Abstracts
Abstract
This paper reports the attempt to extend the theory and method to the organizational structure of occupational interest associations in order to remedy the lacuna in this important area of comparative research namely trade unions and similar bodies.
Résumé
L'article suivant se propose d'étudier les syndicats en tant qu'organismes bureaucratiques ou en voie de bureaucratisation à partir d'un certain nombre de facteurs d'appréciation qui s'appliquent à l'entreprise privée.
À cause de leur origine, de leur caractère d'associations volontaires et de leur place dans la vie sociale et politique, les syndicats se présentent comme un type d'organisation fort complexe. Aussi, s'est-on interrogé pour savoir dans quelle mesure ils pouvaient être bureaucratisés.
Pour déterminer la tendance à la bureaucratisation Weber a aligné les caractéristiques suivantes : division prononcée du travail, tracé distinct des lignes d'autorité, définition précise des fonctions, réglementation impersonnelle, recours à un personnel permanent recruté selon des normes de qualification technique, autonomie des employés dans la sphère de leur compétence, exécution du travail en faisant abstraction de toute opinion et de tout sentiment personnels, obtention assurée de l'avancement au fur et à mesure que progresse la carrière.
Les syndicats ont pu être lents à s'engager dans cette voie, mais la tendance existe, plus ou moins marquée selon l'ampleur des organismes. Suivant Wilensky, la forme la plus apparente de bureaucratisation dans les syndicats consiste dans la spécialisation du travail à tel point qu'un vieux permanent pouvait dire : « Autrefois, je faisais de tout, aujourd'hui, je ne me hasarderais pas à interpréter une convention collective dans un domaine autre que celui qui me concerne ».
À partir de ces préalables, l'auteur a essayé de dégager les caractéristiques maîtresses des association professionnelles et des syndicats en considérant que ceux-ci exercent une activité que peut se comparer avec celles des entreprises ordinaires et que, par conséquent, il était possible de recourir à la même méthodologie. Cette méthodologie, mise au point par D. S. Pugh et ses associés, considère les organisations administratives en regard des cinq aspects suivants : la spécialisation, la standardisation, la formalisation, la centralisation et la configuration.
Parspécialisation, on entend la division du travail à l'intérieur de l'organisation et le partage des responsabilités entre les différentes fonctions ; parstandardisation, le degré auquel on recourt aux techniques de rationalisation du travail ; parformalisation, le degré d'utilisation des communications écrites internes et externes ; parcentralisation, la structure de fonctionnement du processus de décision ; parconfiguration, le contenu de la structure de l'organisation comme le nombre d'employés et le nombre de niveaux au sein de la hiérarchie.
Les principaux résultats de l'étude confirment l'hypothèse que le fonctionnement des groupements s'occupant du secteur des relations professionnelles peut se comparer à celui des entreprises industrielles. Far ailleurs, lorsqu'on compare entre eux les différents types de syndicats (syndicats de métier, syndicats industriels, syndicats de cols blancs) et les associations à caractère strictement professionnel, on découvre qu'ils se différencient surtout par le nombre d'employés. D'autre part, les variantes que l'on observe entre les diverses associations dépendent de leur importance. Plus le nombre des employés est considérable, plus la bureaucratisation est forte.
En considérant les divers aspects énoncés ci-dessus, on se rend compte que le seul qui donne des signes de bureaucratisation plus grands dans les syndicats que dans l'entreprise privée, c'est celui de laformalisation. On peut en conclure que le degré de contrôle des décisions par la direction y est plus grand.
Cette étude a aussi permis à l'auteur de faire un certain nombre de constatations au sujet des problèmes d'administration dans les syndicats britanniques. Il y a découvert que, même si l'administration est généralement à point, on n'y recourait guère, par exemple, aux procédés d'analyse des systèmes, de budgétisation programmée, de planification stratégique, etc.
L'utilisation de ces méthodes scientifiques permettrait aux syndicats de mieux planifier leur activité, d'optimiser l'allocation de leurs ressources, de diffuser à travers la chaine hiérarchique le processus des décisions, d'obtenir une participation plus efficiente des personnes placées à la base de la ligne hiérarchique, de mieux harmoniser les buts recherchés par l'organisme syndical. De même, l'établissement de prévisions budgétaires aiderait les syndicats à faire leur recrutement d'une manière plus systématique, à prévoir leurs besoins futurs en personnel, à mettre en vigueur au besoin un système de formation en milieu de travail.
En réalité, nous n'avons trouvé dans aucun des syndicats auprès de qui l'enquête a été faite d'analyse des systèmes rigoureuse. Si nous avons constaté que, en règle générale, les syndicats sont administrés d'une façon très satisfaisante et qu'on y dépense de fortes sommes à des fins de vérification, les recours à la budgétisation programmée en longue période est à peu près inexistant. Les prévisions budgétaires ne s'étendent pas au-delà d'une année. Pour ce qui a trait à la recherche d'une meilleure utilisation des ressources, même si certains syndicats parmi les plus importants se préoccupent de fournir de meilleurs services à leurs membres, on n'a guère rien entrepris de systématique dans ce sens. C'est la même chose en ce qui touche la planification stratégique. On se rend compte que les secrétaires généraux sont surchargés de besogne et qu'un effort sur ce point devrait être une priorité pour les syndicats. En matière d'analyse coûts-avantages, on n'est pas plus avancé. Sans doute n'est-il pas possible, compte tenu de la nature de l'activité syndicale, d'arriver à des chiffres précis, mais l'utilisation de cette méthode permettrait de « raffiner » un peu celle du bon vieuxpifomètre.
Le recours à ces méthodes scientifiques ne devrait pas d'autre part avoir pour conséquence de saper le caractère démocratique et représentatif des syndicats, mais, au contraire, de le renforcer. Il peut en outre en augmenter leur puissance et accroître le pouvoir de négociation de leurs membres et rendre ainsi plus efficace le syndicalisme. Il est amusant de constater enfin que les syndicats, qui sont si favorables à la planification économique, se soient tellement laissés distancer par les entreprises dans l'organisation et la modernisation de leur propre administration.
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