Abstracts
Résumé
Les iles Ehotilé émergent de la lagune Aby, au Sud-est de la Côte d'Ivoire. Elles ont été érigées en Parc National, sur l’initiative du peuple Ehotilé, initiative soutenue par des manifestions de sa religion traditionnelle. Dans une perspective de mise en place d’un système de cogestion de ce Parc, une première analyse des fondements sociaux et culturels, contribuant à la conservation des ressources naturelles est en cours. Ainsi, cette étude, volet d’une enquête ethnobotanique dans quatre villages Ehotilé, montre que, chez les Ehotilé, certains aspects de la religion traditionnelle (la fonction du Komian, le culte du Nyango et les lieux sacrés), ont un impact perceptible sur la conservation des espèces végétales. Malgré les mutations qu’elle subit face aux pressions sociales, cette religion est encore vivace chez les Ehotilé et ne saurait être, à notre avis, occultée dans la mise en place d’une politique de cogestion du Parc National des Iles Ehotilé.
Mots-clés:
- Religion traditionnelle,
- Ehotilé,
- Ressources floristiques,
- conservation,
- Parc National des Iles Ehotilé
Abstract
Ehotilé Islands emerge from the Aby lagoon, in the South-east Côte d'Ivoire. There were established to National Park on the Ehotilé people’s initiative, supported by their traditional religion demonstrations. In a perspective of a co-management of this park, a first analysis of social and cultural foundation contributing to the conservation of natural resources is taking place. Thus, this work is a part of an ethnobotanical survey led in four Ehotilé villages. It shows that some aspects of Ehotilé religion (the function of Komian, the worship of Nyango and the sacred sites) have a perceptible impact on the conservation of plant resources. Despite the changes due to social pressures, this religion is still alive among Ehotilé people, and in our view, cannot be glossed over in the implementation of a policy of co-management of the Ehotilé Island National Park.
Keywords:
- Traditional religion,
- Ehotilé,
- floristic resources,
- conservation,
- Ehotilé Island National Park
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Appendices
Remerciements
Merci au Centre de Recherche en Ecologie qui a mis à notre disposition les moyens matériels pour la réalisation de cette étude. Nos sincères remerciements aux Professeurs Véronique Duchesne (Anthropologue, spécialiste des religions traditionnelles du monde Akan (Centre d’études des mondes africains, CNRS), Dominique Juhé-Beaulaton (Historienne), Claude-Hélène Perrot (Historienne, spécialiste du peuple Ehotilé) pour le temps consacré à la lecture du manuscrit et surtout, pour leurs suggestions pertinentes et constructives.
Biographie
Malan D. F. est Assistant au Département de Botanique de l’UFR des Sciences de la Nature de l’Université d’Abobo-Adjamé et Chercheur Associé au Centre de Recherche en Ecologie de ladite Université. Il est titulaire d’un Doctorat (thèse unique) en Gestion et Valorisation des Ressources Naturelles de l’Université d’Abobo-Adjamé ; thème : « Utilisations traditionnelles des plantes et perspective de cogestion des aires protégées de Côte d'Ivoire : cas du Parc National des Iles Ehotilé ». Principal champ de recherche : Ethnobotanique (étude des stratégies paysannes de gestion des ressources naturelles pour une cogestion des aires protégées). Programme en cours : phytopratiques en désuétude autour du Parc National des Iles Ehotilé et dans l’aire linguistique Anyi (Est de la Côte d'Ivoire).
Notes
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[1]
Quelques cas similaires sont connus en Amérique du Nord (Parc National de Vuntut et Gwaii Haanas National Park Reserve au Canada), en Amérique latine (Wirikuta Sacred Natural Site au Mexique, Kaa Iya Del Gran Chaco National Park en Bolivie). En Afrique, le Katavi National Park (Tanzanie) fait partie des rares exemples.
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[2]
S’écrit souvent « éotilé »
-
[3]
RP Godefroy LOYER (1714). Relations du voyage au Royaume d’Yssiny, Côte d’Or, Païs de Guinée, en Afrique. <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86203n>
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[4]
Comme Duchesne (1996), nous préférons les termes akan de Boson et Komian à ceux de « génie » et « féticheur » qui ne rendent pas comptent de toute la profondeur des réalités locales. Le terme de Komian peut se traduire par « possédé-devin-guérisseur-initié au culte des boson ».
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[5]
Après le passage du prophète Koudou Jeannot dit Gbahié, en 1985, Perrot sonnait (presque) le glas de la religion traditionnelle éhotilé (voir Perrot, 1988b).
-
[6]
Il s’agit d’une sorte de sanctuaire quadrangulaire abritant la « puissance » du prophète. Il servait de lieu d’office à ses adeptes et surtout de lieu de jugement des « sorciers ».
-
[7]
Contrairement à ce qu’a écrit Polet (1983 et 1988), le Dracaena de Nyamouan est bien Dracaena fragrans et non D. arborea.
-
[8]
RP Godefroy LOYER (1714). Relations du voyage au Royaume d’Yssiny, Côte d’Or, Païs de Guinée, en Afrique. P.274
-
[9]
Il nous a été autorisé une seule visite, loin du coeur de la forêt où sont exposés les objets cultuels. La visite de l’île sacrée Boson Assoun ne nous a pas été accordée.
-
[10]
Selon Perrot (1988a), ce songe eut lieu en 1952.
-
[11]
Il s’agirait vraisemblablement d’un Okoubaka (Okoubaka aubrevillei), arbre sous lequel rien ou presque ne pousse.
-
[12]
Groupe ethnique du Nord-est de la Côte d'Ivoire.
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