Comptes rendus

Léon Robichaud, Harold Bérubé et Donald Fyson (dir.), La gouvernance montréalaise : de la ville-frontière à la métropole, Montréal, Éditions MultiMondes, 2014, 173 p. (Coll. Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM, 15)[Record]

  • Winnie Frohn

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  • Winnie Frohn
    Département d’études urbaines et touristiques, Université du Québec à Montréal
    frohn.winnie@uqam.ca

Dans ces années où il est beaucoup question du statut et des pouvoirs des municipalités au Québec, et particulièrement de Montréal, il est important, voire essentiel, d’avoir une perspective historique. Ce livre permet de faire le point sur les recherches concernant l’histoire des institutions politiques de Montréal et le contexte politique et social. Il dresse un excellent bilan de nos connaissances actuelles et constituera une source d’inspiration pour les recherches à venir. L’ouvrage démontre également l’absence relative d’une approche historique en regard de l’évolution de la gouvernance à Montréal. Accessible et agréable à lire, ce livre plaira non seulement aux spécialistes, mais également à toute personne intéressée par l’histoire de Montréal. En effet, les enjeux qui y sont analysés sont encore d’actualité, qu’il s’agisse du rôle de la métropole, notamment en regard des relations avec les autres paliers de gouvernement et les municipalités environnantes, mais aussi de beaucoup d’autres aspects de la vie urbaine, tels les infrastructures, le patrimoine, la fiscalité, la participation citoyenne et même la prostitution. On est tenté de conclure que ces problématiques sont toutes déjà présentes dès l’arrivée des Français. Le livre serait un excellent point de départ pour une démarche néo-institutionnaliste visant à suivre les parcours de dépendance (path dependency) ou l’évolution des cadres de référence (Lecours, 2002). Les textes, issus d’une journée d’étude tenue en avril 2012, couvrent la période d’avant l’arrivée des Français jusqu’en 2010, en se concentrant surtout sur les années qui suivent la fondation de Ville-Marie en 1642 jusqu’à l’an 2000. Les neuf chapitres, d’une longueur d’entre dix et dix-sept pages, offrent un contenu varié, un bon survol de la littérature, souvent étayé par des sources primaires et agrémenté de plans, photographies et autres compléments d’information. Ainsi, certains textes se basent sur l’analyse de documents officiels (lois, procès-verbaux) tandis que d’autres proposent avant tout une relecture de recherches originales. Certains chapitres sont plutôt descriptifs tandis que d’autres contiennent des discussions sur la notion de gouvernance, par exemple, et se réclament d’approches comme le matérialisme. Le but est d’illustrer le rôle de la gouvernance locale à Montréal à travers le temps dans les domaines du développement économique, de l’environnement et plus particulièrement de la santé ou du social, souvent sous l’angle de la « moralité ». On y retrouve des exemples pour illustrer la vie quotidienne à Montréal à différentes périodes et même, sur un autre plan, les stratégies utilisées par les acteurs. Respectant un ordre chronologique, quelques chapitres sont consacrés à des sujets plus spécifiques tels les réseaux techniques de l’eau, le rapport corporel des citadins à leur milieu de vie, le zonage, le patrimoine, mais toujours avec pour objectif de cerner l’évolution de la gouvernance à une certaine époque. Les objectifs du livre sont clairement indiqués dans l’introduction : « Sans ignorer certains acteurs incontournables de la scène montréalaise, nous avons souhaité faire le point sur les préoccupations récurrentes ou sporadiques des autorités, sur la tension entre l’autonomie locale et le contrôle central, et faire découvrir l’apport d’acteurs méconnus de l’administration […] mais surtout de dégager de nouvelles perspectives de recherche… » (p. 2). Les directeurs expliquent aussi le sens qu’ils veulent donner au terme « gouvernance » qu’ils préfèrent au terme gouvernement. En choisissant « gouvernance » ils adhèrent à l’idée que ce n’est pas uniquement les gouvernements qui créent des politiques et pratiques de la ville mais également les autres acteurs de la société. En cela ils suivent les réflexions de Le Galès (1995). De leur côté, les différents auteurs de chapitres utilisent ce terme dans un sens plus ou moins restreint. Certains chapitres …

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