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Préoccupé de cerner plus étroitement que ce n'est souvent le cas le concept même de corporatisme, cet essai en propose une définition opératoire susceptible de réserver cette notion aux seuls projets sociaux globaux qui s'appuient sur une restructuration à base de domination directe qui fasse l'économie des appareils d'État parlementaires ou les contourne en un fascisme de type étatique. Conçue en vue de cerner la forme spécifique de corporatisme que l'on connut au Québec au cours des décennies trente et quarante surtout et dont l'Action libérale nationale, le Bloc populaire, de même que d'autres mouvements politiques de moindre envergure sont directement tributaires, cette étude applique ce concept on ne peut plus politique à l'École sociale populaire de Montréal dont un des éléments forts du discours était de dire son corporatisme social et non politique. Elle tente également de cerner les origines cléricalistes de cette idéologie de classe marquée d'une conjoncture économique de crise, en même temps que d'une tentative hégémonique de prise 'en charge directe de la superstructure idéologique/politique, à travers une nouvelle articulation de la reproduction sociale large qui fasse régner politiquement la petite bourgeoisie clérico-intellectuelle, oriente l'économie locale vers cette forme de « restauration sociale » et asservisse le syndicalisme « national » à cette nouvelle direction politique de la société civile. En cela même, l'École sociale populaire et ses associés intellectuels se révèlent avoir été à l'origine d'un projet corporatiste aussi remarquable, pour le Québec, que ne l'ont été les fascismes catholicistes de l'Europe de l'Ouest dans la période qui précéda la Seconde Guerre mondiale, corporatisme dont les racines nationalistes utopistes effleurent encore la scène politique québécoise actuelle.