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Depuis les dix dernières années, on a établi un diagnostic très sévère à l’endroit de l’école, accusée de performances médiocres au regard des sommes d’argent importantes investies. C’est dans ce contexte que la formation des enseignants constitue un enjeu des réformes éducatives à travers le monde. Au Québec, les nouvelles orientations ministérielles en matière de formation à l’enseignement constituent un pas décisif vers la professionnalisation de la formation des enseignants.
Ce contexte socio-politique fait figure de toile de fond de cet ouvrage collectif. Celui-ci est destiné aux différents acteurs du monde de l’éducation (syndicats et associations professionnelles, enseignants, administrateurs scolaires, formateurs universitaires), réunis à l’occasion de deux colloques qui portaient sur les programmes de formation à l’enseignement primaire et secondaire.
Un premier chapitre de cet ouvrage est d’abord consacré à une analyse des travaux les plus importants sur la formation des enseignants. À travers leur parcours argumentatif, les auteurs montrent clairement le changement de paradigme marqué par le passage d’un modèle traditionnel de formation, dans lequel recherche et formation constituent deux univers cloisonnés, à un modèle de formation axé sur la professionnalisation, dans lequel la pratique devient le centre de gravité, à titre de lieu d’expérience générateur de savoirs, savoir-faire, etc. Au terme de leur parcours, les auteurs évoquent les promesses de cette nouvelle approche de formation, formulent un certain nombre de conditions liées à sa réussite et, enfin, discutent de ses limites.
Les deux parties qui suivent ont pour but de mettre en relief les principaux changements entraînés par l’implantation des nouveaux programmes de formation à l’enseignement primaire et secondaire dans certaines universités québécoises. Trois grandes questions constituent le fil conducteur de ces parties :
Quel a été, dans chaque institution, le processus d’élaboration des programmes de formation à l’enseignement primaire et secondaire : ses acteurs, ses moments forts et ses contraintes, ses aboutissements ?
Comment les orientations ministérielles se sont-elles traduites en cours et activités de formation, approches pédagogiques et modes d’évaluation des compétences ?
Quels sont les principaux changements induits par l’implantation des nouveaux programmes au cours de l’année : dans les contenus, dans le temps alloué à chacun des champs (formation disciplinaire, pédagogique, didactique, pratique) et dans les approches et les pratiques de formation et d’évaluation des compétences ?
En conclusion, les auteurs soulignent que si tous les espoirs sont permis à la suite de ce tournant décisif, il reste un grand défi à relever, celui de l’évaluation des compétences des futurs enseignants et des modalités pour y parvenir.
Fort éclairant, cet ouvrage permet au lecteur de se construire une représentation claire des problèmes, des enjeux et des défis posés par cette nouvelle orientation axée sur la professionnalisation de l’enseignement. On ne peut qu’encourager la recherche empirique en ce domaine pour répondre aux questions mises au jour par les auteurs.