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L’expression de la violence des femmes est encore peu étudiée de nos jours. Même si depuis quelques années on assiste à l’évolution de la délinquance féminine, les femmes ne sont pas nombreuses à recourir à des comportements violents. Généralement, les comportements violents dans lesquels elles sont impliquées ont très souvent une dimension affective. Les violences sont généralement commises dans la sphère familiale. Ainsi, il s’agit le plus souvent de violences exercées à l’égard du conjoint ou de la conjointe, de leurs enfants ou des tiers.

De plus, le rapport au corps est singulier chez la femme puisqu’il noue fondamentalement la question de l’identité, en particulier autour de la procréation et de la maternité. La violence du passage à l’acte surgi très fréquemment au moment où le contexte affectif et les liens sont menacés, voire entamés par une situation de séparation ou de violences. Situations réactivant un profond sentiment d’impuissance en lien avec ce qui a particulièrement marqué la trajectoire de ces femmes en termes de carences affectives, éducatives, et leur histoire infantile émaillée de ruptures et traumatismes.

Les comportements violents peuvent être considérés comme des solutions auto calmantes permettant à la personne d’éviter l’effondrement psychique. Étant donné les faiblesses dans les capacités de mentalisation, certains comportements violents s’avèrent des tentatives d’élaboration psychique ou encore une forme d’appel à l’aide. Au moment d’une hospitalisation, de l’incarcération (ou de toute prise en charge institutionnelle), ces femmes s’interrogent sur leur histoire infantile et familiale. Celle-ci étant souvent marquée par la disqualification affective et narcissique dans leurs parcours de l’enfance à l’âge adulte ; de femmes et de mères.

Ainsi, il est essentiel de ne pas nier ou même dénier la violence exercée par les femmes en poursuivant l’exploration clinique et la mise en place de recherches sur les enjeux psychiques de femmes auteures de violences. Ce numéro thématique appréhende les différentes formes de violence exercées par les femmes en lien avec le vécu d’expériences traumatiques (la femme en tant que victime qui prend la position active d’auteure de violence), le rapport à la maternité, l’inceste et l’effondrement psychotique.

Dans ce numéro thématique, les textes proposés ont pour objectif un approfondissement de la compréhension clinique de femmes auteures de comportements violents. Le choix de présenter des études effectuées à partir de cas cliniques ou d’un petit groupe de femmes s’imposait pour ce numéro thématique afin de cerner les liens entre la théorie, la recherche et la compréhension clinique des violences féminines.

Bonne lecture et réflexions à toutes et tous.