AnnexeLa traduction latine de la harangue de Henri III aux États Généraux de 1576 par Benoît de Flandrois[Record]

Nous donnons à la suite le fac-similé de la traduction latine de la harangue de Henri III aux États Généraux de 1576 que Benoît de Flandrois fit paraître au début de l’année suivante, à Paris, chez l’imprimeur du roi Federic Morel. C’est assurément lors de ces États Généraux de 1576 que Henri III acquit la réputation durable de roi éloquent. La harangue qu’il prononça, rédigée par Jean de Morvilliers , fit sensation auprès de l’auditoire, non pas tant en raison du texte lui-même que de la maestria dont fit preuve le roi en rendant le discours avec la voix et les gestes appropriés, c’est-à-dire avec une parfaite maîtrise de l’actio oratoire. Alfonso Giananelli, témoin de l’apothéose oratoire du roi, estimait d’ailleurs que la version imprimée risquait de ne pas rendre justice à son éloquence, dans la mesure où les paroles prononcées avec grâce lui acquirent une réputation telle que la version écrite ne pourrait en donner la pleine mesure . Parmi les nombreux témoignages sur ce moment fort de l’éloquence politique sous l’Ancien Régime, celui de Guillaume de Taix, député du clergé, offre assurément l’éloge le plus vibrant de la force de persuasion du roi et de son aptitude à susciter les passions chez ses auditeurs, parce que l’orateur royal donne l’impression de les éprouver lui-même : Le roi prononça son discours le 6 décembre 1576. Dès la fin de l’année, le texte original français fut publié par divers imprimeurs dans tout le royaume. Benoît de Flandrois, médecin à Gap et député du Tiers État, fut le premier à traduire la harangue en latin, et cela, dès le 15 décembre, d’après la date de l’épître dédicatoire adressée à Guillaume d’Avançon de Saint-Marcel, archevêque d’Embrun et député du clergé. Dès le 1er janvier suivant, Antoine Favre, juge-mage à Bourg-en-Bresse, acheva une seconde traduction latine, dédiée à Charles d’Humières, seigneur de Bray, qui fut publiée au début 1577, à Paris, chez Denys Du Pré. Ces traductions visaient sans doute un triple objectif : premièrement, investir le succès rhétorique du dernier Valois du prestige symbolique de la langue latine ; deuxièmement, restaurer l’image de Henri III auprès de ses sujets de Pologne, où, durant son court règne, il avait fait piètre impression, étant incapable de maîtriser le latin, la langue politique de cette république aristocratique ; troisièmement, diffuser l’exploit rhétorique du dernier Valois auprès de l’opinion publique étrangère, et en particulier auprès des cours d’Espagne et d’Angleterre, intéressées au premier chef par les guerres civiles françaises. Par ailleurs, l’épître dédicatoire de Benoît de Flandrois fournit un éclairage intéressant sur les dons oratoires de Henri III, comparé aux plus grands orateurs de l’Antiquité et assimilé à l’Hercule gaulois . Elle révèle également la visée de cette traduction latine : permettre à ceux qui connaissent mal le français de constater la sagesse et l’éloquence du roi. Nous proposons une traduction française de cette dédicace à la suite de cette notice. Enfin, le lecteur soucieux de comparer le latin avec l’original français pourra aisément consulter le le fac-similé, disponible dans la bibliothèque numérique Gallica, de l'édition parisienne publiée par Jean de Lastre : Harangue prononcée par le Roy en l’assemblée generale de ses Estatz, en la ville de Bloys, le Jeudy sixiesme jour de Decembre 1576. Je me suis efforcé de rendre en latin la harangue bien digne d’être connue de tous, que le Roi de France et de Pologne prononça sous l’inspiration divine aux États Généraux de Blois, devant les trois ordres du peuple de France tout entier. Cependant, il s’agit moins d’une traduction latine servile et tatillonne, que d’une transposition libre …

Appendices