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Embrassant la pensée de Becker sur l’interactionnisme social et s’appuyant sur la théorie de la structuration de Giddens, l’évaluation formative des apprentissages est vue ici comme une coconstruction de sens en continu entre les enseignants et les élèves. Morrissette s’intéresse avant tout au sens que donnent les enseignantes à l’évaluation formative et, conséquemment, aux logiques qui sous-tendent leurs actions. De plus, cet ouvrage aborde les pratiques de l’évaluation formative de manière globale, sans les parcelliser en fonction d’un objet spécifique comme la rétroaction. À ce titre, et c’est là l’une de ses qualités, l’auteure se place en marge de plusieurs recherches sur le sujet, en privilégiant une approche globale et en explorant les multiples facettes de l’évaluation formative.

Les manières de faire l’évaluation formative des apprentissages sont présen- tées selon deux logiques. La première est descriptive et permet de structurer les pratiques en trois zones – manières de faire partagées, admises et contes- tées – constitutives d’une carte du territoire de l’évaluation formative. La seconde logique propose un élargissement conceptuel pour chacune de ces zones, favorisant la prise en compte de liens entre l’évaluation et les considérations sociales qui agissent sur sa mise en oeuvre. En trame de fond, deux dimen- sions servent de point d’appui tout au long de l’étude : les manières de définir la situation des élèves face aux apprentissages et les manières de soutenir les apprentissages.

Thèse adaptée en volume, l’ouvrage s’adresse avant tout aux chercheurs intéressés par les pratiques d’évaluation au primaire, qu’elles soient formatives ou non. Il nous apparaît toutefois utile et pertinent également pour les enseignants désireux de réfléchir sur leur pratique évaluative. Ils pourront puiser dans le panorama des écrits et dans les résultats quelques éléments théoriques centrés sur la pratique continue de l’évaluation. En revanche, bien que le sujet reste centré sur les pratiques d’évaluation des apprentissages, les enseignants y trouveront peu d’outils pédagogiques concrets, puisque tel n’est pas le but de l’étude.

Parmi les éléments positifs de ce volume, notons le vocabulaire recherché et une écriture bien ficelée. Sous l’angle du contenu, l’auteure justifie bien ses choix de recherche (modes d’investigation, analyses, etc.) et s’appuie sur une vaste recension qui couvre le domaine de l’évaluation formative sous toutes ses formes. Cependant, un détail (est-ce le choix de l’auteure ou de l’éditeur et quelles en sont les raisons ?) agace : les caractères trop petits nuisent à la lecture et les notes de bas de page, nombreuses, sont presque illisibles. Enfin, le lecteur prendra note que les résultats et la discussion se retrouvent sous les chapitres qui décrivent les registres d’analyse.

Bien qu’il concerne l’ordre d’enseignement primaire, cet ouvrage contribue de façon pertinente au domaine de l’évaluation des apprentissages, et cela, peu importe le niveau d’études.