NouvellesNews

Importance de la surveillance des ARN dans les mitochondries d’Arabidopsis thalianaImportance of the monitoring of the ARN in the mitochondries[Record]

  • Sarah Holec and
  • Dominique Gagliardi

…more information

  • Sarah Holec
    Institut de Biologie Moléculaire des Plantes,
    CNRS UPR2357,
    12, rue du Général Zimmer,
    67000 Strasbourg,
    France.
    sarah.holec@ibmp-ulp.u-strasbg.f

  • Dominique Gagliardi
    Institut de Biologie Moléculaire des Plantes,
    CNRS UPR2357,
    12, rue du Général Zimmer,
    67000 Strasbourg,
    France.

Toutes les cellules eucaryotes contiennent des générateurs d’énergie extrêmement efficaces : les mitochondries. Elles proviennent d’un unique événement d’endosymbiose [1]. Et pourtant, même si leurs rôles biologiques sont conservés, elles ont évolué de manière très divergente entre les plantes et les animaux. Cette divergence est particulièrement remarquable dans l’organisation du génome et dans la régulation de son expression. La différence de taille est frappante : alors que celle des génomes mitochondriaux des vertébrés va de 15 à 20 kb et que celle du génome de la levure S. cerevisiae est de 76 kb, la taille des génomes mitochondriaux des plantes varie de 180 kb à 2 400 kb. Cette augmentation de taille n’est pas corrélée à un accroissement de la capacité codante, mais s’explique par la présence de larges régions intergéniques, absentes chez les animaux [2]. En effet, le génome mitochondrial humain est une molécule circulaire double brin, très compacte, avec une seule petite région non codante et sans introns. Au contraire, chez les plantes, le « cercle maître » est plutôt un modèle théorique. De longues séquences répétées permettent des recombinaisons donnant lieu à de nombreuses molécules sub-génomiques circulaires, branchées, ou linéaires. Les gènes sont éparpillés sur ces molécules, avec de grandes régions intergéniques. De plus, les génomes mitochondriaux de plante contiennent des insertions d’ADN étranger viral, nucléaire, chloroplastique ou d’origine inconnue. En conséquence de cette diversité dans l’organisation des génomes, les mécanismes contrôlant l’expression du génome diffèrent remarquablement. Chez l’homme, la transcription est très simple : chacun des deux brins d’ADN est transcrit à partir d’une seule région promotrice, donnant lieu à deux transcrits polycistroniques, qui sont ensuite clivés de part et d’autre des ARN de transfert pour libérer les ARN ribosomiques et messagers. Chez la plante, l’analyse des unités transcriptionnelles est complexe du fait de l’existence de promoteurs multiples ou alternatifs, de nombreux sites de maturation des transcrits précurseurs, de la présence d’introns, de cas de trans-épissage et de l’absence de sites connus de terminaison de la transcription [3]. L’image que l’on peut avoir de la transcription mitochondriale chez la plante est celle d’un processus pour le moins permissif, sans réel contrôle ou régulation. Ce n’est qu’ensuite, par des événements post-transcriptionnels tels que maturation et contrôle de la stabilité des ARN, que s’opère la régulation de l’expression des gènes. Le contrôle de l’abondance de chaque ARN est essentiel pour le fonctionnement correct de la cellule. Il est le résultat de l’équilibre entre la synthèse et la dégradation des ARN. La polyadénylation (ajout d’une série d’adénosines à l’extrémité 3’ d’un ARN) joue ici un rôle crucial. Il est bien connu que les ARN messagers dans le cytoplasme sont protégés et donc stabilisés par une longue queue polyA. Cependant, cela est loin d’être une généralité. Dans la mitochondrie de plante, comme dans la bactérie et dans le chloroplaste, la polyadénylation est un signal qui dirige l’ARN vers la dégradation [4, 5]. La polynucléotide phosphorylase (PNPase) est une 3’-5’ exoribonucléase qui dégrade les ARN polyadénylés. La PNPase mitochondriale d’Arabidopsis thaliana a été caractérisée récemment dans notre laboratoire [6, 7]. Sa sous-expression conduit à l’accumulation de grands précurseurs d’ARN messagers et ribosomiques, qui n’ont pas été maturés. Ces premières études ont révélé que la PNPase était essentielle pour la maturation en 3’ et la dégradation de certains ARN de la mitochondrie [6, 7]. Afin de mieux définir les rôles biologiques de la PNPase, nous avons entrepris une recherche exhaustive des substrats de la PNPase. Près de 300 ARN polyadénylés ont été clonés, s’accumulant dans les plantes qui sous-expriment la PNPase. Ces ARN sont considérés comme des marqueurs de dégradation puisqu’ils …

Appendices