Recensions

From Media Hype to Twitter Storm : News Explosions and Their Impact on Issues, Crises and Public Opinion, sous la dir. de Peter Vasterman, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2018, 401 p.[Record]

  • Christophe Cloutier-Roy

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Comment le processus de production des nouvelles crée-t-il des distorsions entre la réalité et sa représentation dans les médias ? Quelles sont les conséquences de ce qu’on qualifie régulièrement, dans le discours public, d’exagération médiatique ? Ce sont quelques-unes des questions au coeur de l’ouvrage de communication politique From Media Hype to Twitter Storm, paru en 2018 sous la direction du sociologue des médias Peter Vasterman. Cet ouvrage collectif est l’occasion d’approfondir le concept de media hype (qu’on pourrait traduire par « battage médiatique ») mis de l’avant par Vasterman lui-même il y a une quinzaine d’années. Il le définit comme un phénomène trouvant son origine à l’intérieur de la sphère médiatique, qui part d’un événement spécifique primordial donnant lieu à une couverture mur à mur renforcée par le mode de production des médias (p. 20). Le livre s’ouvre avec une préface du spécialiste des communications politiques Hans Mathias Kepplinger, qui souligne que le principal danger d’un media hype est l’ancrage chez le grand public d’une perception erronée de la réalité (p. 13). Dans l’introduction, Vasterman présente ce qui sera une des principales lignes de force de cet ouvrage, soit le rôle démiurgique joué par les médias, qui ne font pas que rapporter les événements, mais créent ou à tout le moins influencent le cours des choses à la suite de l’événement primordial à l’origine du hype (p. 20). Il se réjouit de ce que le phénomène ait généré beaucoup d’études au cours des dernières années, ce dont il fait la démonstration grâce à une éclairante revue de la littérature où sont mentionnés la plupart des collaborateurs du livre collectif. C’est d’ailleurs dans le but de réunir ces auteurs et de mettre en commun leurs différentes approches qu’il a réalisé cet ouvrage (p. 26). Passé l’introduction, le livre se divise en quatre parties comptant chacune quatre chapitres. La première trace les contours conceptuel et méthodologique des media hypes. Dans le chapitre un, le sociologue Marcello Maneri mobilise le concept foucaldien de « formation discursive » (p. 39) et montre comment des media hypes peuvent mener à l’émergence de paniques morales (p. 44). Au chapitre suivant, Wouter van Atteveldt, Nel Ruigrok, Kasper Welbers et Carina Jacobi étudient l’évolution des « déferlantes de nouvelles » (news waves) à travers l’analyse du contenu d’un journal néerlandais entre 1950 et 2014. Cela leur permet d’identifier un mécanisme récurrent de renforcement de ces vagues, qui procède d’une triple logique : intra-médiatique, inter-médiatique et extra-médiatique (p. 64-65). Dans le chapitre trois, Stefan Geiß observe l’absence de méthode standard pour mesurer l’évolution de la couverture d’un enjeu par un média (p. 83-84) et propose une méthode fondée sur l’analyse de quatre variables et de cinq types d’enjeux. Enfin, dans le chapitre quatre, le philosophe Adam Auch s’intéresse aux science hypes, un dérivé des media hypes, qu’il définit comme la couverture médiatique ratée, bâclée ou sensationnaliste d’une découverte scientifique (p. 117). Auch déplore que les science hypes disséminent des informations erronées dans la sphère publique, entretiennent de faux espoirs (et de faux désespoirs) et menacent le lien de confiance entre les scientifiques et le grand public (p. 119). La deuxième partie de l’ouvrage porte sur la mécanique des media hypes. Dans le chapitre cinq, la politologue Anne Hardy s’intéresse au travail des médias lors de ce qu’elle appelle des « tempêtes médiatiques » (media storms) qui sont des moments où le consommateur de médias ne peut pas ignorer une nouvelle (p. 134). Prenant pour étude de cas les attentats de Bruxelles de mars 2016, Hardy a rédigé son chapitre …