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Relations au travail, relations de travail, coordonné par François Aballéa et Michel Lallement, Toulouse : Octares Éditions, 2007, 305 p., ISBN : 978-2-9153-4646-6.[Record]

  • Catherine Le Capitaine

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  • Catherine Le Capitaine
    Université Laval

Dans un esprit de sociologie contemporaine, le jeu de mots Relations au travail, relations de travail surplombe les transformations organisationnelles, technologiques et juridiques de l’emploi qui bouleversent tant les rapports au travail que les scènes de régulation. Cet ouvrage collectif, recueillant une série de contributions issues des Xe Journées Internationales de Sociologie du Travail, examine ainsi l’articulation entre les changements dans l’organisation du travail et l’action collective au sein d’une panoplie de pratiques professionnelles. Il se structure autour de six axes d’interrogations centrés sur autant de facettes du monde du travail. Le premier axe, sur le thème Acteurs et action collective dans le travail : quelles figures nouvelles ?, campe les principales transformations en cours qui fragilisent mais également reconfigurent l’action collective dans l’univers du travail. Elles concernent la précarisation de l’emploi qui rend plus improbable le recours à la grève par les intermittents du spectacle (Proust), l’internationalisation centrée sur le développement de la sous-traitance et la pression accrue des clients (Merlin) ainsi que la mobilisation des employeurs autour de la disqualification des pratiques syndicales (Giraud). Ces sources de vulnérabilité, même si elles ne concourent pas à façonner de véritables nouvelles figures, commandent l’ajustement de la représentation collective par l’entremise d’un élargissement de ses actions (par exemple, le renchérissement de la santé au travail présenté par Friedmann) et de la multiplicité de ses formes de coordination (Demazière). Le deuxième thème, intitulé Conflits, négociations et règles de droit, rend compte des effets du renforcement de la régulation individualisée des relations de travail sur les conflits, la négociation et les règles de droit (Saglio). Les auteurs de cet atelier témoignent de la capacité des acteurs à créer une régulation malgré la présence de règles astreignantes. À cet effet, l’activité d’encadrement dépeinte par Mispelblom-Beyer est le « coeur des luttes pour la cohésion sociale » (p. 80). Le cas du travail pénitentiaire, quant à lui, décrit la tension entre la rationalité sécuritaire et le rapport au travail des détenus (Guilbault). Ou encore, les pratiques locales de négociation collective ont permis le reclassement des emplois de la sidérurgie italienne durant les années 1950-1960 et une nouvelle légitimité du syndicat (Ricciardi). En somme, même si l’évolution incessante des changements rend éphémère la régulation inventée (Gaglio et Roblain), la portée du niveau individualisé n’épuise ni le conflit, ni la négociation. De même, les règles de droit rapportées aux conflits et aux négociations, plutôt qu’à la seule domination patronale, favorisent une plus grande compréhension de la dynamique et de la diversité des régulations (p. 64-67). Les contributions du troisième axe, portant sur Les relations de travail entre résistance et détournement, toutes issues du secteur des services, débutent par la mise en évidence de l’intensification des rationalisations industrielles et de la préoccupation de la qualité de service (Buscatto). Face à cette modernisation gestionnaire, instigatrice de tensions organisationnelles et personnelles, les illustrations de subversion et de détournement des règles par les salariés sont multiples. Ainsi, les intervenants éducatifs non diplômés usent de stratégies pour valoriser leurs compétences et leur position professionnelle en s’investissant dans des parcours de formation (Bigote). Ou encore, les caissières d’un hypermarché respectent insidieusement la directive de l’employeur en intensifiant leur rythme de travail au détriment de la satisfaction du client, deux principes difficilement conciliables (Bernard). Rimbert, quant à lui, met de l’avant les tensions entre les valeurs officielles promues par une institution de retraite et la dénonciation des inégalités de traitement. Quant à la disponibilité requise dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, elle se contourne par l’obtention d’un meilleur aménagement des horaires (Testenoire). Face à l’individualisation du rapport …