Comptes rendus

Jacques Lacoursière, Histoire du Québec racontée par Jacques Lacoursière, Québec, Septentrion, 2002, 196 p.[Record]

  • Marie-Josée Verreault

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  • Marie-Josée Verreault
    INRS Urbanisation, Culture et Société.

Jacques Lacoursière est reconnu comme l’un des meilleurs vulgarisateurs de l’histoire du Québec. Avec son style bien particulier, il invite à revisiter celle-ci en l’agrémentant d’anecdotes et de commentaires amusants qui illustrent magnifiquement les particularités de l’époque. Auteur de nombreux ouvrages dont la célèbre Histoire populaire du Québec, en quatre tomes, ainsi que Canada-Québec, 1534-2000, écrit en collaboration avec Jean Provencher et Denis Vaugeois, Jacques Lacoursière demeure un incontournable pour qui veut s’initier à l’histoire du Québec. Ses talents de raconteur ont pu être constatés sur les ondes de la première chaîne de Radio-Canada. L’ouvrage est une synthèse qui émane d’un ensemble de travaux de l’auteur et d’une connaissance approfondie du Québec. En onze chapitres, il a relevé le défi de décrire l’évolution de la société québécoise sans oublier aucun des grands événements qui ont fait le Québec d’aujourd’hui. La division des chapitres s’explique tout d’abord par la chronologie des événements et aussi par les changements soit géographiques, soit de mère patrie, mais toujours sous l’angle du politique. La position de l’auteur est de chercher les fondements des choix politiques que la société québécoise est sans cesse appelée à faire. L’histoire permet à une collectivité de se définir et son rôle consiste à lui faire prendre conscience de son passé. Dans cet ouvrage, on apprend comment le fait français a réussi à survivre. Le chapitre initial illustre les difficultés liées à la colonisation et évoque les raisons du conflit avec les Iroquois. La première de ces raisons était essentiellement politique et concernait l’appropriation du territoire. La seconde était d’ordre commercial et avait pour objet la traite des fourrures. Ce conflit avec les Iroquois engendra par la suite un nouveau différend entre Français et Anglais qui débuta dans la mère patrie et se transposa ici, puis le peuplement devint l’axe central ; cela se confirma par l’arrivée des filles du Roi et par l’incitation financière à une famille nombreuse. Progressivement, on voulut franciser les Amérindiens, entreprise qui connut certaines difficultés ; Jacques Lacoursière saisit ici l’occasion de rappeler la remarque savoureuse de Marie de l’Incarnation : « On fait plus facilement un Sauvage avec un Français que l’inverse. » (P. 27.) La possession réelle d’un territoire suppose l’occupation effective. Deux pays, soit la France et l’Angleterre, s’affrontent pour un territoire. La France envoie moins d’effectifs militaires en Nouvelle-France à cause de la guerre dans son pays et l’Angleterre y voit l’occasion de s’implanter davantage en prenant possession du territoire. Ce que confirme la signature du Traité d’Utrecht. On s’identifie comme Canadien à partir de 1630. Et comment les Canadiens se différencient-ils de plus en plus des Français ? Tout d’abord par leur style de vie très apparenté à celui des Sauvages mais également par leur langage légèrement différent de celui des Français. Le chapitre quatre retrace plusieurs tentatives pour sauvegarder la spécificité canadienne-française qui se concrétisent par la mise en place de fortifications à Québec et à Montréal ainsi que par la volonté de développer le commerce local. Ces réussites seront suivies de plusieurs échecs jusqu’à la capitulation de la Nouvelle-France. Commence alors la première vague d’assimilation, à travers l’organisation du nouveau régime politique qui impose un nouveau code de lois. Dès les premières lignes du sixième chapitre, on a une idée du climat de l’époque à travers l’écrit d’un dénommé Anglicanus qui déclare : « Cette province est déjà une province trop française pour une colonie britannique. […] Mon grief est contre le résultat inévitable du développement inutile de la langue française dans un pays où une politique de bon sens requiert sa diminution plutôt que sa …