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Cet ouvrage collectif, sous la direction de Robert Bernier, professeur de marketing gouvernemental et politique à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP), réunit dix-sept contributions originales portant sur le fonctionnement de l’État fédéral et sur la gouvernance de l’espace économique canadien. Vingt-deux auteurs ont contribué à l’ouvrage, dont dix-sept affiliés à l’ÉNAP. Cette affiliation institutionnelle donne le ton de l’ouvrage, « très ÉNAP ». Cela n’est pas une tare, mais cela nous apprend d’entrée de jeu qu’il ne s’agit pas d’un livre de géographie (ma première impression à cause du titre), mais d’un ouvrage où les disciplines dominantes sont la science politique, l’économie et la gestion.

Par « très ÉNAP », je veux dire des textes généralement sobres, solides et factuels, dans la tradition des grands mandarins de l’État québécois. La France a ses énarques, nous avons nos énapiens. Quelques textes à saveur plus polémique se sont glissés dans l’ouvrage, comme l’étrange plaidoyer de Filip Palda en faveur de la démocratie directe, mais pour la grande majorité il s’agit de contributions qui cherchent davantage à informer qu’à convaincre. L’ouvrage est organisé sous forme thématique. La couverture est presque encyclopédique. Ainsi, on y trouvera, à titre d’illustration, des contributions portant sur les transports, l’eau, la politique étrangère canadienne, la santé, les Autochtones et les sociétés publiques de l’État canadien. Les sujets et les auteurs sont trop nombreux pour tous les traiter dans cette courte recension ; je m’excuse à l’avance auprès des contributeurs qui ne sont pas nommés ici.

Chaque chapitre thématique vise à présenter l’état des lieux à l’aide, souvent, de nombreux tableaux et figures, en mettant l’accent sur le rôle de l’État fédéral, mais avec un regard particulier sur le Québec. Ainsi, Emmanuel Nyahoho présente un portrait actualisé, solidement documenté, du commerce international du Canada, l’évolution des avantages comparatifs, et les enjeux pour la politique commerciale canadienne. Le chapitre de Jean-Thomas Bernard sur l’énergie propose une bonne synthèse de la place du Canada comme pays producteur d’énergie et sur la politique énergétique canadienne. Gérard Divay (avec Taulant Dedja) trace un portrait exhaustif de la place des municipalités dans le régime fédéral canadien. D’autres contributions sont plus difficiles à situer, comme celle de Jean-Luc Migué et Gérard Bélanger sur la convergence interrégionale des revenus dans une économie intégrée (le Canada, en l’occurrence). Les auteurs y livrent leur message, prévisible pour qui connait leurs écrits, sur l’inutilité des interventions de l’État, que ce soit en matière de développement économique ou de promotion de la langue française.

Dans le dernier chapitre, Robert Bernier présente les résultats d’un sondage CROP réalisé en 2009 sur la perception des Québécois à l’égard de l’État fédéral, sous forme de trente-deux tableaux. Les conclusions générales de l’ouvrage, ensuite, se présentent sous forme de résumés des dix-sept chapitres. Devant la richesse des contributions, on aurait souhaité que le directeur de l’ouvrage en profite pour terminer avec une réflexion plus globale sur la gestion de l’espace économique canadien et les défis du lien fédéral, une occasion manquée. C’est dommage.