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Garcia Barrera, Sebastián (2015) : Le traducteur dans son labyrinthe : La traduction de l’Amadis de Gaule par Nicolas Herberay des Essarts (1540). Soria, Facultad de traducción e interpretación, Vertere, 341 p.[Record]

  • Marie-France Guénette

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  • Marie-France Guénette
    Université de Montréal, Montréal, Canada

García Barrera est maître de conférences en espagnol et en traductologie à l’Université Paris 8. García Barrera est membre de nombreux groupes de recherche dont le Centre d’études et de recherche éditer/interpréter (CÉRÉdl) de l’Université de Rouen, le groupe Cultura, Literatura y Traducción Iber-Artúrica (CLYTIAR) de l’Université de Valladolid en Espagne, et le groupe de recherche en traductologie de l’Université d’Antioquia en Colombie. L’ouvrage est issu de la thèse de doctorat qu’il a rédigée sous la direction du professeur de littérature française Jean-Claude Arnould et défendue à l’Université de Rouen en 2011. Il s’agit d’une analyse historique et descriptive de l’édition française du premier livre de l’Amadis de Gaule traduit de l’espagnol par Nicolas de Herberay, seigneur des Essarts, et paru en 1540. Version écrite d’un roman de chevalerie romain du Moyen Âge, l’original de Garci Rodríguez de Montalvo est paru en 1526, selon le prologue original de Montalvo. Le volume est publié dans la collection « Vertere », chapeautée par la revue Hermēneus de l’Université de Valladolid. Hermēneus existe depuis 1999 et publie des articles scientifiques sur une vaste gamme de sujets traductologiques, dont la traduction technique et littéraire. En présentant ses réflexions traductologiques sur l’Amadis français, García Barrera fait le pont entre le domaine des études littéraires de la Renaissance et celui de la traductologie. D’une grande qualité, le texte et le style d’écriture employé dans la rédaction sont à la fois clairs, rigoureux et concis. García Barrera introduit de manière cohérente et progressive les théories traductologiques, littéraires et historiques dont il se sert pour l’analyse de son corpus. Ce faisant, il vulgarise des notions théoriques complexes et replace l’oeuvre dans son contexte historique et socioculturel, en portant une attention particulière aux pratiques de la traduction autour de 1540 en France. Les exemples clairs donnent aux lecteurs les outils dont ils ont besoin pour déchiffrer l’oeuvre et apprécier le travail du traducteur ainsi que le contexte dans lequel il vivait. García Barrera fait preuve d’une grande rigueur scientifique en présentant un texte cohérent dans lequel les propos théoriques sont entrecoupés d’exemples, ce qui n’empêche pas tout lecteur – même s’il n’est pas expert en traductologie, littérature ou histoire – d’en dégager l’essentiel. La vulgarisation scientifique, souvent peu valorisée dans les publications spécialisées, est à l’honneur ici. L’auteur fait par ailleurs une démonstration réussie des applications de la traductologie dans les études littéraires. Il constate qu’en ignorant l’apport de la traductologie, les études de cas littéraires sont appauvries ou diminuées, notamment parce qu’elles sont contraintes d’accepter des « lieux communs plus ou moins fondés » (p. 17). Le traducteur dans son labyrinthe rejoint les traductologues en les sensibilisant aux questions d’historicité qui sont incontournables pour l’analyse d’un corpus ancré dans le Moyen Âge et la Renaissance. De même, il propose aux spécialistes de la littérature de la Renaissance de nouveaux concepts et démarches théoriques pour leurs recherches en leur offrant un exposé exhaustif des principales réflexions herméneutiques de la traductologie, dont celles élaborées par Antoine Berman. García Barrera fait notamment la démonstration de l’importance d’étudier la place du traducteur, sa « position traductive », son « projet de traduction » et son « horizon », tous concepts mis de l’avant par Berman. Il semble que la traduction de l’Amadis de Gaule de l’espagnol vers le français n’est parfois qu’un prétexte pour étudier l’histoire, ou plutôt l’historicité indissociable de l’acte de traduire. La véritable question que pose l’auteur est « qu’est-ce que la traduction en France en 1540 ? », une question qui, à première vue, peut sembler simpliste, mais qui incite les lecteurs à prendre en …

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