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Un livre grand public, comme le dit la couverture ? Pas vraiment. Le style et la forme thèse de doctorat adoptés répondent aux exigences du milieu universitaire. Il ne s’agit pas d’un style ni d’une forme répandus, surtout pas dans le grand public. L’entrée en la matière (le chapitre 1), par l’analyse des concepts fondamentaux que sont le mythe, l’utopie et l’idéologie, est difficile à lire et théorique, pour qui est peu familier avec cette exigence de raccrocher le travail de thèse à des concepts théoriques. Même un lecteur intéressé devra faire plus d’une lecture pour s’y retrouver. Un lecteur intéressé par l’histoire de l’olympisme ou le moindrement curieux d’en connaître plus sur ce sujet se régalera de l’histoire de l’olympisme antique et moderne (chapitre 2 et 3) qui fait suite à cette analyse des concepts. Cette partie historique s’avère des plus intéressantes, car elle est ancrée dans le contexte sociologique et politique de l’époque décrite. On y apprend, par exemple, l’existence de Jeux panhelléniques qui se composaient des Jeux d’Olympie, des Jeux pythiques, isthmiques et néméens où les athlètes prêtaient serment, devant la statue de Zeus, de respecter ses lois. L’auteur décrit également plusieurs manifestations sportives du type Jeux olympiques tels que nous les connaissons. Autre fait intéressant : dans la Grèce antique, selon l’auteur, les cités-États participant à ces différents jeux n’hésitaient pas à acheter les services de champions. Parfois insatisfaits de leur employeur, ces derniers n’hésitaient pas, semble-t-il, à offrir leurs services à d’autres villes. Pas si nouveau que ça, la surenchère pour les services d’un athlète et les caprices de vedettes ! L’olympisme moderne et son fondateur Pierre de Coubertin occupent une place importante dans cette section historique. Tout comme l’histoire des jeux en Grèce antique, l’histoire de l’olympisme moderne révèle des faits intéressants. Ainsi, l’intention première de Coubertin aurait été la réforme de tout le système éducatif français et cette réforme passait par l’adoption du modèle sportif anglais. Comme ce modèle associe, selon de Coubertin, le savoir à la pratique physique, il est tout à fait semblable à l’éducation antique grecque, dont la manifestation la plus importante était les Jeux d’Olympie. De là venait son intérêt, sa passion pour la renaissance des Jeux olympiques.
La première partie du livre aurait pu se conclure sur une synthèse autour des trois concepts de mythe, utopie et idéologie pour aider le lecteur à mieux saisir en quoi les jeux olympiques antiques et modernes sont ancrés dans ces concepts. Ce n’est pas le cas. J’étais loin d’être convaincu, comme l’écrit l’auteur au début de la seconde partie, que l’olympisme peut donc se caractériser par trois concepts distincts : l’utopie, l’idéologie et le mythe. Cette seconde partie du livre, vraiment collée au style et à la forme de la thèse, m’est apparu beaucoup moins intéressante. Pennac nous donne le droit de ne pas finir un livre et le droit de sauter des pages. Vous êtes intéressé par l’histoire des jeux olympiques ? Lisez ces chapitres. Vous rédigez un travail de recherche ? Sautez des pages et passez aux résultats. Vous avez aussi le droit de relire.