Abstracts
Résumé
Si le recours à l'éponyme est un procédé de formation de termes très productif dans certains domaines, il reste néanmoins un phénomène très peu étudié par les linguistes et, plus particulièrement, les terminologues qui semblent renvoyer la balle à la logique. D'autre part, à en juger par les invectives fréquentes contre les éponymes, ils n'ont, dans l'ensemble, pas bonne presse chez les utilisateurs de la langue. Cependant, envisagée par rapport à des domaines particuliers, la situation paraît beaucoup plus nuancée. En médecine, par exemple, ils rencontrent beaucoup d'hostilité parce qu'ils sont perçus comme des facteurs perturbateurs de la terminologie du domaine, pour l'essentiel transparente puisque largement fondée sur la composition savante. En histoire naturelle, ils sont plutôt bien intégrés et forment même l'ossature du système binominal de Linné, alors qu'en physique (et en mathématiques), ils ne semblent pas susciter de sentiment particulier. Mais si le procédé se maintient dans ce climat a priori défavorable, c'est d'abord parce qu'il étend considérablement la capacité de dénomination des langues naturelles en mettant à leur disposition tout le répertoire des patronymes en nombre quasi illimité. Son maintien s'explique aussi par le fait qu'il participe au processus de régulation interne de la science en permettant à celle-ci de reconnaître les mérites des siens.
Abstract
Although eponymy has continued to be very productive in the terminology of some domains, it has yet to merit the attention of linguists and, in particular, terminologists who seem to consider it as properly belonging to the realm of logic, much like the proper noun. Furthermore, the general impression of an attitude of near-hostility of language users toward eponymous terms contrasts with the domain-specific welcome that has been reserved for them. In medicine, for example, eponyms have often been greeted with hostility because they are perceived as a destabilising factor in medical terminology, which is in the main based on composition and, therefore, offers some measure of ready intelligibility. In natural history they seem quite at home in the binomial system popularized by Linnaeus whereas in physics (and mathematics) the situation is one of indifference. However, despite what one may still consider as a generally unfavourable climate, eponymy will continue to maintain itself for at least two reasons. First, it significantly extends the naming capacity of natural languages. Second, it plays a central role in the regulatory process of science by providing a means for sharing the spoils of scientific enterprise.
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