méthodologie ou d’une vision du monde? En outre, une approche vernaculaire de l’histoire peut-elle aider les historiens à se frayer un chemin dans le champ de plus en plus politisé des études autochtones? L’auteure de l’article, poussant la réflexion dans ce sens, partage avec Jean Barman quelques expériences personnelles pouvant illustrer la complexité des questions entourant aujourd’hui la pratique de l’histoire autochtone.
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Les voyageurs canadiens-français, de Jean Barman
Yves Frenette
pp. 147–152
AbstractFR:
Dans ce court texte, l’auteur porte un regard critique sur la monographie de Jean Barman, une des études les plus importantes à paraître sur les voyageurs qui ont parcouru et se sont établis dans plusieurs aires de l’Amérique du Nord entre 1650 et 1850. Il en montre la richesse documentaire et il insiste sur l’analyse fine que fait Barman de la vie ainsi que de la contribution des voyageurs et de leurs femmes autochtones à l’histoire de la région du Pacifique Nord-Ouest. Il discute aussi de quelques points plus problématiques du livre.
EN:
In this short piece, the author looks critically at Jean Barman’s monograph, one of the most important studies to appear on the voyageurs who have lived and settled in several North American geographical areas between 1650 and 1850. He comments on the documentary richness of the book and Barman’s fine analysis of the life of the voyageurs and their Indigenous wives’ lives and their contributions to Pacific Northwest history. He also discusses a few problematic aspects of the book.
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Some Reflections on Jean Barman’s French Canadians, Furs and Indigenous Women
Bruce McIntyre Watson
pp. 153–157
AbstractEN:
As a coda to Jean Barman’s book, Bruce McIntyre Watson proposes extending her wider definitional embrace of French Canadians to include the early Scots in Canada, particularly those who descended from the eighteenth-century Jacobites who, in Scotland, had allied themselves with the French to provide a bulwark against English dominance. He also advances Jean’s reasons for marginalization and subsequent amnesia of the early French-Canadian fact west of the Rockies squarely on literacy or lack thereof. Although memory of the French-Canadian fact was retained to some degree by First Nations’ oral tradition, he proposes that the early French Canadian/canadien’s failure to present a written record to establish a founding narrative became, for the wider community, an agent of amnesia rather than an instrument of memory.
FR:
En guise de coda à l’ouvrage de Jean Barman, Bruce McIntyre Watson propose d’élargir la définition qu’elle donne des Canadiens français pour y inclure les premiers Écossais en sol canadien, particulièrement les descendants des Jacobites du XVIIIe siècle qui, en Écosse, s’étaient alliés aux Français pour résister à la domination anglaise. Il avance également que les facteurs expliquant la marginalisation de la présence française à l’ouest des Rocheuses – et de la subséquente amnésie à son endroit – se rattachent carrément à littéracie ou, plutôt, à son absence. Bien que la mémoire du fait français fut jusqu’à un certain point conservée dans les traditions orales des Premières Nations, il maintient que l’analphabétisme des premiers Canadiens français, et leur incapacité à rédiger un récit historique fondateur pour l’ensemble de leur communauté, est le véritable agent d’amnésie.
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Response to Roundtable on French Canadians, Furs, and Indigenous Women in the Making of the Pacific Northwest
Jean Barman
pp. 158–166
AbstractEN:
Along with expressing appreciation to the four insightful commentators, this response attends to the two most asked questions respecting the book. Why did you write it? And why did you write a book about us?
FR:
Cette réplique entend remercier les quatre commentateurs pour la pertinence de leurs observations, mais également offrir une réponse aux deux questions les plus fréquemment posées sur mon livre : pourquoi l’avez-vous écrit? et pourquoi avez-vous écrit un livre sur nous?